dissertation Misanthrope

« Dissertation sur le Misanthrope de Molière La comédie du Misanthrope tient une place particulière dans l’œuvre Moliéresque.

« On y rit constamment dans l’âme » écrit Donneau de Visé dans sa lettre sur le Misanthrope. Alceste ne se prête pas à la condamnation sans équivoque d'un Tartuffe et la pièce n'est pas une comédie de caractère.

Dans la société du XVIIe siècle, reposant sur des valeurs de sociabilité et de civilité, la misanthropie n'est pas un vice ridicule traditionnel.

La réception de l’œuvre au fil des siècles témoigne de l’ambiguïté de sa signification.

Dans cette comédie, le rire est le lien social réunissant une société de fats autour du portrait satirique de l'absent du jour.

Si on rit du personnage d'Alceste c'est parce qu'il se refuse obstinément à suivre les règles de cette comédie sociale.

Ce décalage fait du personnage un objet de comédie et relève pour Boris Donné d'un procédé fondamentalement burlesque ou héroï- comique.

Proche de la réception romantique du texte, le critique voit chez le misanthrope la résignation stoïque du héros de tragédie devant la fatalité.

Fatalité dont le décor est l'univers vil de la comédie en tant que reflet du monde réel.

Le mode d'action d'Alceste constitué selon la norme tragique idéale échoue à corriger le monde.

Cependant, le censeur n’échappe pas à la satire et Alceste personnage éminemment théâtrale alimente le comique et provoque le rire des rieurs comme du spectateur.

L’ambiguïté de ce rire, moins franc que celui dont est victime Orgon, ne tient-elle pas au caractère réfléchissant d'une pièce interrogeant le bien fondé et le pouvoir même de la scène comique ? Nous verrons dans un premier temps qu'Alceste se rattache à la posture morale du héros de tragédie prit au piège d'une comédie sociale vicieuse dénoncée par la comédie théâtrale. Cependant, le satirique de l’œuvre n’échappe pas à la satire et la posture morale extravagante du misanthrope est l'expression de son humeur et de son amour propre aux désirs de domination. Enfin, le décalage particulier de l’œuvre tient bien au caractère réfléchissant d'une pièce, véritable méta-comédie, interrogeant les raisons d’être du rire et le rôle de la scène comique. En effet, le personnage d'Alceste par bien des égards tend à correspondre au modèle classique du héros de tragédie.

A l'image du héro racinien, il semble dans un premier temps coupable dans son égarement passionnel pour la coquette Célimène mais innocent dans son aspiration absolue à la sincérité.

Alceste souffre, l'amour chez lui tient de la folie et il est difficile pour le spectateur de ne pas avoir pitié, l'une des émotions recherchée par la tragédie, du personnage.

Le misanthrope s'adresse à la fatalité dans de longues plaintes lucides « Je sais que sur les vœux on a point de puissance/ Que l'amour veut partout naître sans dépendance./ Que jamais par la force on n'entra dans un cœur.

».

Le pathétisme du personnage tient à cette incapacité à transiger ou à fléchir son amour au nom de ses. »