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DOUTE

Du latin dubitare, « balancer entre deux choses », « hésiter ». État de l’esprit qui renonce, de façon spontanée ou délibérée, à se prononcer sur la vérité ou la fausseté d’une proposition. • On distingue traditionnellement le doute méthodique de Descartes du doute sceptique, tel qu’il fut pratiqué par les disciples de Pyrrhon d'Élis (365-275 avant J.-C.). Alors que le doute sceptique, radical, conclut à l’impossibilité d’accéder à une quelconque vérité, le doute méthodique, qui consiste à rejeter provisoirement comme faux tout ce qu’on a antérieurement admis, n'est qu'un moyen de parvenir à la certitude et à l'indubitable (ce dont, précisément, on ne peut pas douter).

DOUTE, n.m. État de l’esprit qui ne décide pas si une proposition est vraie ou fausse, soit qu’il soit incapable de le savoir, soit qu’il veuille suspendre son assentiment. — « Dix mille difficultés ne font pas un doute » (Newman), car il est impossible, si on comprend réellement, de douter de Dieu. — Descartes a utilisé le procédé du « doute méthodique » pour sortir de l’embarras des sceptiques. — La « folie du doute » est une pathologie où le sujet est incapable d’affirmer ou de décider ; peut prendre la forme de ruminations interminables sur des questions insignifiantes, des craintes, etc.

DOUTE MÉTHODIQUE, HYPERBOLIQUE

Le doute est un état d’incertitude qui, s’opposant à l’assentiment, se traduit par un refus d’affirmer ou de nier. Il s’explique, en principe, par l’absence de connaissances adéquates.

♦ Le doute scientifique, inséparable de la recherche de la vérité, est l’attitude du savant qui met à l’épreuve ses hypothèses, en les soumettant au contrôle expérimental. Le doute sceptique, attribué à certains philosophes grecs (Pyrrhon) se veut définitif et radical et conclut à l’impossibilité d’accéder à la moindre vérité. En pathologie, enfin, la folie du doute, de nature obsessionnelle, se manifeste par un pénible sentiment d’incertitude relatif aux faits et gestes de la vie courante, et finalement par l’incapacité de prendre une décision.

♦ S’inspirant d’une attitude qui remonte à Platon, Descartes instaure la réflexion philosophique en la fondant sur un doute primordial, le doute méthodique, procédé qui consiste à douter de tout ce qu’on a admis antérieurement afin d’établir la vérité sur des bases inébranlables grâce au critère de l’évidence. Ce doute métaphysique, radical - bien que provisoire - est un doute hyperbolique qui, en vertu de son étymologie grecque, semble dépasser la mesure ; mais l’hygiène de la pensée exige que soit sciemment considéré comme faux ce qui n’est que douteux, et que soit rejeté comme toujours trompeur ce par quoi on a été parfois trompé. Le doute hyperbolique, appliqué aux divers domaines de la connaissance, atteint son plus haut degré avec la fiction cartésienne du Malin Génie.


DOUTE (folie ou obsession du). Forme fréquente de la névrose obsessionnelle. Le doute se retrouve au premier plan du tableau pathologique avec une incertitude rebelle à tout raisonnement. Il entraîne une inquiétude permanente du sujet, incapable de s’engager dans une activité ou de prendre une décision. Adler voit dans cette attitude l’expression d’une recherche de la perfection, recherche qui, dans l’incertitude de l’atteindre, paralyse toute décision et toute action.


DOUTE (n. m.) 1. — État d’incertitude de l’esprit entraînant une suspension du jugement ; le doute peut être définitif, et devenir un élément de doctrine (le doute sceptique refuse toute certitude concernant la nature des choses), ou purement stratégique (dans la démarche scientifique, le doute appelle la preuve ou la démonstration). 2. — Pour Descartes, la résolution de douter ou doute méthodique n’est que provisoire ; elle conduit à mettre au jour la certitude que pour douter il faut penser et que, par conséquent, lorsqu’on doute, on ne peut douter qu’on pense ; le doute méthodique est hyperbolique parce que, non seulement il porte sur ce qui n’est que vraisemblable et ce sur quoi on n’est pas sûr de ne pas se tromper, mais qu’il procède encore de l’hypothèse d’un malin génie (cf. démon) qui nous tromperait en chaque chose.

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