dissertation les fausses confidences, marivaux

« Les mensonges jouent un rôle majeur et important dans la comédie d'intrigue : sans eux, l'action ne connaîtrait pas de rebondissements, ni d'évolution.

L'amour et le mensonge sont des sujets qui réapparaissent à maintes fois au sein de la littérature classique.

Ici, l'amour est décrit comme les sentiments que l'on peut porter à l'égard de quelqu'un d'autre, nous faisant agir afin de pouvoir obtenir la réciprocité de ce que l'on ressent pour cette personne.

Cet amour peut naître aussi de mensonges et de "fausses confidences".

Ainsi, la comédie Les Fausses Confidences du dramaturge Marivaux nous en fournit un bon exemple.

Dans cette comédie d'intrigue de Marivaux, Dorante, jeune homme ruiné, est amoureux de la jeune et belle veuve Araminte, dont il devient l'intendant.

L'astucieux Dubois, ancien valet de Dorante désormais au service d'Araminte, multiplie les menées et les mensonges afin de servir son ancien maître.

Dubois ment constamment à Araminte dans le but de l'amener à voir clair en elle.

Le mensonge n'est donc pas abordé ici sous l'angle moral, mais sous celui de son efficacité, de sa pertinence dans une stratégie de révélation amoureuse, permettant donc à Dorante de parvenir à ses fins : conquérir le cœur d'Araminte.

Serait-il possible que les Fausses Confidences soit une démonstration de mensonges et de manipulation de l'amour permettant de mettre en scène le jeu de l'amour et du mensonge ? Afin de répondre à cette problématique, nous étudierons dans un premier temps, les mensonges dévoilant une vérité affective au sein de cette comédie.

Ensuite, nous verrons le dévoilement difficile de la vérité et de l'amour caché dans une seconde partie, puis dans une troisième et dernière partie, nous montrerons le jeu entre vérité et mensonge mis en scène dans cette comédie.

Presque tous les personnages des Fausses Confidences mentent soit consciemment soit inconsciemment dans la pièce, car ils ont tous été manipulés par Dubois.

Cependant, tous ne mentent pas de la même façon, certains mensonges sont de fausses affirmations, d'autres sont faits par omission, d'autres encore proviennent de postures ou d'attitudes contrefaites.

On a à faire dans cette œuvre à de multitudes de plans : Dubois qui pense que Dorante doit épouser Araminte, M.

Remy qui souhaite que Marton se marie avec Dorante, ou encore Mme Argante qui veut que Araminte épouse le Comte.

De tous ces mensonges, ceux de Dubois et de Dorante sont les plus importants parce qu'ils régissent l'intrigue principale et qu'ils poussent Araminte à prendre conscience de ses sentiments et de la vérité qu'elle se voile à elle-même.

Femme indépendante et qui ne craint pas la société d'hommes de son époque, Araminte n'a aucune raison de prêter une attention quelconque à Dorante : il est plus jeune, c'est un bourgeois ruiné et actuellement son employé.

Tous les stratagèmes de Dubois consistent donc à la forcer à voir plus loin au sujet de Dorante qu'un simple intendant.

Aussi Dubois lui raconte un roman d'amour dont elle est l'héroïne, depuis six mois, Dorante est littéralement fou d'amour (Acte I, 14).

Araminte se découvre adorée par Dorante, plein de charme.

Si l'amour de Dorante est réel, la description qu'en fait Dubois est toutefois trop beau pour être vraie, donnant l'impression que l'amour de Dorante à son égard n'est que purement fictif.

Son mensonge relève d'une stratégie pour capter l'attention d'Araminte.

Dans ses comédies Le Menteur (1644) et La suite du Menteur (1645), Corneille utilise la même technique : le personnage principal s'invente un passé militaire glorieux pour impressionner les femmes qu'il courtise.

Cependant, attirer l'attention d'Araminte ne suffit pas.

Entre elle et Dorante, les grandes différences sociales ne peut que porter chez elle de l’hésitation à l'épouser, ce serait incompréhensible de sa part alors que le Comte représente un beau parti, lui apportant donc un titre de noblesse dans la société.

Pour vaincre ces préjugés, Dubois recourt à des mensonges indirects en faisant intervenir M.

Remy, qu'il manipule à sa guise.

Une veuve encore jeune et déjà très riche, prétend-il, souhaite épouser Dorante (Acte II, 2).

Devant Araminte, celui-ci rejette énergiquement une telle offre.

Ce stratagème invite implicitement Araminte à considérer Dorante comme un parti convenable pour une femme haut placé comme elle. Dans la comédie classique, le stratagème vient au secours de l'amour sincère (ici celui de Dorante pour Araminte).

En effet, dans l'Avare de Molière (1668), Valère multiplie les ruses afin de conquérir Elise, malgré le désaccord de son père.. »