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analyse linéaire sur le malade imaginaire - Acte I, scène 5 : Toinette et Argan (Hatier p. 48-50)

Publié le 06/06/2022

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« TEXTE 14 MOLIERE, Le Malade imaginaire, 1673 Acte I, scène 5 : Toinette et Argan (Hatier p.

48-50) TOINETTE - Vous ne la mettrez point dans un couvent. ARGAN - Je ne la mettrai point dans un couvent ? TOINETTE - Non. ARGAN – Non ? TOINETTE - Non. ARGAN - Ouais! Voici qui est plaisant! Je ne mettrai pas ma fille dans un couvent, si je veux ? TOINETTE - Non, vous dis-je. ARGAN - Qui m'en empêchera ? TOINETTE - Vous-même. ARGAN – Moi ? TOINETTE - Oui.

Vous n'aurez pas ce cœur-là. ARGAN - Je l'aurai... TOINETTE - Vous vous moquez. ARGAN - Je ne me moque point. TOINETTE - La tendresse paternelle vous prendra. ARGAN - Elle ne me prendra point. TOINETTE - Une petite larme ou deux, des bras jetés au cou, un : "Mon petit papa mignon", prononcé tendrement, sera assez pour vous toucher. ARGAN - Tout cela ne fera rien. TOINETTE - Oui, oui. ARGAN - Je vous dis que je n'en démordrai point. TOINETTE - Bagatelles! ARGAN - Il ne faut point dire : "Bagatelles"! TOINETTE - Mon Dieu, je vous connais, vous êtes bon naturellement. ARGAN, avec emportement.

- Je ne suis point bon, et je suis méchant quand je veux! TOINETTE - Doucement, monsieur.

Vous ne songez pas que vous êtes malade. ARGAN - Je lui commande absolument de se préparer à prendre le mari que je dis. TOINETTE - Et moi, je lui défends absolument d'en faire rien. ARGAN - Où est-ce donc que nous sommes ? et quelle audace est-ce là, à une coquine de servante, de parler de la sorte devant son maitre ? TOINETTE - Quand un maître ne songe pas à ce qu'il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser. ARGAN court après Toinette.

- Ah! insolente! il faut que je t'assomme! TOINETTE se sauve de lui.

- Il est de mon devoir de m'opposer aux choses qui vous peuvent déshonorer. ARGAN, en colère, court après elle autour de sa chaise, son bâton à la main.

- Viens, viens, que je t'apprenne à parler! TOINETTE, courant et se sauvant du côté de la chaise où n'est pas Argan.

- Je m'intéresse, comme je dois, à ne vous point laisser faire de folie. ARGAN - Chienne! TOINETTE - Non, je ne consentirai jamais à ce mariage. ARGAN - Pendarde! TOINETTE - Je ne veux point qu'elle épouse votre Thomas Diafoirus. ARGAN - Carogne! TOINETTE - Et elle m'obéira plutôt qu'à vous. ARGAN - Angélique, tu ne veux pas m'arrêter cette coquine-là? ANGELIQUE - Eh! mon père, ne vous faites point malade. ARGAN - Si tu ne me l'arrêtes, je te donnerai ma malédiction. TOINETTE - Et moi, je la déshériterai, si elle vous obéit. ARGAN se jette dans sa chaise, étant las de courir après elle.

- Ah! ah! je n'en puis plus! Voilà pour me faire mourir ! ANALYSE LINEAIRE 14 : MOLIERE, Le Malade imaginaire, 1673 Acte I, scène 5 : Toinette et Argan (Hatier p.

48-50) Analyse à apprendre pour l’oral du bac Introduction : [Amorce] Le XVIIe siècle, dominé en France par le règne de Louis XIV, est le siècle du classicisme, dont le dramaturge Molière est l’un des grands représentants.

[Auteur + œuvre] En 1673, Molière crée une comédie-ballet en 3 actes et en prose, Le Malade imaginaire.

Ce sera sa dernière pièce.

Elle articule une critique de la médecine de l’époque à une comédie de caractère, autour du personnage d’Argan.

[Texte étudié] Le texte que nous allons étudier est extrait de la scène 5 de l’acte I du Malade imaginaire.

On y voit Argan et la servante Toinette se disputer à propos du futur mariage d’Angélique.

En effet, au début de la même scène, il y a eu quiproquo : Angélique a cru que son père lui destinait Cléante, l'homme qu'elle aime, pour époux ; or Argan a choisi un jeune médecin, Thomas Diafoirus.

[Problématique] Sur quoi repose le comique de cette scène d’affrontement entre une servante et son maître ? [Plan] Notre analyse suivra l’ordre du texte, qui peut être divisé en deux grands mouvements : - l.

1 à 32 : l’affrontement verbal entre Toinette et son maître - l.

33 à 51 : l’affrontement physique et farcesque [farcesque = qui relève de la farce, de la grosse comédie populaire] Développement : I.

Dans la 1e partie de l’extrait, les deux personnages s’affrontent verbalement au sujet du couvent (l.

1 à 32) 1.

L’extrait dans son ensemble est constitué de stichomythies = dialogue vif, très rythmé, constitué de répliques théâtrales courtes, qui signale un moment de tension voire de conflit. La distribution de la parole est équilibrée, les deux personnages enchaînant les répliques façon très rapide. Cependant, c’est Toinette qui mène le dialogue : c’est elle qui cherche à faire changer Argan d’avis (au sujet du mariage) en utilisant différentes stratégies.

Argan ne fait que réagir à ce que lui dit Toinette, toujours sur le mode de l’opposition et de l’indignation. 2.

La mise en cause de la décision d’Argan (l.

1-25) • Toinette commence par provoquer Argan : rejette sa décision mais sans expliquer pourquoi, sans argumenter : « Vous ne la mettrez point dans un couvent » (1). - L’emploi du futur et de la négation expriment la certitude de Toinette " elle parle avec autorité (alors qu’elle n’est que servante) - Répétition plusieurs fois du mot « Non », renforcé par « vous dis-je », l.7 " insistance. - Réaction d’Argan : il reprend systématiquement le propos de Toinette mais sous forme de questions ironiques : « Je ne la mettrai point dans un couvent ? », « Non ? », « Voici qui est plaisant ! Je ne mettrai pas ma fille dans un couvent, si je veux ? », « Moi ? » " tentative de ridiculiser l’autorité de sa servante, et de souligner son insolence. • Puis Toinette donne son argument pour justifier son refus de la décision d’Argan : « Vous n'aurez pas ce cœur-là » (l.

11).. »

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