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AUSCHWITZ

AUSCHWITZ

Auschwitz occupe une place à part dans les camps d’extermination nazis. Ce lieu vit mourir le plus grand nombre de personnes, dans leur immense majorité juives, 1,1 million selon le travail de Franciszek Piper, historien au musée d’Auschwitz, publié en 1991 (Auschwitz, How many perished Jews, Poles, Gipsies, Cracovie, 1991). Il s’agit donc du plus grand centre de mise à mort de tous les temps. Près de la ville d’Oświęcim, rebaptisée du nom germanique qui fut périodiquement le sien, Auschwitz, à proximité de Katowice, important nœud ferroviaire en Haute-Silésie alors annexée au Reich, un premier camp commença à être aménagé en avril 1940 dans des casernes abandonnées de son faubourg de Zasole, sous la direction de Rudolf Hess (1894-1987). Il était prévu pour interner 10 000 Polonais. Le 1er mars 1941, lors de sa visite d’inspection, le « Reichsführer » SS Heinrich Himmler (1900-1945) décida d’agrandir le camp principal (Stammlager) pour porter sa capacité à 30 000 détenus, de créer à Birkenau un vaste camp pour 100 000 prisonniers de guerre, que la campagne militaire en Union soviétique ne manquerait pas de faire tomber aux mains des Allemands, et de mettre à la disposition du Konzern IG Farben 10 000 détenus pour installer dans un autre faubourg d’Auschwitz, Dwory, à Monowitz, une usine de caoutchouc (Buna) et d’essence synthétique dite la Buna. À la mi-juin 1941, des Juifs commencent à être dirigés vers Auschwitz. C’est le 4 juillet 1942 qu’eut lieu, à la rampe, la première sélection, sur un convoi de Juifs slovaques. Dès lors, à des rythmes différents, on ne cessa de gazer à Auschwitz, l’assassinat atteignant son point culminant entre avril et juillet 1944 avec l’arrivée de près de 400 000 Juifs hongrois. Le 27 janvier 1945, l’Armée soviétique atteint le camp qui a été déserté par les SS depuis le 24.

Enjeux de mémoire.

Des camps du complexe d’Auschwitz, seul le camp souche, Auschwitz I, est demeuré intact, avec son portail portant l’inscription « Arbeit macht frei », qui semble marquer la limite entre le monde des vivants et la planète Auschwitz. Très vite après la guerre, Auschwitz est devenu musée d’État dépendant du ministère de la Culture polonais. Dans les vingt-huit bâtiments en briques rouges d’Auschwitz I ont été installées une exposition permanente et des expositions dites « nationales ». Auschwitz-Birkenau, qui appartient aussi au musée, est resté jusqu’au début des années 1990 livré à lui-même. Les baraques en bois ont pour l’essentiel disparu, démontées par les paysans des environs qui ne laissèrent que les cheminées en briques. Des chambres à gaz-crématoires, il ne reste que des ruines. C’est à Birkenau, où désormais des panneaux et des photos expliquent ce qui s’y déroula, qu’a été érigé le monument international aux victimes du camp.

La mémoire d’Auschwitz ne se résume pas à celle de son site, même s’il est de plus en plus visité. Auschwitz est devenu le symbole de la destruction des Juifs d’Europe et sert encore à désigner le mal le plus extrême que l’homme peut faire à l’homme.

Ville de Pologne, au S.-E. de Katowice. Créé dès 1940, le camp d'Auschwitz devint le plus grand centre d'extermination établi en vue de la solution finale mise en œuvre par les nazis. Il groupa, sous la direction de R. Hoess, quatre camps, entre autres Auschwitz II (Birkenau), affecté aux exterminations, et Auschwitz III (Buna-Monowitz), où des déportés sélectionnés travaillaient pour la firme IG Farben. Les premiers internés d'Auschwitz furent des Polonais jugés dangereux pour la sécurité du Reich (1940) ; ils furent suivis par des prisonniers de guerre soviétiques (été 1941), parmi lesquels furent choisies les premières victimes des chambres à gaz (sept. 1941), par des Juifs de Silésie et de Slovaquie (hiver 1941/42), de France, de Belgique et des Pays-Bas (à partir de l'été 1942), par des Tziganes (début 1943), des Juifs de Grèce et des Balkans (printemps 1943), des survivants du ghetto de Varsovie, enfin par des Juifs de Hongrie (printemps 1944). Les exterminations s'arrêtèrent en nov. 1944, mais le camp d'Auschwitz comptait encore plus de 60 000 détenus lorsque son évacuation fut décidée, en janv. 1945, à l'approche des armées soviétiques. Des expériences médicales furent pratiquées à Auschwitz sur les détenus par des médecins SS dirigés par Joseph Mengele. En 1984, un carmel y fut édifié, et une croix érigée, ce qui souleva des protestations dans la communauté juive internationale. Un accord conclut, en 1987, au déplacement du carmel. Le non-respect des délais convenus provoqua, en 1989, une crise entre la communauté juive internationale et le primat de Pologne.

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