Dissertation entièrement rédigée sur Les Fausses confidences de Marivaux
Publié le 18/03/2024
Extrait du document
«
Dissertation : Heureux stratagème
Marivaux a intitulé une autre de ses pièces L'Heureux Stratagème (1733).
En quoi le
stratagème, fondé sur des méthodes a priori négatives comme la ruse et la manipulation, peut-il
pourtant s'avérer avantageux ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur vos
connaissances sur Les Fausses Confidences de Marivaux, mais aussi sur les autres extraits de pièces
proposés dans le Parcours « Théâtre et stratagème ».
(ndlr : les titres des œuvres sont ici soulignés, malgré les conventions typographiques - vs manuscrites-, pour
rappeler aux élèves que ces titres doivent être soulignés - sans guillemets- en écriture manuscrite).
Sur une copie de bac, dans le corps de copie, sur la première
ligne, indiquer le sujet choisi :
Commentaire
ou
Dissertation
Amorce :
la figure
du valet
§ML§-AP
annonce
partielle
§ML§
$pain =
argument
$
La figure du valet est un archétype de la comédie théâtrale,
qui évolue au fil des époques.
De Scapin à Figaro, le valet de comédie
entretient avec ses maîtres des rapports ambigus, teintés, à des
degrés variables, de dévouement amical ou d’insolence de caste.
A
mi-chemin entre Molière et Beaumarchais, Pierre Carlet, plus connu
sous le nom de Marivaux, ne renâcle pas à mettre en scène des valets
ingénieux et rusés.
C’est le cas du personnage de Dubois dans la
comédie Les fausses confidences, recréée sous ce titre modifié en
1738 par les Comédiens-Italiens, adeptes de la commedia dell’ arte.
Dans cette pièce, le valet et fin stratège Dubois orchestre une série de
pièges et de ruses, pour octroyer une issue favorable aux sentiments
amoureux éprouvés par ce dernier envers Araminte, une bourgeoise
riche et veuve, qui répondra in fine favorablement aux assiduités du
beau et pauvre jeune homme.
L’amour finit par triompher, mais au
prix de multiples pièges et manipulations.
C’est pourquoi l’on peut se
demander quels sont les avantages procurés par le stratagème, en
dépit des moyens peu recommandables utilisés.
Afin de répondre à
cette problématique, nous constaterons dans un premier temps que le
stratagème repose sur une forme de mensonge.
Dans un second
temps, nous observerons que la ruse permet de faire émerger
certaines vérités.
Enfin, nous remarquerons que le théâtre lui-même
constitue une forme d’heureux stratagème.
En premier lieu, il convient de constater que les ruses et
complots impliquent de recourir à des moyens négatifs, et
notamment à une forme de mensonge, qui n’est guère une vertu.
En effet, le travestissement de la vérité s’avère être un levier
essentiel pour assurer le succès de l’entreprise.
Les fausses
confidences révélées par Dubois à Araminte dans la scène 14 de l’acte
I sont certes de vraies confidences, puisque les sentiments amoureux
de Dorante sont réels.
Mais leur formulation hyperbolique et
faussement dénonciatrice est biaisée : prétendre que « c’est un
démon que ce garçon-là » (acte I, scène 14) est une manœuvre
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Du valet à
Marivaux
#mot-clé#
résumé des
enjeux de la
pièce
#mot-clé#
1e partie
2e partie
3e partie
Sauter
2 lignes
#mot-clé#
#mot-clé#
#mot-clé#
#mot-clé#
§ML§
§ML§
CP =
répondre
au sujet
Transition
fallacieuse, pour confronter la riche veuve au choix inconfortable de
renvoyer ou non son bel intendant, et donc d’assumer son propre
penchant.
C’est la déformation de la vérité qui permet au stratège de
pousser ses pions.
La ruse est par définition insincère.
Les
personnages de Marivaux sont souvent des menteurs : dans La
fausse suivante (1724), le personnage principal est une femme qui se
fait passer pour un chevalier.
Le futur mari lui confie ses pensées les
moins avouables sans savoir qu’il s’adresse à sa future épouse.
$La
mise en place d’un stratagème implique de mentir.$
De plus, $les objectifs de la manœuvre ne sont nullement
avoués$ : la ruse s’appuie nécessairement sur un mensonge par
omission.
De fait, il serait impossible à Dorante, à cause des
conventions sociales, de déclarer tout de go sa flamme à Araminte, car
une telle union constituerait une entorse aux bons usages.
Dans un
stratagème, les intentions sont cachées.
C’est le cas du personnage
Don Salluste, qui dans Ruy Blas de Victor Hugo (1834), se garde bien
de révéler à son valet le but final du complot, qui est de
compromettre l’honneur de la reine.
L’hypocrisie, la dissimulation ou
la simulation orientent les stratagèmes vers la manipulation et l’abus
de pouvoir, dynamiques fort peu vertueuses.
Enfin, le stratagème peut également cacher la vérité au
spectateur.
La « grande brune très piquante » (I, 14) évoquée par
Dubois pour susciter la jalousie d’Araminte existe-t-elle vraiment ? De
même, une autre prétendante, invoquée par Monsieur Rémy, et qui
proposerait quinze mille de rente, n’est-elle pas inventée ? Le
stratagème permet à l’auteur de jouer avec les incertitudes du
spectateur.
Dans La visite de la vieille dame (1955), l’auteur
Dürrenmatt n’informe pas les spectateurs que c’est la vieille dame qui
a racheté toutes les usines.
Il arrive donc parfois que le spectateur luimême soit plongé dans l’ignorance.
Il s’agit là encore d’une forme de
mensonge, utilisé par l’auteur pour manipuler son public.
Il est donc indéniable que les manœuvres diligentées par le
stratège reposent sur les moyens fort peu recommandables du
mensonge et de l’illusion.
Le stratagème est fondé sur des méthodes négatives, comme la
ruse et la manipulation.
Cependant, il comporte également l’avantage
de dévoiler certaines vérités.
En deuxième lieu, il faut reconnaître que le complot permet,
paradoxalement, de faire émerger un certain nombre de vérités.
D’abord, le stratagème s’avère avantageux pour révéler une
personnalité.
Dorante est dirigé par le sournois valet : mais sa
timidité, son humilité, et par conséquent, la légitimité de ses
sentiments, sont justement valorisées par la faiblesse de son
opposition aux plans machiavéliques de Dubois.
De même, toutes les
manipulations orchestrées par Dubois permettent de mettre à jour les
ridicules motivations de Madame Argante, qui « serai[t] charmée
[elle-même] d’être la mère de madame la comtesse Dorimont » ( acte
I , scène 10).
Le stratagème est donc, paradoxalement, au service de
la vérité, en révélant les turpitudes des opposants.
Dans La farce de
Maître Pathelin, farce anonyme du XVème siècle, le stratagème
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$pain =
argument$
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argument$
$pain =
argument$
$pain =
argument$
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argument$
CP
enseigné au berger par l’avocat, ruse qui consiste à bêler au lieu de
parler, se retourne contre Maître Pathelin : on s’aperçoit que le berger
est finalement plus malin qu’il n’y paraît.
Le stratagème est donc non
seulement avantageux, mais vertueux, puisqu’il permet de dévoiler
la vérité des personnages.
En outre, la ruse permet également de révéler des valeurs
morales positives.
Les intentions du fieffé bandit Dubois sont au final
louables, car il agit par amitié pour Dorante, bien qu’il ne soit plus à
son service.
On voit ici que la manipulation rend service aux qualités
morales que sont la générosité et l’altruisme.
Dans Roméo et Juliette
(1597), Shakespeare utilise le stratagème de la potion, pour
démontrer que Juliette préfère l’amour au respect de sa famille.
De
même, Araminte préfère l’amour aux conventions sociales qui....
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