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Commentaire composé: Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes.

Publié le 15/05/2020

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« Commentaire composé: Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes. Je descendais déjà les dernières marches de mon belvédère (1) préféré quand une apparition inattendue m'arrêta,dépité et embarrassé : à l'endroit exact où je m'accoudais d'habitude à la balustrade se tenait une femme.

Il étaitdifficile de me retirer sans gaucherie, et je me sentais ce matin-là d'humeur particulièrement solitaire.

Dans cetteposition assez fausse, l'indécision m'immobilisa, le pied suspendu, retenant mon souffle, à quelques marches enarrière de la silhouette.

C'était celle d'une jeune fille ou d'une très jeune femme.

De ma position légèrementsurplombante, le profil perdu se détachait sur la coulée de fleurs avec le contour tendre et comme aérien que donnela réverbération d'un champ de neige.

Mais la beauté de ce visage à demi dérobé me frappait moins que le sentimentde dépossession exaltée que je sentais grandir en moi de seconde en seconde.

Dans le singulier accord de cettesilhouette dominatrice avec un lieu privilégié, dans l'impression de présence entre toutes appelée qui se faisait jour,ma conviction se renforçait que la reine du jardin venait de prendre possession de son domaine solitaire.

Le dostourné aux bruits de la ville, elle faisait tomber sur ce jardin, dans sa fixité de statue, la solennité soudaine queprend un paysage sous le regard d'un banni; elle était l'esprit solitaire de la vallée, dont les champs de fleurs secolorèrent pour moi d'une teinte soudain plus grave, comme la trame de l'orchestre quand l'entrée pressentie d'unthème majeur y projette son ombre de haute nuée.

La jeune fille tourna soudain sur ses talons tout d'une pièce etme sourit malicieusement.

C'est ainsi que j'avais connu Vanessa.

[Introduction] Dans ses oeuvres, Julien Gracq, auteur contemporain, a souvent mis en scène l'attente.

Un balcon en forêt s'achève ainsi sur l'attente trompée du personnage : « j'avais attendu que quelque chose arrive, j'avais fait dela place pour quelque chose ».

Or cet extrait s'ouvre sur un événement, une « apparition inattendue ».

Cetexte évoque une rencontre, scène du premier regard échangé. Le récit nous offre donc une description détaillée de I'« apparition », dans une atmosphère poétique. [Un texte narratif, ou le récit d'une rencontre] Ce récit rétrospectif est aussi un moment privilégié au cours duquel le personnage exprime ses sentiments.

Lesindications temporelles qui organisent le texte témoignent de sa qualité de récit : « déjà », « quand », «ce matin-là», « soudain ».

De plus, le système des temps est celui de l'alternance imparfait-passé simple, caractéristique du récit : «Je descendais [...]quand une apparition inattendue m'arrêta ».

Le plus-que-parfait de la dernière phrase insiste en outre sur l'aspectachevé de l'action.

Le narrateur qui prend en charge le récit est également le personnage principal, ce narrateurtémoin peut ainsi, grâce à l'emploi de la première personne, nous faire partager ses sentiments, ses émotions. Ce texte possède une tonalité expressive, il est un lieu d'épanchement pour le narrateur, qui revit avec le lecteurcette rencontre.

Il lui fait d'abord partager son désarroi : il est « dépité et embarrassé».

Il emploie des tournures quiont pour objectif de préciser sa pensée, tout en marquant le fait que ce n'est pas la formule exacte : « le contourtendre et comme aérien » du profil de la jeune fille, par exemple.

De plus, sa vision des choses est totalementsubjective, et il ne s'en cache pas : « les champs de fleurs se colorèrent pour moi » ; ce sont ses propressensations qu'il nous fait partager. Ce récit à la première personne est donc la rétrospective d'une rencontre passée et met en relief les émotions, lepoint de vue du narrateur-personnage.

Cet élément a d'autant plus de valeur que c'est ici la scène d'une premièrerencontre, et du premier regard.

Or, si la découverte de la jeune inconnue est développée, si la description estparticulièrement détaillée, la rencontre à proprement parler est très fugitive : « La jeune fille se tourna tout d'unepièce et me sourit malicieusement.

C'est ainsi que j'avais connu Vanessa.

» Ce phénomène est caractéristique del'écriture de Gracq : le personnage féminin est longuement détaillé, mais il ne se sait pas observé.

Il apparaît aérien,nous le verrons, et redevient terrestre lorsque le premier regard, le premier mot, sont échangés : le charmemystérieux semble rompu, le personnage est contraint de sortir de ses pensées, de sa façon de percevoir larencontre, pour se heurter à la réalité.

Il faut pour comprendre ce mécanisme analyser le développement de ladescription. [Un texte descriptif] Le texte s'organise dans l'espace, en évoquant une « apparition inattendue » dans un « lieu privilégié ».

Les limitesde la description sont clairement marquées : « une apparition inattendue m'arrêta » ouvre le passage d'observation.« La jeune fille tourna soudain sur ses talons » le ferme.

Tout le long, des indications spatiales jalonnent le texte etorganisent sa progression : le belvédère indique d'emblée que la jeune femme occupe une position de domination, cequi sera confirmé dans la suite du texte. Le narrateur se tient un peu en retrait, « à quelques marches en arrière de la silhouette ».

Il occupe une « position légèrement surplombante », lui permettant d'observer la jeune fille et son environnement.

Celle-ci asymboliquement « le dos tourné aux bruits de la ville », elle devient un « esprit solitaire », et son regard est. »

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