Analyse- Malade imaginaire, Acte 3 scène 12

« Omar Ghiati Zineb Saadouni Laurie Tine Analyse linéaire - Molière, Le malade Imaginaire, Acte III, scène 12 : Introduction : Le XVIIème siècle est le siècle du théâtre en France.

C’est en s’inspirant de la commedia dell’arte, genre venant d’Italie, que les auteurs vont donner un souffle nouveau au théâtre français.

Parmi eux, Molière, sera celui qui s’inspirera le plus de ce genre et donc des types de personnages utilisés dans ce dernier : les valets, les maitres et les jeunes filles.

Dans le Malade Imaginaire, pièce représentée en 1673, il met en scène Argan, un hypocondriaque qui souhaite que sa fille, Angélique épouse Thomas Diafoirus, futur médecin.

Dans la douzième scène de l’acte III, La servante, Toinette, par une série de stratagèmes souhaite dévoiler le vrai visage des personnages qui entourent Argan.

Elle met donc au point une mise en scène où Argan est censé faire le mort dans l’optique de révéler les vraies intentions de Beline, l’épouse d’Argan. Ainsi, nous nous interrogerons sur la façon dont cette mise en scène dans la comédie parvient à dévoiler la vérité dissimulée des personnages. Pour ce faire, nous verrons dans un premier temps le piège de Toinette qui est une parodie de la tragédie, de la ligne 1 à 3, puis, nous verrons dans un second temps que Béline révèle son absence de sentiments faisant ainsi d’elle une veuve vénale de la ligne 4 à 22, enfin, nous verrons que Béline est démasquée à travers le coup de théâtre final de la ligne 23 à 29. Mouvement 1 : “Le piège de Toinette : Une parodie de la tragédie” - La scène commence avec une nouvelle qui est annoncée de manière directe à Béline : “Votre mari est mort” (l.1) - Toinette rappelle le lien sacré du mariage et la fidélité que ce doit les époux par la périphrase « votre mari » (l.1) pour désigner Argan.

À ce moment, Béline devient une veuve, ce qui est une forme de renoncement à un être cher, au monde et aux plaisirs.

Cependant, la réplique interrogative « Mon mari est mort ? » (l.2) évoque une froideur de Béline. - Toinette reprend avec l’interjection tragique : « Hélas ! » (l.3). - Mais le comique de mot : « Le pauvre défunt est trépassé » (l.3) brise le tragique.

La tautologie (le fait de dire deux fois la même chose « défunt / trépassé ») enlève toute noblesse à cette annonce. - De plus, l’euphémisme « Le pauvre défunt est trépassé » a pour objectif d’atténuer la brutalité de la mort mais ce dernier intervient après l’annonce brute « Votre mari est mort » ce crée un effet de décalage comique et le rend ainsi inutile. À la suite de cette annonce tragique et brutale, Béline révèle son absence de sentiment, montrant ainsi son caractère vénal. Mouvement 2 : “Béline révèle son absence de sentiments ce qui la caractérise comme une veuve matérialiste” À la suite de cette annonce tragique et brutale, Béline révèle son absence de sentiment, montrant ainsi son caractère matérialiste. - La réponse froide de Béline ("Assurément ?" (l.4)) dissipe tout doute sur ses sentiments : elle interroge Toinette d'une manière qui évoque un acte de certification de la mort, comme pour s'assurer qu'Argan est bel et bien décédé. - La répétition par Toinette de "Assurément" (l.5) confirme donc le décès. - La réaction de Béline démontre alors un premier coup de théâtre.

L’expression « Le Ciel en soit loué » (l.8) témoignant d'un remerciement à Dieu, contraste complètement avec l'image attendue d'une veuve éplorée. - La situation est rendue comique par le fait que le spectateur est conscient qu'Argan entend tout. - L'usage du déterminant démonstratif « cette » (l.9) (« cette mort ») suggère une certaine indifférence de la part de Béline envers la mort d'Argan, laquelle elle semble tenir à distance. - Toinette ramène ironiquement Béline à son statut de veuve, avec les comportements socialement attendus qui l'accompagnent, en déclarant : « Je pensais, Madame, qu’il fallût pleurer » (l.10).

Elle met en évidence le décalage entre la froideur de Béline et l’attitude attendue d’une veuve. - L'utilisation du verbe « falloir » associer au verbe « pleurer » dénonce la superficialité des rôles sociaux - Béline dresse un portrait critique d’Argan, en utilisant un champ lexical de la saleté (« incommode » (l.12), « malpropre » (l.12), « dégoûtant » (l.12), « mouchant » (l.13), « crachant » (l.13)), le présentant comme un personnage répugnant. - L’énumération ascendante « mouchant, toussant, crachant toujours » renforce la dimension satirique de cet.... »