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symbole

symbole, tout ce qui est ou peut être considéré comme le signe figuratif d’une chose qui ne tombe pas sous les sens, ou évoquant une association d’idées. Le symbolisme est le système qui se sert d’un signe pour exprimer des faits et des croyances. On le rencontre dans toutes les religions, des plus primitives aux plus spéculatives : symboles magiques des rites de chasse, de pluie, de fertilité et de fécondité, symboles des pouvoirs, etc. En Égypte, il s’agit plutôt de magie pragmatique que de symbolique, sauf dans l'hermétisme. Cependant, les symboles, que seuls les initiés peuvent comprendre, sont très importants dans les sociétés à mystères. Les premiers chrétiens cachaient leur foi sous des symboles sacrés, signes ou figures. Le symbolisme eut son apogée à l’époque romane, ajoutant de nombreux emblèmes iconographiques dans l’art médiéval. Les symboles des idées, des faits, des mystères, des vertus devinrent, à la Renaissance, des allégories et s’inspirèrent souvent de l'Iconologie de César Ripa où resurgissaient les symboles des païens. Les symboles sacrés du pain et du vin (blé et vigne) sont par excellence ceux de l’eucharistie, même pour qui ne croit pas à la transsubstantiation. La croix reste le symbole du Christ comme la colombe celui du Saint-Esprit, mais aussi l’agneau, le poisson, le pélican ; le symbolisme chrétien est extrêmement riche, employant des figures géométriques, des lettres, des nombres, des végétaux, des animaux, etc. Beaucoup de symboles appartiennent au symbolisme universel, comme le cercle (soleil, univers, absolu, etc.). On les retrouve dans toutes les religions d’Asie où ils servent de base à la méditation (v. mandala). Toutes les sociétés secrètes les ont multipliés, s’associant à un hermétisme qui plonge ses racines dans la plus haute Antiquité. Symbole a aussi le sens de «confession de foi» (v. Credo).

symbole, image ou objet qui représente une chose abstraite; la statue de la liberté est un symbole. — La notion de symbole est un cas particulier de celle de signe : un signe peut être abstrait (un simple trait, une croix, une trace), et il n'a pas nécessairement une signification symbolique. L'expression symbolique, d'une façon générale, s'oppose à l'expression rationnelle, qui expose directement une idée, sans passer par le détour d'une figure sensible. Il semble qu'il appartienne à la nature de la pensée humaine d'être une pensée symbolique, dans la mesure où sa tendance naturelle, disait Descartes, est d'« exprimer imaginativement les choses abstraites, et d'exprimer abstraitement les choses concrètes ». Plus précisément un sentiment ne peut s'exprimer rationnellement (par le discours conceptuel); il ne peut s'exprimer directement (tel le sentiment religieux) que par des symboles et des mythes. (V. Philosophie des formes symboliques, de Cassirer.)

symbole, élément substitutif riche en signification et exprimant, d’une certaine manière, l’essence même de l’idée ou de la chose qu’il représente. Le symbole peut avoir n’importe quel aspect, celui d’un mythe ou d’un objet, mais on y retrouve toujours quelque chose du symbolisé (par exemple, le couple royal pour le couple parental). Les psychanalystes considèrent qu’il a pour fonction de faire admettre jusqu’à la conscience, sous une autre forme, certains contenus qui, sans cela, n’y seraient pas parvenus à cause de la censure.

D’autres auteurs (C. G. Jung, J. Lacan), au contraire, loin de voir seulement dans le symbole un déguisement de la pensée, le considèrent comme le seul moyen d’expression dont le sujet dispose pour formuler une réalité affective particulièrement complexe, qu’il ne parvient pas à conceptualiser clairement. Le symbolisme intervient surtout dans les rêves, mais on le retrouve dans les actes manqués, la poésie, les mythes, etc. Malgré une certaine concordance entre les symboles les plus généraux (le serpent, par exemple, représente le phallus, la fécondité), il est impossible d’établir un dictionnaire universel des symboles, car chaque individu a sa symbolique personnelle. Aussi est-il nécessaire de recourir aux associations d’idées pour trouver la signification cachée, personnelle, des rêves et des lapsus.

SYMBOLE, n. m. (du grec sumbolon, «signe de reconnaissance» : il s’agissait d’un objet partagé en deux moitiés, ce qui permettait aux deux personnes possédant chacune un morceau de se reconnaître).

1° Dans le langage scientifique: signe conventionnel correspondant à une réalité abstraite, à une opération mentale, à un élément du monde physique, etc. Le signe « + » symbolise l’addition; le signe «H» est le symbole de l’hydrogène; la lettre «x» symbolise l’inconnue dans une équation. La capacité de symbolisation est liée, chez l’être humain, à la capacité d’abstraction.

2° Dans le langage littéraire ou esthétique : représentation concrète (par un objet, une image, un personnage, un récit) d’une réalité morale, invisible, abstraite, conceptuelle, en vertu d’un lien de nature métaphorique ou métonymique entre la chose représentée et le signe concret qui la représente. Ainsi, le drapeau est le symbole de la patrie; la colombe, le symbole de la paix; le serpent, le symbole de la tentation; le récit de La Peste (Camus), le symbole du mal collectif et contagieux dans la cité; un squelette tenant une faux, le symbole de la mort. La genèse des symboles est semblable à la genèse du signe linguistique. Elle peut être purement conventionnelle, même si cette convention peut s’expliquer : le rouge symbolise l’interdiction par exemple (mais c’est peut-être qu’à l’origine, le rouge est la couleur du feu, qui brûle). Le symbole est souvent d’origine analogique (c’est-à-dire métaphorique) : c’est parce que la mort «fauche» les âmes qu’elle est représentée comme une faucheuse (cette personnification est une allégorie; le processus d’élaboration est bien métaphorique). Mais le symbole peut aussi être le résultat d’une association d’idées ou d’images de nature métonymique : par exemple, le trône symbolise le pouvoir royal, l’autel symbolise le pouvoir de l’Église (un élément du tout suffit à désigner la réalité globale). L’emblème est un symbole en général collectif (voir ce mot : tous les emblèmes sont des symboles, mais la réciproque n’est pas vraie). Voir Métaphore et Métonymie. Le symbole, quoi qu’il en soit, renvoie toujours à une autre réalité que lui-même : il figure, il représente. C’est ce qui permet d’élargir le sens du mot aux récits, aux scènes, aux évocations concrètes qui, en poésie, au théâtre, dans le roman, dans diverses productions esthétiques, ont une portée qui dépasse la seule lecture réaliste de ce qui est montré ou relaté. «L’Albatros» de Baudelaire, d’abord simple image du poète, prend tout à coup une portée symbolique en ce que l’on n’a plus besoin de la comparaison pour comprendre : l’Albatros devient symbole de la condition du poète. Un meurtre, dans un roman, au-delà de la simple élimination d’un homme, peut devenir le symbole d’une « libération» (comme c’est le cas dans L'Étranger de Camus) : un certain nombre de textes peuvent ainsi avoir une double portée à la fois réaliste (psychologique) et symbolique (métaphysique). Il faut souvent interpréter, décoder les signes, pour faire ressortir le sens symbolique de l’œuvre.

SYMBOLE. Le symbole est une expérience de ce qu’on ne connaît pas et qu’on ne comprend pas, « image d’un contenu qui, en grande partie, transcende la conscience ». Il opère « par suggestion ; il persuade et exprime en même temps le contenu de ce dont on est persuadé » grâce à l’énergie spécifique de l’archétype constellé par la situation. Celui-ci lui confère son caractère divinatoire et prospectif. Le symbole est un médiateur qui établit ou rétablit une relation entre conscient et inconscient, thèse et antithèse, entre paires d’opposés, du fait qu’il participe de la dynamique inconsciente de l’archétype où temps et lieu sont relatifs, où passé et avenir s’inscrivent. Comme il est fait des éléments de la nature, sa médiation intervient par le biais de l’identité inconsciente entre la psyché de l’homme et l’objet ou la situation servant de support au symbole. De ce fait celui-ci est doté « de sens multiples et inépuisables », dont « l’aspect ambivalent ne doit pas être négligé lors de son interprétation ». L’interprétation jungienne du symbole n’est donc jamais fixée. C’est encore l’identité inconsciente entre le symbole et le sujet, concerné dans sa totalité somato-psychique, qui rend compte des effets somatiques du processus symbolique, particulièrement au cours de l’individuation. Le symbole fascine. C’est dans la mesure où le sujet peut lui donner un sens qu’il échappe à la possession. Le symbole reste vivant « tant qu’il est gros de signification ». Explicité, il meurt et devient signe ou allégorie. Le symbole est enfin un transformateur d’énergie qui « permet d’utiliser pour un rendement effectif, en des activités culturelles, le cours uniquement instinctuel de la libido . Dans l’analyse, la fonction symbolique « conduit le patient au-delà de lui-même et de son emprisonnement dans le Moi ». Ce même processus de transposition est à la base de l’éducation morale de l’humanité dans l’histoire de la civilisation.

Le symbole résulte du double jeu des lois de condensation et de déplacement. Le symbole vivant, tel qu’il apparaît dans le rêve, n’est pas un rapport à deux termes, le signifiant et le signifié, mais à plusieurs termes : une convergence d’analogues venant gonfler la plénitude de l’image. Celle-ci est alors « surdéterminée ».



SYMBOLE C’est initialement un signe de reconnaissance formé par les deux moitiés d’un objet brisé que l’on rapproche. D’où, plus généralement, un signe désignant autre chose que lui-même en vertu d’ une analogie naturelle ou par décision conventionnelle. Sont ainsi d’ordre symbolique l’usage de la balance pour évoquer Injustice, mais aussi le langage dans son ensemble ou les signes abstraits utilisés en mathématiques. ♦ Hegel nomme art symbolique la première époque de l’art, au cours de laquelle la matérialité de l’œuvre excède sa signification précise : le symbole est pour lui équivoque (l’image du lion peut ne représenter que le lion lui-même, mais peut aussi signifier la royauté, ou autre chose).

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