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BACHELARD ou La vigilance de la veille par Martin Chodron de Courcel

Publié le 17/06/2020

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« Naissance d'un philosophe Si toute l'œuvre de Bachelard tend à éliminer les mauvaises séductions du pittoresque (dans la pédagogie en particulier), en revanche toute sa vie semble en être envahie. De la Champagne natale à la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève à Paris, du débit de tabac à la Sorbonne, la vie de Bachelard c'est, après l'enfance rêveuse, l'administration des Postes qu'il ne quittera, au lendemain de la guerre, qu'à l'âge de 35 ans pour l'enseignement secondaire. Professeur à Bar-sur-Aube, il enseigne alors la physique et la chimie. Et puis brusquement, à 36 ans, il décide de commencer des études de philosophie, qui en quelques années le mèneront au professorat à la Faculté des Lettres de Dijon. Puis ce sera la Sorbonne. Personnage légendaire à la longue barbe blanche, de son pays plus que de son métier, lecteur infatigable, écrivain de premier ordre, Bachelard est l'auteur de deux sortes de livres : ouvrages philosophiques sur l'esprit scientifique et ouvrages philosophiques sur l'homme imaginant. Cette diversité dans les intérêts ne saurait masquer cependant la profonde unité de l'œuvre qui peut être envisagée comme une anthropologie, une étude de l'homme complet, de « l'homme des vingt-quatre heures ». La loi des trois états Toute la philosophie de Bachelard est commandée par une conception de la science qui a pour tâche d'en souligner le devenir historique. La science cela signifie d'abord le savoir, c'est-à-dire un corps de doctrines dont la rationalité profonde peut être instable. Voilà pourquoi Bachelard préfère parler de la pensée scientifique lorsqu'il s'agit de la raison constituée ou de l'esprit scientifique pour évoquer la raison constituante. Or, cette pensée scientifique n'apparaît pas dans l'histoire en une émergence brutale et sous la forme d'un devenir constitué une fois pour toutes. L'histoire de la science, de son avènement, est une aventure qui se fait en trois étapes, chaque étape définissant un état spécifique de la pensée scientifique, exprimant ainsi un âge particulier de celle-ci. Reprenant très librement une périodisation empruntée à Auguste Comte (cf. la « loi des trois états », p. 115) — mais philosopher pour Bachelard n'est-ce pas utiliser librement les doctrines philosophiques ? — Bachelard distingue trois grandes périodes : — Première période : l'état préscientifique irait de l'Antiquité classique jusqu'au xviiie siècle. — Deuxième période : l'état scientifique commencerait à la fin du xviiie siècle et s'étendrait jusqu'au début du xxe siècle. — Troisième période : le nouvel esprit scientifique commencerait en 1905 avec l'apparition de la Relativité einstei-nienne. On ne peut nier le caractère profondément provocateur et polémique d'une telle périodisation où le déséquilibre dans le rythme de l'évolution apparaît de façon spectaculaire. Qu'est-ce qui est vraiment étonnant ici ? La longue durée de la première période ? mais Bachelard n'assimile pas le préscientifique avec le prérationnel. Et ni la science grecque ni la physique naissante du xviie siècle ne sont disqualifiées, simplement elles sont situées dans un ensemble plus large où elles apparaissent comme des entreprises de rationalisation encore locales, partielles, insuffisamment synthétiques. Alors faut-il s'étonner de la brièveté de l'état scientifique ? mais cet état apparaît surtout comme un âge de ruptures, un état de transition, où la rationalité prend enfin son allure scientifique permettant désormais à la science de vivre à son propre rythme. Non, l'étonnement doit être entièrement réservé à la troisième période, c'est-à-dire à ce qui constitue encore notre présent. L'étonnement, c'est toujours pour son propre présent. Qu'est-ce que cette troisième période ? D'abord un esprit et non plus un état, une attitude plus qu'un terrain, mais surtout un ensemble de conduites iconoclastes où le nouveau se constitue par déformation de l'ancien. L'ère du nouvel esprit scientifique correspond à une attitude réflexive de la science où les concepts de base sont soumis à la question, c'est en quelque sorte l'ère du soupçon où le concept devient un loup pour le concept. Dans cette ultime phase l'histoire s'emballe, les pensées les plus audacieuses apparaissent en quelques années seulement, une révolution conceptuelle semble à l'œuvre en permanence. Le nouvel esprit scientifique. L'idée de nouveauté Comment caractériser sommairement ce qui constitue encore notre actualité ? En premier lieu on ne saurait assez insister sur cet aspect de nouveauté. La nouveauté, ce n'est pas tant tel ou tel concept que cette émergence sans cesse réitérée du nouveau. Il s'agit d'accueillir cette idée de nouveauté à l'intérieur du savoir, sans tomber dans la tentation de la réduire à un degré de pure complexité toujours susceptible d'une simplification ultérieure, la nouveauté n'est pas l'illusion d'une pensée surprise mais bien l'expérience irréductible d'une pensée surprise dans son insuffisance. Une philosophie rationaliste n'aime guère cette idée de nouveauté, elle y verrait facilement une imposture, une forme de spectacle, un appel suicidaire à la démobilisation de toute attitude prudente et circonspecte. Au contraire pour Bachelard le nouveau c'est la marque du sérieux, l'indice d'un travail effectif, la garantie d'un savoir. La science sera ce théâtre de transformations incessantes ou elle ne sera pas, et « il arrive toujours une heure où l'on n'a plus intérêt à chercher le nouveau sur les traces de l'ancien, où l'esprit scientifique ne peut progresser qu'en créant des méthodes nouvelles » (Le Nouvel Esprit scientifique, chap. VI, p. 135.) QUELQUES TRAITS DU NOUVEL ESPRIT SCIENTIFIQUE « Une abstraction alerte et conquérante » Ce qui caractérise la pensée scientifique par différence avec son passé le plus proche, c'est sa marche vers une abstraction toujours plus grande où le souci d'un réalisme élémentaire cesse non seulement d'avoir du sens mais devient un obstacle à la poursuite de la rationalisation. L'abstraction est le savoir scientifique par excellence, elle rend impossible l'illusion de comprendre qu'offre toujours une connaissance empirique, elle force l'esprit à adopter des critères de reconnaissance du vrai entièrement dégagés de l'intuition, en somme elle conduit à la conclusion que « reconnaître n'est pas connaître. On reconnaît facilement ce qu'on ne connaît pas » (Le Nouvel Esprit scientifique, p. 109.) Avec l'abstraction un terrain est constitué, un cadre d'expériences apparaît, on a déplacé le regard d'un monde trop bavard pour parler vraiment à un domaine « sans support expérimental stable» (Formation de l'esprit scientifique. Discours préliminaire.) D'une manière générale ce que consacre le nouvel esprit scientifique c'est le divorce entre l'expérience scientifique et l'expérience commune, la science n'est pas un regard ...»

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