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Description (nom fém.)

La description permet de représenter des objets ou des lieux. Il existe des descriptions objectives, où le narrateur n’exprime aucun sentiment personnel, et des descriptions subjectives, où il laisse percer ses sentiments et se dévoile à travers ce qu’il décrit. Les deux types de description se combinent très souvent. Exemple

Au rez-de-chaussée de la maison, la pièce la plus considérable était la salle dont l'entrée se trouvait sous la voûte de la porte cochère... La salle est à la fois l'antichambre, le salon, le cabinet, le boudoir, la salle à manger; elle est le théâtre de la vie domestique, le foyer commun; là, le coiffeur du quartier venait couper deux fois Pan les cheveux de monsieur Grandet; là, entraient les fermiers, le curé, le sous-préfet, le garçon meunier. (Honoré de Balzac, Eugénie Grandet.)

Commentaire

La description permet de faire voir à son lecteur un décor, un détail. Elle permet de traduire toutes sortes de sensations: visuelles, olfactives, thermiques, auditives, affectives, etc.

DESCRIPTION nom fém. — Tout passage d’une œuvre littéraire dans lequel l’auteur s’attache à détailler une personne, un objet ou un lieu. ÉTYM. : se rattache au latin scribere = « écrire » et describere = « décrire ». Traditionnellement, la description, dans un roman, s’oppose à l’action ; elle alterne avec elle, la retarde ou l’interrompt de manière à la situer ou à l’enrichir d’informations nécessaires à sa compréhension. Elle constitue, de ce fait, pour reprendre la terminologie de Jean Ricardou, un « enlisement du récit ». Mais cet enlisement peut se trouver justifié par l’économie d’ensemble du texte et le projet du romancier. Ainsi les amples et minutieuses descriptions balzaciennes qui permettent de cerner l’environnement d’un personnage et de mieux saisir sa psychologie. Dans son « Discours de Stockholm », le prix Nobel français Claude Simon retrace ce qu’a été, pour le roman français, l’histoire de la description. Il écrit : « Jusque-là, dans le roman ou le conte philosophique, que ce soit La Princesse de Clèves, Candide, Les Liaisons dangereuses, ou même La Nouvelle Héloïse, écrite par cet amoureux de la nature qu’était Rousseau, la description est pour ainsi dire inexistante et n’apparaît que sous forme d’immuables stéréotypes : toutes les jolies femmes y ont invariablement un teint “de lys et de rose”, elles sont “faites au tour”, les vieilles sont “hideuses”, les ombrages “frais”, les déserts “affreux”, et ainsi de suite. Avec Balzac (et c’est là peut-être que réside son génie), on voit apparaître de longues et minutieuses descriptions de lieux ou de personnages, descriptions qui au cours du siècle se feront non seulement de plus en plus nombreuses, mais, au lieu d’être confinées au début du récit ou à l’apparition d’un personnage, vont se fractionner, se mêler à doses plus ou moins massives au récit de l’action, au point qu’à la fin elles vont jouer le rôle d’une sorte de cheval de Troie et expulser tout simplement la fable à laquelle elles étaient censées donner corps... » Le point limite de cette inflation descriptive sera sans doute atteint avec La Maison d'un artiste d’Edmond de Concourt, livre tout entier consacré à la description par l’auteur de sa propre maison et des objets - tableaux, livres ou bibelots - qu’elle contient. Contre cette inflation descriptive, la littérature du XXe siècle réagira de deux manières symétriques. André Breton, dans un passage célèbre du Second Manifeste du surréalisme, condamnera catégoriquement la description, en se fondant sur l’ennui mortel que lui inspirait celle de la chambre de Raskolnikov dans Crime et châtiment de Dostoïevsky. Pour ne pas avoir à pratiquer lui-même la description, Breton y substituera la reproduction photographique des lieux qu’il évoque dans ses propres textes comme Nadja ou L'Amour fou. Empruntant une voie inverse, les nouveaux romanciers, et parmi eux Alain Robbe-Grillet, accorderont une place encore plus importante à la description que Balzac, mais en bouleversant totalement le sens de celle-ci. Se refusant à tout anthropomorphisme, Alain Robbe-Grillet, dans Le Voyeur ou La Jalousie, revient inlassablement sur les mêmes formes et les mêmes objets sans attribuer à ceux-ci de signification explicite. La description se substitue à la narration, ou, du moins, c’est entre les lignes de la description que celle-ci, de manière problématique, se donne à lire. —> Nouveau romanRéalisme — Regard (école du) — Roman — Surréalisme

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