SRI LANKA
État insulaire de l'océan Indien, au S.-E. de l'Inde, appelé Ceylan jusqu'en 1972 ; capitale Colombo. Le premier fait important de l'histoire de Ceylan est la conquête de l'île, vers le milieu du V. e s. av. J.-C., par des Aryens de l'Inde, qui refoulèrent vers l'intérieur les premiers habitants de l'île, le peuple chasseur des Veddas. En 483 av. J.-C., le prince indien Vijaya fonda le premier royaume cinghalais, de civilisation hindouiste. Le bouddhisme fut introduit à Ceylan au IIIe s. av. J.-C. par des missionnaires envoyés par le grand empereur indien Açoka (v.). La capitale du bouddhisme cinghalais fut Anuradhapura, et Ceylan est restée jusqu'à nos jours le principal bastion du bouddhisme du Petit Véhicule (Théravada) (v. BOUDDHISME). Dans les premiers siècles de notre ère, Ceylan subit une série d'invasions des Tamouls de l'Inde méridionale, de religion hindouiste ; la plus importante fut, au XIe s., l'invasion du roi des Cholas, Rajaraja Ier, qui contraignit les Cinghalais à se réfugier dans la partie sud-ouest de l'île. Le redressement cinghalais s'affirma sous le règne de Parakrama Bahou Ier (vers 1155), mais un royaume tamoul subsista au nord de Ceylan. Visitée régulièrement par des voyageurs arabes aux XIIe/XIIIe s., Ceylan commença à être colonisée en 1505 par les Portugais, qui y introduisirent le christianisme ; seul le royaume indigène de Kandy, dans le massif montagneux qui se trouve au centre de l'île, réussit à maintenir son indépendance jusqu'au début du XIXe s. Après une longue guerre, les Portugais furent chassés par les Hollandais en 1656, mais les Anglais réussirent, en 1795, à s'emparer de Ceylan, dont la possession leur fut reconnue par le traité d'Amiens (1802). Après un échec en 1803, l'Angleterre soumit en 1815 le royaume de Kandy. Durant la période de domination britannique, la main-d'uvre tamoule, importée de l'Inde pour travailler dans les grandes plantations, s'installa dans le pays. Ceylan devint indépendante le 4 févr. 1948, tout en restant membre du Commonwealth. Le premier chef du gouvernement fut D.S. Senanayake, chef du parti national uni (UNP), mais cette organisation se scinda en 1951, et le chef des dissidents, Salomon Bandaranaike, fonda le parti de la liberté (SLFP), qui l'emporta aux élections de 1956. Bandaranaike mena une politique neutraliste, obligea les Anglais à abandonner leurs dernières bases militaires à Ceylan et décréta le cinghalais langue officielle unique (1956), ce qui provoqua un vif mécontentement dans la population tamoule. Un accord conclu en 1964 avec l'Inde posa le principe du rapatriement en Inde d'environ 500 000 Tamouls. Assassiné en 1959 par un moine bouddhiste, S. Bandaranaike fut remplacé par sa femme, qui s'appuya sur le SLFP, victorieux aux élections de 1960. Alliée au parti trotskiste Lanka Sama Samaja (LSSP), Mme Sirimavo Bandaranaike pratiqua une politique socialiste ; les écoles et diverses industries furent nationalisées. Battue aux élections de 1965 par le parti national uni, modéré et pro-occidental, de Dudley Senanayake, Mme Bandaranaike prit sa revanche et obtint un triomphe électoral en mai 1970 à la tête d'une grande coalition de gauche groupant son propre parti, le SLFP, les trotskistes du LSSP et le parti communiste de tendance prosoviétique. En 1972, Ceylan adopta comme nom officiel son vieux nom sanskrit de Sri Lanka ; l'île resta membre du Commonwealth. En 1975, Mme Bandaranaike poursuivit sa politique de nationalisation des terres, des plantations de thé, d'hévéas et de cocotiers appartenant encore à des sociétés étrangères, britanniques pour la plupart. Cette politique, en période de crise mondiale particulièrement préjudiciable aux économies de grandes plantations, provoqua la défaite de la coalition de gauche aux élections de 1977. J.R. Jayawardene fit modifier la Constitution et devint président de la République en 1978 ; il restaura le libéralisme économique et dénationalisa. Empoisonnée par les violences dues au séparatisme tamoul, la vie politique se poursuivait dans l'alternance : à la présidence libérale de Ranasinghe Premadasa (1988/93), succéda la présidence de Sandrika Kumaratunga (fille de Salomon et Sirimavo Bandanaraike). Elle fut réélue en 1999 mais son parti, l'Alliance du peuple, n'obtint pas la majorité aux législatives d'oct. 2000 : elle dut former un gouvernement de coalition avec des Tamouls modérés et un parti musulman, tandis que les attentats suicide des tamouls continuaient. 00020000079F00001179 799,Depuis 1983, la dissidence tamoule a dégénéré en véritable guerre, au point que l'armée indienne fut appelée en 1987 pour écraser la rébellion des Tigres de libération de l'Eelam Tamoul (LTTE), organisation tamoule indépendantiste basée dans le nord de l'île. De nouvelles garanties furent concédées aux Tamouls : un gouvernement tamoul modéré et doté d'une relative autonomie se constitua au N. sous la protection de l'armée indienne (1988) et la langue tamoule fut reconnue langue officielle. Le retrait des troupes indiennes, en 1990, laissa le gouvernement seul face aux activistes tamouls. L'assassinat de personnalités politiques de premier plan, en particulier du président Premadasa, le 1er juin 1993, marqua l'échec de la politique de négociations engagée par le gouvernement. Malgré la reprise d'une partie de Jaffna au N. du pays par l'armée en oct. 1995, les combats se poursuivaient avec les séparatistes tamouls, qui lancèrent sur Colombo des actions terroristes en déc. 1995. Le gouvernement de Mme S. Kumaratunga se trouvait dans une impasse politique et militaire. En août 1998, l'état d'urgence fut décrété sur l'ensemble du territoire, la LTTE, soutenue par la puissante diaspora tamoule, continuant de mener une lutte sanglante pour l'indépendance. En déc. 1998, une importante opération militaire qui visait à ouvrir une route pour relier la péninsule de Jaffna au reste du pays échoua, alors que l'armée sri-lankaise avait engagé plus de 20 000 hommes. Les combats continuèrent d'affecter gravement les populations civiles. Les séparatistes de la LTTE profitèrent de la campagne présidentielle de déc. 1999 pour relancer l'offensive dans la péninsule de Jaffna et pour perpétrer une vague d'attentats, pendant laquelle la présidente elle-même fut blessée. En févr. 2002, le gouvernement signa un accord de paix avec les tamouls, levant notamment les sanctions économiques qui étaient imposées à leur région depuis sept ans.