Databac

MÉTONYMIE

MÉTONYMIE. n. f (du grec meta, «ce qui est au-delà, ce qui succède» et onoma, «nom». Littéralement : transformation, changement de nom). Figure de rhétorique (ou de style) qui consiste à désigner une réalité par un terme qui convient à une autre, en vertu d'une relation étroite existant entre ces deux réalités. Par exemple, au lieu de dire «les habitants de Paris s'endorment», on dira « Paris s'endort» : ce n'est pas la ville matérielle qui s'endort, mais ses habitants ; cependant, il y a une association étroite entre le contenu (les habitants) et le contenant (Paris) qui permet la substitution des termes.
· Il est essentiel de distinguer ici la métonymie de la métaphore. Alors que la métaphore repose sur une relation de ressemblance entre les choses assimilées (elles n'ont pas de lien objectif entre elles), la métonymie repose sur une relation d'association (il y a un lien nécessaire, objectif, dans la réalité, entre les choses dont l'une sert à désigner l'autre).
· La nature de l'association qui, dans la métonymie, permet de nommer une chose par un terme désignant une réalité qui lui est liée, est assez variée. Il peut s'agir d'une relation :
— de cause à effet : « boire la mort » pour « boire le poison » (qui doit entraîner cette mort);
— de matière à objet : «la toile» pour la peinture représentée sur la toile du tableau, ou « le fer» pour l'épée (ils ont croisé le fer);
— de lieu d'origine à une chose : «fumer un havane» (un cigare originaire de La Havane);
— de contenu à contenant : «boire un verre» (boire le contenu du verre); «une décision de l'Élysée» (de l'occupant de l'Élysée, c'est-à-dire le Président);
— de la partie au tout (ou l'inverse) : Saint-Étienne pour l'équipe de football de cette ville; le premier violon de l'orchestre (pour le premier violoniste); le trône pour la royauté, l'autel pour l'Église, etc. C'est la plus fréquente des métonymies, qu'on nomme plus précisément synecdoque.
· Cette liste n'est pas limitative. Il faut surtout comprendre que la métonymie repose sur un processus fondamental de la nomination qui, au lieu de désigner directement une réalité, l'évoque indirectement par association à une réalité contiguë. Selon le linguiste Jakobson, l'essor du vocabulaire ne peut se faire qu'à partir de l'analogie ou de l'association, c'est-à-dire par la voie métaphorique ou la voie métonymique. L'écriture et l'invention verbale des écrivains pourraient même permettre de distinguer ceux qui appartiennent au pôle métaphorique de ceux qui relèvent du pôle métonymique…


METONYMIE (n. f.) Opposée à métaphore. 1. — (Rhétorique class.) Transposition ou changement de nom, de la cause à l’effet et réciproquement, du contenant au contenu, du signe pour la chose signifiée, etc. 2. — Permutation d’unités de la chaîne signifiante due à leur contiguïté sémantique ou positionnelle lorsqu’ils font partie des mêmes contextes habituels (Jakobson). 3. — (Psychan.) Lacan identifie la condensation de significations qui a lieu dans le rêve ou la névrose à un procédé métonymique.


Liens utiles