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VICO Giambattista (1668-1744)

VICO Giambattista (1668-1744)

Philosophe italien du siècle des Lumières, Vico travailla toute sa vie dans l'ombre, enseignant diverses matières comme précepteur, puis à l'université. Une querelle avec l'Église sur la question de la Providence lui donna une célébrité éphémère, mais sa notoriété éclata surtout au xixe siècle, lorsque Goethe, Hegel, Comte, Michelet et Marx en firent un père fondateur de la philosophie de l'histoire. Ses deux œuvres principales sont le Droit universel (1720-1722) et, le plus connu, la Science nouvelle qui connut plusieurs versions de 1724 à 1744.

Juriste, historien et philosophe italien. Adversaire du cartésianisme, il réserve l’idée claire et distincte aux sciences les plus abstraites (mathématiques) : la raison serait incapable d'exprimer les réalités vécues, notamment celles de l’histoire politique et sociale où l’infinie complexité est de règle.

♦ Au lieu de partir de la raison pour saisir la nature humaine dans ce qu'elle aurait de permanent et d’universel, Vico cherchera donc, à l’aide de la méthode comparative, des identités que révèle l'examen attentif du devenir historique des différents peuples, c'est-à-dire des manières de sentir et de penser communes, indépendantes de toute démarche réflexive. Par induction, en utilisant tous les documents disponibles, il s'efforce d’établir une loi de développement historique qui, au lieu d'englober l'humanité entière - comme chez Condorcet ou Comte -porterait sur le tout que constitue chaque nation particulière durant son existence. Vico envisage ainsi, pour chaque société, une évolution en trois étapes : successivement, l'âge des dieux, des héros et des hommes. Chacun de ces états développe un type spécifique de civilisation, en particulier dans les domaines juridique et politique : les premiers pouvoirs sont théocratiques (d'essence divine), les seconds aristocratiques (gouvernement des plus forts) et les troisièmes humains, en tant qu'ils garantissent l'égalité des droits.

♦ Abandonnant l’interprétation biblique chère à saint Augustin et à Bossuet, le penseur napolitain élabore une philosophie de l'histoire qui, en dehors de toute réflexion a priori, voit le sens du devenir dans l'évolution cyclique (« corsi et ricorsi ») du temps qui recommence avec chaque nation. Il a surtout l'originalité, pour son époque, de montrer que la formation de la société n'est pas le produit de la concertation d'hommes raisonnables (comme le pensaient par exemple Hobbes et Locke), mais le fruit d'une lente maturation qu'il s'agit d'observer pour en dégager les lois. En cela, J.-B. Vico apparaît comme le précurseur de la sociologie moderne.

Œuvres principales : Origine de la poésie et du droit (1721) ; La Science nouvelle (1725).

♦ « Parmi les médiocres et les faux doctes, tels les uns et les autres à cause de leur méchanceté, qui m'entouraient, les uns, les plus vils, m'appelaient fou, et, en employant parfois des mots plus civils, ils pariaient de mon extravagance, de mes idées singulières ou de mon obscurité; les plus fourbes, eux, pour m'abattre, avaient recours à des éloges. » G. B. Vico. ♦ « La méthode suivie par Vico est d'autant plus importante à observer qu'il n'est peut-être aucun inventeur dont on puisse moins indiquer les précédents. Avant lui, le premier mot n'était pas dit : après lui, la science était, sinon faite, au moins fondée; le principe était donné, les grandes applications indiquées. » Michelet. ♦ « On se méprend aujourd'hui encore sur le compte de Vico. Il n'a pas seulement été un juriste, un philologue; il a été avant tout un philosophe, car s'occupant de l'histoire éternelle, celle-ci justement parce qu'elle est éternelle n'est pas l'histoire mais la philosophie elle-même. » B. Croce.

VICO, Giambattista (Naples, 1668- id, 1744). Historien et philosophe italien. Il est considéré comme le précurseur de la philosophie de l'histoire. Son ouvrage, Principes de la philosophie de l'histoire (1725), traduit en français par Michelet (1835), présente une conception cyclique de l'histoire, chaque peuple passant par trois phases successives : l'âge divin, caractérisé par la théocratie, l'âge héroïque à gouvernement aristocratique et l'âge humain de la liberté et de la raison. Cette étude repose sur les principes d'une histoire totale qui se veut une résurrection intégrale du passé englobant l'histoire des peuples, leurs mythes et légendes, leurs systèmes politiques et culturels.

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