royauté Spartiate
royauté Spartiate. La double royauté lacédémonienne est une originalité de cette cité, déjà très originale. Selon la légende, Aristodème ayant été tué à Naupacte alors qu’il s’apprêtait à retourner dans le Péloponnèse avec les autres Héraclides, ses deux fils jumeaux Eurysthène et Proclès, auraient reçu à sa place la royauté de Laconie. C’est à eux que remonterait la double royauté Spartiate, mais, ayant appelé des étrangers à leur aide, ils ne méritèrent pas le titre d’archégète, c’est-à-dire de « fondateur », et ce furent leurs fils Agis, fils d’Eurysthène, et Eurypon, fils de Proclès, qui donnèrent leurs noms aux deux grandes familles royales, les Agides et les Eurypontides. En réalité, deux génê => génos semblent avoir exercé à l’époque archaïque la prépondérance en Laconie, les Agides au nord-ouest, les Eurypontides au sud-est. Au lieu de se combattre, ils s’unirent pour régner sur la contrée unifiée, sans cependant se mêler par le mariage. Comme les rois homériques, ils étaient les chefs militaires, rendaient la justice, et le caractère divin de leur fonction était marqué par leurs prérogatives sacerdotales. Chaque mois, ils venaient avec leur sceptre présider l’assemblée (apella) qui se tenait entre le pont de Babyka et le torrent du Knakion. Les rois, déjà rivaux, se heurtaient à l’aristocratie, comme dans les autres cités grecques. De même qu’elle abaissa l’apella, elle réduisit lentement les prérogatives royales pour réunir les pouvoirs politiques entre les mains de la gérousia. À l’époque classique, les rois conservèrent leurs privilèges honorifiques et religieux; ils occupaient un palais, avaient droit aux meilleures places dans les manifestations publiques, recevaient une double part dans les syssities, offraient les sacrifices publics à Zeus et à Apollon ; en tant que juges, ils n’intervenaient plus que dans les questions de droit familial et religieux. En temps de guerre ils avaient droit à une petite garde et dirigeaient l’armée, mais c’étaient les éphores qui désignaient le roi qui partirait et celui qui resterait à Sparte, et ce chef d’armée n’était qu’un officier qui exécutait les ordres reçus de plus haut ; il avait l’initiative de la bataille, mais pas celle de la guerre ni de la campagne militaire à effectuer. Pour le reste, le pouvoir exécutif et législatif passa entièrement entre les mains de la gérousia et des éphores, qui avaient la haute main sur le roi et sur le règlement de la succession (pour les autres formes de royautés, => basileus, monarchie).
Sparte (Lacédémone), avec Athènes la plus importante cité de la Grèce, située au centre de la Laconie, dans une étroite plaine fertile, au bord de l'Eurotas et au pied du Taygète. La première cité fut fondée sans doute par les Achéens au milieu du IIe millénaire, au début de l’époque mycénienne. Homère nous a laissé le souvenir de cette ville riche et puissante sous les règnes de Tyndare et de son beau-fils Ménélas. C’est en pleine splendeur qu’elle fut incendiée, peut-être par les Doriens ; ceux-ci, selon une tradition, étaient commandés par l’Héraclide Aristodème, qui, après s’être rendu maître de la haute vallée de l’Eurotas, soumit toute la Laconie. Il laissa son royaume à ses deux fils Eurysthénès et Proclès, desquels procède la double royauté Spartiate. On attribue à Proclès la fondation de Sparte. Au reste, il se contenta de réunir quatre kômê, Pitanè, Limnai, Mésoa et Kynosoura, qui restèrent toujours séparées, formant des sortes de quartiers : on ne sait si le nom de Sparte qui fut donné à l’ensemble était l’appellation d’une cinquième kômê unie aux autres ou si c’est un nom, dont on ne connaît pas l’origine, qui coiffa le tout. Cette cité semble s’être élevée sur l’emplacement de la Lacédémone achéenne, dont elle reprit le nom, car le titre officiel du royaume était « la cité des Lacédémoniens » (hê polis hè Lakedaimôniôn). Il semble cependant qu’il n’y eut jamais d’équivalence absolue entre Lacédémoniens et Spartiates, et peut-être reste va lable, non sans quelques réserves, la distinction qu’ont voulu faire certains historiens en réservant le nom de Spartiates aux citoyens, qui, pour la plupart, descendaient des doriens, tandis que celui de Lacédémoniens aurait désigné l’ensemble des Spartiates, des hypoméiones et des périèques, les hilotes étant toujours exclus de cette communauté. Les Doriens avaient apporté en Laconie leur division en trois tribus gentilices, qui s’augmentèrent de deux tribus pour former cinq tribus territoriales, les ôbai : les citoyens appartenaient à une ôba par leur résidence et à une des trois phylê, ou tribus, par la naissance. Il serait faux de croire que tous les citoyens Spartiates aient été doriens; après la soumission d’Amyclées (vers le IXe s. av. J.-C.), ses habitants, qui étaient de souche achéenne, eurent le droit de bourgeoisie; des deux grandes familles Spartiates, l’une, les Ægides, descendait de Cadmos, l’autre, les Thalthybiades, qui conservait dans son sein la dignité de héraut, descendait de Thalthybios, héraut des Pélopides ; le roi de Sparte lui-même, Cléomène Ier, se disait achéen. Après avoir assuré leur domination sur la Laconie, les Lacédémoniens s’élancèrent à la conquête de la contrée voisine, la Messénie, au viiie s. av. J.-C.. Ces nouveaux territoires agrandirent le kléros de chaque citoyen —► constitution, et la population en fut asservie. Au siècle suivant, Sparte va connaître une grande floraison artistique et littéraire, de grands concours d’étrangers vont assister à ses fêtes brillantes, les poètes de la Grèce se retrouvent dans la glorieuse cité pour en être l'ornement. Et soudain, au vie s. av. J.-C., Lacédémone se replie sur elle-même et prétend vivre selon ses institutions militaires qu’on attribua à Lycurgue. Quelles furent les raisons de cette réforme, unique dans l’histoire du monde ? En réalité, on les ignore ; peut-être fut-elle le fait d’une aristocratie militaire jalouse de ses prérogatives et qui redoutait la puissance croissante des serfs, dont le nombre avait augmenté d’une façon menaçante depuis l’annexion de la Messénie. Sparte devint inhospitalière, répudia les arts et vit péricliter son industrie et son commerce. En revanche, son hégémonie militaire devint incontestée et après qu’elle eut formé la symmachie péloponnésienne, elle était, à la veille des guerres Médiques, la cité la plus puissante de la Grèce. C’est elle qui reçut le commandement des armées panhelléniques lors de l'invasion des Perses de Xerxès, mais Athènes, artisan des victoires contre les Perses, lui succéda pour mener la guerre contre l’ennemi asiatique. Pendant les premières décennies du Ve s. av. J.-C., elle se heurta à l’impérialisme athénien, tandis que, dans le Péloponnèse, elle avait à lutter sans cesse contre Argos. La guerre du Péloponnèse (431-404) qu’elle soutint contre Athènes et dont elle ressortit victorieuse, lui donna pendant trente ans la prééminence sur toute la Grèce jusqu’à la bataille de Leuctres (371) qui lui arrache cette hégémonie. Sparte se tiendra hors de la lutte menée par Athènes et Thèbes contre les Macédoniens ; ceux-ci resteront cependant ses irréductibles ennemis, même si les Macédoniens eurent plutôt tendance à la mépriser. Sparte se mourait de son manque de citoyens (oliganthropie) : 700 homoioi au milieu d’un peuple d'hypoméiones, de périèques et d’hilotes. Agis IV, aidé de l’éphore Lysandre, songe à des réformes et à une nouvelle répartition des terres en 19 500 lots. Accusé par les oligarques de violer la constitution, il sera mis à mort (241 av. J.-C.). Cléomène III fils de Léonidas, collègue et accusateur d’Agis, après s’être illustré par des victoires sur les Achéens, massacre et bannit ses adversaires et réalise les réformes d’Agis : il partage la terre en 4 000 lots (227), donne l’isotimie aux hypoméiones et à des périèques, libère 6 000 hilotes ; il entoure Sparte de murs et rend à sa cité un certain lustre. Mais les Achéens, unis aux Macédoniens, le battent à Sellasie (222). Sparte est occupée pour la première fois et doit subir le joug de ses tyrans, Machanidas et Nabis. Au IIe s. av. J.-C., Philopœmen fait entrer Sparte dans la ligue Achéenne, mais les Romains l’en détachent et, après la conquête, la laissent s’administrer elle-même. Auguste porte le dernier coup à son autorité en lui retirant son hégémonie sur les autres villes de Laconie, qui forment les cités des Éleuthéro-Laconiens, c’est-à-dire des Laconiens libres.
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