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RAISON (étymologie)

RAISON vient du latin ratio (génitif: rationis, accusatif: rationem) = calcul, faculté de calculer, raison, jugement, fait sur le verbe reri = «compter, penser». Pour les Latins, esprits pratiques, penser, c'était d'abord compter. Pour la formation du mot français, il suffit de remarquer que le groupe ti latin (t + yod) précédé de la voyelle a aboutit à z (s doux) et qu'il se dégage en avant un yod qui se combine avec la voyelle a pour donner ai. Pour le sens, il faut noter que le mot français a gardé les principaux sens du latin mais qu'il a pratiquement perdu celui de «calcul, compte», sauf dans une expression comme livre de raison. Cette expression a longtemps désigné le livre sur lequel le maître de maison inscrivait ses comptes et les principaux événements familiaux. Les mathématiciens savent aussi que raison signifie pour eux « rapport entre deux grandeurs ». Mots de la famille : déraison, raisonnable, déraisonnable, raisonner, déraisonner, etc. Le mot latin ratio est passé tel quel en français au sens de «rapport de deux grandeurs». Il a donné par formation savante des mots français assez nombreux. Au sens de «compte, mesure», il est devenu en français ration. D'où les dérivés : rationnaire, rationner, rationnement. Toujours en partant de ratio = « calcul » est né le verbe latin ratiocinari qui a fait naître notre verbe ratiociner («faire des calculs», d'où: «faire des raisonnements interminables»; «couper les cheveux en quatre » dit le parler populaire). Le t de ratiociner se prononce comme la sifflante dure s. Dérivés : ratiocination, ratiocinateur. Enfin sur ratio a été fait en latin l'adjectif rationalis (rationnel). D'où en français : rationnel, rationaliste, rationalisme, irrationnel, etc.

RAISON nom fém. - Faculté qui permet à l’homme de comprendre le monde.

ETYM. : du latin rationem, accusatif de ratio = « calcul », « compte ».

La tradition philosophique fait de la raison la faculté essentielle qui distingue l’homme et qui doit le guider en tout. Dans le champ de la science, elle lui permet de comprendre l’univers et de se comprendre lui-même. Elle lui sert également à distinguer le bien du mal, le beau du laid, et, en ce sens, l’homme doit s’en remettre à elle aussi bien dans le champ de la morale que dans celui de l’esthétique pour parvenir à la sagesse et au bien-vivre. Telle est la conception classique qui triomphe notamment au XVIIe siècle et qui tend à juger toute chose à l’aune d’une raison qui n’est quelquefois synonyme que de sens commun ou de sens de la mesure. La littérature et la philosophie s’attachent cependant quelquefois à montrer les limites d’une telle conception. En soulignant tout d’abord - avec Montaigne, par exemple - à quel point il est faux de croire que l’homme soit entièrement un être de raison : le préjugé, l’imagination peuvent nous égarer. En affirmant d’autre part qu’il est d’autres formes de la connaissance et certains domaines dans lesquels la raison est impuissante à pénétrer : ainsi celui de la foi pour les écrivains religieux comme Pascal. Avec le romantisme et plus encore le surréalisme s’affirme enfin l’idée que la littérature et plus spécialement la poésie se doivent de rompre avec la raison pour laisser libre cours à l’imagination et pénétrer dans le domaine de l’irrationnel.

—► CartésianismePassionRationalisme

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