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SEPTIME SÉVÈRE, Lucius Septimius Severus

Empereur romain (193/211). Africain de Tripolitaine (v.), il appartenait à une famille de chevaliers aisés et il étudia la philosophie à Athènes et le droit à Rome ; cependant, il n'eut jamais qu'un vernis de culture latine. Après avoir fait une carrière de haut fonctionnaire en Sardaigne, en Afrique et en Syrie, il commandait les légions d'Illyrie quand l'empereur Pertinax fut assassiné (193). Proclamé empereur par ses soldats, il élimina successivement ses compétiteurs Didius Julianus, Pescennius Niger et Albinus, se trouva seul maître en 197 et mit un terme à l'anarchie qui se prolongeait depuis la mort de Commode (192). S'appuyant sur l'armée (« Donnez de l'argent aux soldats, disait-il, et moquez-vous du reste ! »), il gouverna Rome en monarque absolu, bousculant les formes traditionnelles et menant une politique antisénatoriale. Pour remédier à la crise économique, il recourut à un dirigisme qui ne devait plus cesser de s'apesantir jusqu'à Dioclétien. L'augmentation des postes de procurateurs et la multiplication des bureaux marquèrent l'essor de la bureaucratisation de l'État. Excellent homme de guerre, Septime Sévère fut presque continuellement en guerre. Il battit à plusieurs reprises les Parthes et leur enleva la Mésopotamie (199/201). En 208, il entreprit une expédition en (Grande-) Bretagne, afin de repousser vers le Nord, les Calédoniens ; au nord du mur d'Hadrien, il fit construire entre le Firth of Forth et le Firth of Clyde le mur de Sévère. L'empereur mourut au cours de cette expédition. Marié à la Syrienne Julia Domna, fille du grand prêtre d'Émèse, Sévère eut deux fils, Caracalla et Géta, auxquels il laissa l'empire indivis.

Septime Sévère, Lucius Septimius Seve-rus (145-211) ; empereur romain [193-211].

La situation en 193, après l’assassinat de Commode, l’héritier de Marc Aurèle, rappelle, à certains égards, celle qui suivit la mort de Néron, lorsque les légions des provinces nommèrent quatre empereurs en une seule année (69). Tandis qu’à Rome, le désir qu’a Pertinax, acclamé empereur, de restaurer la puissance de l’État lui coûte et le trône et la vie, le gouverneur de Pannonie, S., est salué (9 avr. 193) empereur par ses troupes. Il se présente comme le vengeur de Pertinax assassiné par les prétoriens après quatre-vingt-sept jours de règne. Aussitôt, S. marche sur la capitale où il arrive en juin. Prend fin alors le très court règne de Didius Iulianus, successeur de Pertinax, qui avait acheté l’Empire aux prétoriens. Les soldats illyriens du nouveau souverain remplacent les troupes prétoriennes désarmées et dissoutes. Puis S. reconnaît comme César son concurrent Clodius Albinus, qui s’est déclaré en Bretagne, afin de le neutraliser et de combattre un autre prétendant apparu en Orient, le gouverneur de Syrie Pescennius Niger. En 194, celui-ci est vaincu à Issos en Cilicie : il est capturé et exécuté. Reste Albinus, que S. fait déclarer ennemi public en décembre 195. En 197 Albinus, qui a rallié à lui la Gaule et la Tarraconaise, est battu avec son armée à côté de Lugdunum (Lyon) par S., désormais seul maître de l’Empire. Premier empereur africain (il vient de Lepcis Magna en Tripolitaine), S. appartient à une lignée de notables locaux. Formation de juriste et de rhéteur, bon connaisseur de l’Empire (il a été en poste presque partout), administrateur énergique et capable, marié en 187 à Iulia Domna, fille du grand-prêtre du Soleil d’Émèse en Syrie, S. l’a emporté sur ses rivaux non seulement parce qu’il est soutenu par la coterie africaine, parce qu’il dispose d’une remarquable armée, parce qu’il a usé habilement de la propagande mais parce que des prétendants il est le plus intelligent, celui qui a su diviser ses ennemis, animer une solide équipe d’administrateurs et de généraux et avoir des vues réalistes à l’échelle de l’Empire. Il cherche à renforcer la légitimité de son pouvoir en s’appuyant sur une prétendue parenté avec les Antonins et il s’engage pour maintenir l’Empire dans des voies nouvelles. L’Italie est mise juridiquement sur le même pied que les provinces, le Sénat est abaissé au rang d’administration municipale et enfin les droits civiques sont conférés à l’Empire tout entier par son successeur, son fils Caracalla. En 197 est repoussée une attaque des Parthes, dont la capitale Ctésiphon tombe. En 198, cent ans après l’avènement de Trajan, S. est proclamé, comme lui, Parthicus Maximus. En 199, la Mésopotamie est une province romaine gouvernée par un préfet de rang équestre. Ce n’est qu’en 202, après avoir réorganisé l’Orient et l’Égypte (il donne un conseil municipal à Alexandrie, permet aux Égyptiens d’entrer au Sénat de Rome), que S. revient à Rome. Il en repart en 202-203, pour l’Afrique où peut-être la Numidie devient alors une province autonome (ou en 198-199) et contribue à en perfectionner l’organisation militaire. De retour à Rome (203-fin 207), il préside des Jeux séculaires et ses fils, Caracalla et Geta, consuls en 205, inaugurent un nouveau siècle. En 207, S. part pour la Bretagne (l’actuelle Grande-Bretagne). Les raisons n’en sont pas très claires : peut-être est-ce pour soustraire ses fils à l’influence pernicieuse de la vie dans une grande ville ? peut-être pour y réduire les tribus écossaises et compléter la conquête de l’île ? Lorsqu’il meurt à York en 211, malade et déçu, l’ennemi n’est pas soumis et la haine entre ses fils n’est pas apaisée. C’est en vain que leur ambitieuse et intelligente mère, qui fréquente les hommes les plus savants de son temps (par ex. le médecin Galien), tente de réconcilier les deux rivaux. Le plus jeune, Geta, meurt dans ses bras en 212 ; Caracalla, son meurtrier, est assassiné par Macrin, son préfet du prétoire, au cours d’une « nouvelle campagne d’Alexandre » contre les Parthes. Mais la dynastie des Sévères ne disparaît pas pour autant (Élagabal). Monarchie militaire, dynastique, antisénatoriale, monarchie absolue où le discours du Prince au Sénat devient source officielle du droit, la monarchie sévérienne réorganise l’armée, crée trois légions supplémentaires dont une est basée en Italie, adopte une nouvelle stratégie aux frontières, améliore les conditions d’existence des soldats, affirme par conviction autant que par opportunité le principe héréditaire dans la succession impériale, modifie la nature de la fonction impériale dans un sens plus absolutiste et relance le culte impérial où le culte des empereurs vivants est de plus en plus solidaire de celui des empereurs morts. A ses fils, la tradition veut que S. laissa ce conseil : « Vivez en harmonie, enrichissez les soldats et moquez-vous du reste. »

Bibliographie : M. Le Glay, Grandeur et chute de l'Empire, 1992.

SEPTIME SÉVÈRE (Leptis Magna, 146-Eburacum, auj. York, 211 ap. J.-C.). Empereur romain, fondateur de la dynastie des Sévères, il régna entre 193 et 211. Africain de Tripolitaine (nord-ouest de la Libye actuelle), issu d'une famille de chevaliers aisés, il fut proclamé empereur par ses soldats. Gouvernant avec autorité en s'appuyant sur l'armée, Septime Sévère rétablit l'ordre troublé, après la mort de Commode, par quatre ans de guerres civiles. Il enleva tout pouvoir au Sénat et fit de l'Empire un Etat bureaucratique et centralisé. Excellent général, il fut presque continuellement en guerre, notamment contre les Parthes (197-202), ce qui lui permit de constituer la province de Mésopotamie. Favorable aux cultes orientaux, il s'opposa au christianisme. Il mourut en (Grande) Bretagne où il menait depuis trois ans des campagnes, laissant l'Empire à ses deux fils, Caracalla et Géta. Voir Arc de triomphe, Équestre (Ordre).

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