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TOLÉRANCE

Tolérance
Du latin tolérantia, « aptitude à supporter ». Attitude par laquelle nous laissons à chacun la liberté d’exprimer ses opinions (même si nous ne les partageons pas) ou de vivre selon ses propres coutumes (même si celles-ci diffèrent des nôtres).
• Dans son Traité sur la tolérance (1763), Voltaire dénonce les religions qui imposent leurs dogmes par la violence et ne reconnaissent d'autre dieu que celui qu'elles vénèrent. • Le problème des limites de la tolérance se pose de façon aiguë à toute démocratie : faut-il, par exemple, accorder la liberté d'expression à ceux qui se proposent de la supprimer ?

TOLÉRANCE, n.f. (lat. tolerantia, de tolerare «action de supporter»). Sens général : le fait d'admettre à la rigueur. ♦ 1° Disposition d'un organisme qui supporte des influences désagréables ou nuisibles sans réactions de défense et sans dommages (tolérance à un médicament toxique). ♦ 2° De la part d'un individu, supporter une atteinte à ses droits ou à son bien-être (tolérer les bruits du voisinage). — De la part d'une autorité civile, supporter une atteinte aux lois et règlements qu'elle a établis et qu'elle est chargée de faire appliquer. ♦ 3° Ecarts permis par la loi par rapport à une norme. Par exemple, sur le titre et le poids des monnaies. ♦ 4° De la part d’une autorité intellectuelle ou morale, écarts permis par rapport aux règles qu'elle édicte (tolérance grammaticale). ♦ 5° Laisser à chacun la liberté d'exprimer ses opinions, de se conduire à sa façon, s'interdire tous moyens injurieux, coercitifs ou violents de répression. ♦ 6° Respect sympathique des opinions et des croyances d'autrui, envisagées comme des contributions au progrès de l'esprit. L'idée de tolérance comporte des éléments qui s'imposent à la conscience : l'absence de persécution, la reconnaissance de droits civils à des personnes de croyances différentes. Étendue à l'ensemble des opinions, elle implique qu'il est difficile à quiconque de détenir une vérité intégrale, que des positions multiples et divergentes comportent toutes des éléments positifs et peuvent être source de progrès. Elle implique surtout le respect d'autrui qui ne peut être amené à la vérité par la contrainte. Elle pose pourtant le problème de l'attitude en face de l'erreur. Dans l'idée de tolérance, il y a celle de limite. N'importe quel écart n'est pas supporté. L'ouverture d'esprit ne peut pas être indifférence à la vérité et au bien, scepticisme, compromission. Il faut distinguer entre les personnes, les idées et les comportements. Le mot lui-même de tolérance n'est pas bon. Qui peut être satisfait d'être «toléré» ? En des temps très troublés, où l'hérésie donnait lieu, de part et d'autre, à de violents excès, saint Augustin recommandait de savoir «allier la haine de l'erreur à l'amour de l'errant».
intolérance/tolérance
La tolérance est le fait d'admettre des idées que l'on ne partage pas et des usages différents des siens. L'intolérance est le refus d'accepter des opinions et des actes contraires aux siens, des pratiques différentes.
Commentaire On connaît divers types de tolérance : la tolérance religieuse, qui préconise une certaine indulgence envers des croyances qu'on ne partage pas ; la tolérance civile, qui donne liberté à chacun d'exercer le culte qu'il désire (Edit de tolérance en 1562). De nos jours, être tolérant revient à respecter l'opinion d'autrui, à accepter sa liberté d'expression, lorsqu'on ne partage pas ses vues. L'intolérance est souvent fille de l'ignorance, du refus de la différence ; elle naît de la certitude de posséder la vérité et se nourrit de la haine la plus primaire. En matière religieuse, elle est proche du fanatisme et du sectarisme, et peut entraîner la violence et l'injustice.
Citations De toutes les religions, la chrétienne est sans doute celle qui doit inspirer le plus de tolérance, quoique jusqu'ici les chrétiens aient été les plus intolérants de tous les hommes. (Voltaire, Dictionnaire philosophique, article « Tolérance ».) Le Coran, me dit-on, conseille la tolérance en arguant qu'il est inutile de s'impatienter ici-bas, puisque les méchants seront punis le jour du Jugement dernier. Dans ce cas, je constate que les impatients sont légion dans l’islam. [...] Tolérance pour toutes les croyances, oui ; tolérance pour l’intolérance, non. (Jean-François Revel, le Regain démocratique.}
tolérance, tendance à admettre des moyens de penser, d'agir et des sentiments différents des nôtres. — En particulier, la tolérance religieuse laisse à chacun la liberté de pratiquer sa religion. L'intolérance suscite l'inquisition, c'est-à-dire l'arrestation, voire la suppression des minorités religieuses dans un pays : les Juifs en Espagne au temps d'Isabelle la Catholique (fin du XVe siècle), les protestants en Europe sous Charles IX (XVIe siècle). La tolérance est un principe de morale lié au respect élémentaire des personnes morales (Bayle, Voltaire); elle est aussi une preuve d'intelligence, car on s'enrichit toujours au contact des croyances et des pratiques différentes des nôtres. De nos jours, le problème fondamental n'est plus celui de la tolérance religieuse, mais celui de la tolérance politique : elle s'exprime par l'existence d'une opposition politique légale au sein même des assemblées parlementaires; les relations avec l'opposition doivent être des relations de « dialogue », susceptibles d'enrichir et d'éclairer l'action gouvernementale, et non des relations d'incompréhension et d'hostilité (censure, critique systématique, ou, inversement, indifférence à l'égard des critiques). La tolérance s'oppose, sur le plan politique, au recours à la violence et à l'existence de délits politiques (prisonniers strictement politiques). — Ce que l'on peut appeler la philosophie de la tolérance reconnaît le principe de l'égalité entre tous les hommes (sans distinction de race [ségrégation raciale], de religion, de pays, etc.); son objectif est de substituer des relations de dialogue à des rapports de forces, et sa maxime est de toujours comprendre le point de vue d'autrui. La tolérance implique donc la bienveillance, ou la « générosité », qui, seule, peut animer la sympathie véritable (Descartes).
tolérance, respect des idées ou des sentiments contraires aux siennes. Du point de vue physiologique, capacité de l’organisme de supporter, sans manifester de symptômes morbides, des quantités habituellement nocives de certaines substances, médicaments ou drogues. L’adaptation du corps aux effets d’une drogue peut conduire à en augmenter les doses initiales afin de retrouver les sensations éprouvées. De ce fait, elle est à l’origine de l’état de dépendance.
TOLÉRANCE
Morale: Attitude qui consiste, non à renoncer à ses convictions ou à s'abstenir de les manifester, mais à s'interdire tous moyens violents, injurieux ou dolosifs pour les propager.
TOLÉRANCE, n.f. (du latin tolerare, «supporter»).
1° Capacité à supporter. Supporter des désagréments causés par autrui; des influences nocives de produits toxiques; des écarts par rapport aux règles sociales, morales ou civiles (de la part d’une autorité instituée), ou à des normes techniques. Ce sens correspond au verbe «tolérer» (admettre à la rigueur), et s’avère plutôt restrictif.
2° Attitude d’acceptation, de respect, voire même de sympathie à l’égard des personnes qui ont des opinions ou des conduites, des croyances ou des manières de vivre assez ou très différentes des siennes. La tolérance religieuse en particulier, largement réclamée au XVIIIe siècle, suppose le respect de la liberté de pensée, l’absence de persécutions ou d’attitudes dogmatiques, le droit de pratiquer accordé à chacun selon ses croyances. Cette forme de tolérance se présente comme beaucoup plus positive que la précédente; elle suppose qu’il y a toujours de la vérité dans les idées d’autrui. Il faut comprendre ou, en tout état de cause, laisser celui qui se trompe venir de lui-même à la vérité, sans la lui imposer. Voir L’Art de conférer de Montaigne La problématique de la tolérance est au cœur de la question des droits de l’homme. D’une part en effet, la tolérance deviendrait coupable si elle devenait indifférence à la violence faite à autrui, lâcheté en face de conduites elles-mêmes intolérantes. D’autre part, si l’on peut respecter le droit à l’erreur, peut-on tolérer que des personnes dans l’erreur diffusent et propagent celle-ci, lorsqu’il s’agit de contrevérités manifestes (— par exemple, la thèse «révisionniste» qui nie l’existence des chambres à gaz dans les camps de concentration nazis)? Le débat est vaste. La tolérance est une vertu qui ne doit pas être pratiquée sans discernement. Les lois qui défendent la liberté de penser doivent aussi réglementer la liberté de diffuser la pensée, car la bêtise et l’erreur sont parfois virulentes, et il est parfois difficile de combattre l’erreur sans neutraliser (tout en les respectant) ses propagandistes, à une époque où l’influence des médias peut être si grande sur les esprits peu avertis.
TOLERANCE (n. f.) 1. — Fait, pour un individu, d’accepter des atteintes légères à ses droits, ou, pour une autorité, de légers écarts par rapport à la loi. 2.— Écart maximum par rapport à l’application d’un règlement, permis par la loi ou établi par l’usage. 3. — Attitude consistant à admettre chez les autres des opinions qu’on ne partage pas. 4. — Règle de conduite ou principe de philosophie pol. consistant à admettre la liberté d’opinion et d’expression, notamment en ce qui concerne les pratiques religieuses. 5. — Principe de tolérance : principe dû à Carnap, exprimant un conventionalisme radical et consistant à admettre qu’en logique chacun est libre de choisir son langage.


TOLÉRANCE Terme apparu au XVIe siècle (pendant les guerres de religion) qui fut pris parfois en un sens péjoratif (comme synonyme d’indifférence à la vérité des dogmes religieux ou de trop large accueil fait aux hérésies). On y entend aujourd’hui (depuis au moins le xviiie siècle - où la lutte contre le fanatisme put se développer) la disposition d’esprit (individuelle ou collective) qui laisse à tout individu ou tout groupe la liberté d’exprimer ses opinions ou de vivre selon des habitudes que l’on ne partage pas. Ce mot demeure cependant ambigu du point de vue moral dans la mesure où la tolérance peut n’être aussi que la conséquence d’un scepticisme admettant que toutes les opinions se valent et qu’il n’existe pas de vérité ou de valeur digne d’être farouchement défendue. Cette difficulté est particulièrement illustrée chez Locke dont le Traité de la tolérance (1685-1686) affirme que poser la tolérance c’est poser ses limites.


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