Blue Origin peut-elle transformer l'espace en un marché ?
Publié le 17/05/2025
Extrait du document
«
.Les entreprises comme Blue Origin peuvent-elles transformer l’espace en marché
introduction
L’espace, longtemps considéré comme une frontière ultime pour les explorations humaines, a
toujours été un domaine étroitement contrôlé par les puissances étatiques.
Depuis la guerre froide,
les grandes missions spatiales ont été dominées par les États-Unis et l’URSS, avant d’être
supplantées, dans les années 2000, par l’émergence de nouveaux acteurs : les entreprises privées.
Parmi celles-ci, Blue Origin, fondée par Jeff Bezos, est l’une des plus emblématiques.
En visant des
objectifs comme le tourisme spatial, l’exploitation des ressources lunaires, ou le transport orbital,
l’entreprise incarne un changement radical dans la manière dont l’espace est appréhendé et utilisé.
La question fondamentale que soulève cette évolution est : les entreprises comme Blue Origin
peuvent-elles transformer l’espace en marché ? Autrement dit, l’espace, jusqu’à présent domaine
réservé aux puissances publiques et à la coopération internationale, est-il en train de se transformer
en une nouvelle sphère économique, gouvernée par les logiques du marché, de la rentabilité et de la
concurrence ? Ce tournant annonce-t-il un changement irréversible dans les rapports entre l’État, le
secteur privé et l’espace, ou est-ce une tendance passagère qui pourrait se heurter aux réalités
juridiques, politiques et environnementales ? Dans cet exposé, je vais examiner les multiples
dimensions de cette question : d’abord, en analysant les avancées de Blue Origin et son rôle dans la
privatisation de l’espace ; ensuite, en étudiant les enjeux géopolitiques, environnementaux et
juridiques liés à cette évolution ; et enfin, en réfléchissant aux possibles régulations et défis qui
pourraient en découler.
Blue Origin incarne l'arrivée d'une logique de marché dans l'espace
La première dimension de ce phénomène est l'évolution technologique.
Blue Origin n’est pas
simplement une entreprise privée qui veut envoyer des humains dans l’espace ; elle révolutionne la
manière même dont l’espace est conçu comme une sphère d’activité économique.
L’un de ses
projets phares, la fusée New Shepard, est une fusée suborbitale réutilisable.
Contrairement aux
lanceurs traditionnels, qui sont utilisés une seule fois, cette réutilisabilité permet de réduire
drastiquement les coûts de lancement, et donc de rendre l’accès à l’espace plus accessible.
En
théorie, cela pourrait ouvrir la voie à des vols commerciaux réguliers, qu’il s’agisse de tourisme
spatial, de transport de satellites ou d’autres services.
Cette évolution technologique s’inscrit dans une dynamique de rentabilisation des activités
spatiales.
La logique n’est plus uniquement scientifique ou militaire, mais de plus en plus
commerciale.
Blue Origin, comme d'autres entreprises du secteur, propose de vendre des services
spatiaux à d’autres entreprises et même à des particuliers.
Le tourisme spatial, que l’entreprise
développe déjà avec succès, est un marché en forte croissance, même si aujourd’hui encore limité à
une clientèle très élitiste.
Un exemple récent de tourisme spatial est la mission NS-31 de Blue
Origin, lancée le 14 avril 2025.
Cette mission a transporté un équipage entièrement féminin, dont la
pop star Katy Perry et la journaliste Gayle King, à bord de la fusée New Shepard.
Le vol, d'une
durée de 11 minutes, a atteint l'altitude de 106 km, offrant aux passagers une expérience en
apesanteur.
Cette mission a mis en lumière l'inclusivité dans le tourisme spatial.
Les prix des billets
pour un vol suborbital varient autour de 500 000 dollars, mais ce marché a le potentiel de se
démocratiser avec le temps, comme cela s’est produit pour d'autres industries, comme l’aviation ou
l’automobile.
De plus, Blue Origin est impliquée dans des projets qui dépassent la simple exploration touristique
ou scientifique.
L’entreprise travaille également sur l’exploitation des ressources spatiales, un
secteur qui pourrait transformer radicalement l’économie de l’espace.
Par exemple, le projet Blue
Moon envisage l’envoi de rovers sur la Lune pour préparer l’exploitation de ressources comme
l’hélium-3, un isotope qui pourrait alimenter des réacteurs nucléaires de fusion, ou même de l’eau.
Ce genre de projet pourrait voir l’espace devenir un marché d’approvisionnement pour des
ressources rares, avec des applications dans l’industrie terrestre et dans le secteur énergétique.
Une marchandisation de l'espace : enjeux géopolitiques, juridiques et
environnementaux
L’arrivée des entreprises privées dans l’espace n’est pas seulement une transformation économique :
elle soulève aussi des enjeux géopolitiques considérables.
D’abord, la conquête spatiale,
historiquement dominée par des États comme les États-Unis et la Russie, a toujours été un outil de
puissance.
Aujourd’hui, ce rôle stratégique est en partie repris par des acteurs privés comme Blue
Origin.
Ces entreprises ne se contentent plus de collaborer avec les États ; elles deviennent des
acteurs à part entière de la stratégie spatiale, influençant les décisions concernant la gestion de
l’espace, la militarisation de l'orbite, ou la politique des ressources.
Prenons l’exemple de la concurrence entre Blue Origin et SpaceX (d’Elon Musk).
Les deux
entreprises se disputent des contrats avec la NASA, mais aussi des projets de missions lunaires et
d’envoi d’humains sur Mars.
Si SpaceX semble plus médiatisée avec son projet Starship, Blue
Origin n’en est pas moins un acteur majeur, surtout en termes de recherche et développement de
technologies de lancement.
Cette compétition montre bien que l’espace devient un terrain de jeu
pour de grandes entreprises privées, capables de redéfinir les priorités géopolitiques des États.
Sur le plan juridique, la privatisation de l’espace soulève des questions fondamentales.
Le traité de
l’espace de 1967, signé par la majorité des nations, stipule que l’espace est un domaine d’usage
commun et qu’il ne peut être approprié par un État.
Mais ce traité ne mentionne pas les entreprises
privées.
Si la logique capitaliste s’impose dans l’espace, qu'en est-il de la souveraineté ? Peut-on
permettre à une entreprise comme Blue Origin de revendiquer des droits sur des ressources lunaires
ou des astéroïdes ? Ce vide juridique pourrait conduire à des conflits de propriété entre pays et
entreprises privées.
D’un point de vue environnemental, la privatisation de l’espace soulève des préoccupations
majeures.
L’une des premières conséquences de l’augmentation des lancements de fusées, c’est
l’augmentation de la pollution atmosphérique et de l’émission de gaz à effet de serre.
En outre, la
multiplication des satellites commerciaux génère des débris spatiaux, qui représentent une menace
croissante pour les autres satellites et pour les missions humaines.
Ces débris spatiaux pourraient
rapidement rendre certaines orbites inutilisables.
Si ces risques ne sont pas maîtrisés, la logique
purement marchande pourrait précipiter des désastres environnementaux dans l’espace.
Vers un nouvel équilibre entre intérêt privé et bien commun spatial ?
Face à ces bouleversements, il devient crucial....
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