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PENSÉE

PENSÉE, n.f. ♦ 1° Toute activité de la conscience humaine. ♦ 2° Dans un sens plus précis, on appelle pensée tous les phénomènes cognitifs, en particulier, ceux qui s'expriment par des jugements : «Penser, c'est connaître par concepts... c'est donc juger» (Kant). Aussi le mot pensée est parfois pris comme synonyme des termes entendement, intelligence ou raison. ♦ 3° En littérature, désigne une formule brève, concise, un jugement lapidaire, frappant (les Pensées de Pascal) ; ♦ 4° Pour Heidegger, la Pensée est pensée de l'Être, au sens où cet auteur le pose à la fois comme méditable et comme caché ; c'est pourquoi, selon lui, «nous ne pensons pas encore». ♦ 5° Chez Spinoza, la Pensée (toujours avec une majuscule en ce sens) est un attribut de la Substance (divine).

PENSÉE

♦ Au sens le plus large, la pensée enveloppe tous les phénomènes de l’esprit. C’est dans cette acception que Descartes utilise le mot, même s’il sous-entend que l’âme connaît simultanément les phénomènes en question. Par opposition aux sentiments et volitions, la pensée est alors synonyme d’intelligence.

♦ Au sens le plus strict, elle désigne l’entendement* et la raison comme capacités de comprendre la matière de la connaissance et de faire une synthèse plus élevée que la perception, la mémoire ou l’imagination.

♦ Les rapports entre la philosophie et la pensée ne sont pas aussi simples que pourraient le faire supposer ces acceptions ; dans la ligne de Heidegger, certains admettent en effet que la philosophie n’est rien d’autre que « l’aventure occidentale de la pensée » (J. Beaufret), ce qui revient à reconnaître en celle-ci la capacité d’interprétation qui prend en charge, d’une autre façon que la philosophie, la compréhension du monde et de l’existence. Dans cette optique, il faudrait qualifier de pensée toute réflexion antérieure ou extérieure à la philosophie : les présocratiques aussi bien que les textes ou sagesses orales des cultures non occidentales. On évoque alors les pensées (et non les philosophies) chinoise, hindoue, africaine, etc., dont les points communs, qu’elles partagent avec les présocratiques, seraient d’être non interrogatives et de privilégier le poético-noématique sur le discours strictement rationnel.

pensée, ensemble des phénomènes psychiques. On distingue une pensée vigile, réaliste, orientée vers l’adaptation au monde extérieur, et une pensée autistique ou onirique, régie par les besoins affectifs. La première, obéissant aux principes rationnels formés au cours du développement et au contact de la réalité, est socialisée ; elle s’exprime par la proposition (jugement) ou le mot (idée, concept). La seconde, échappant aux lois de la logique, désocialisée, emploie surtout des représentations symboliques, chargées de valeur affective ; on la trouve chez les schizophrènes, mais elle apparaît, chez l’homme normal, dans les rêves. On peut dire, d’une façon générale, que la pensée onirique (ou autistique) contient les phénomènes refoulés par la conscience vigile. C’est une pensée privée, qui se satisfait dans le symbole et ne requiert pas l’usage du langage, car elle n’est pas destinée à être communiquée. La pensée vigile, au contraire, est intimement liée au langage parlé ; les béhavioristes (J. B. Watson) considèrent même qu’elle n’est rien de plus que la parole demeurée subvocale par suite de l’insuffisance des incitations motrices parvenant aux organes phonateurs. Si cette explication paraît abusive, il n’en reste pas moins vrai que la pensée vigile est un acte qui oriente tout l’organisme vers la communication. Les expériences le prouvent de manière certaine : si on demande à un sujet de penser à un objet précis, on enregistre sur sa langue et sur ses lèvres (ou sur le bout des doigts dans le cas d’un sourd-muet) des courants d’action comparables à ceux qui sont constatés lorsque des paroles sont réellement prononcées. Le langage et la pensée sont donc intimement liés et s’influencent réciproquement : l’un et l’autre se développent parallèlement et le trouble de l’une se répercute sur l’autre.

pensée pratique, activité de l’esprit orientée vers la résolution des problèmes concrets de la vie quotidienne ou purement techniques. La pensée pratique repose sur l’activité perceptivo-motrice, mais elle ne s’y réduit pas.

pensée schématique, pensée dans laquelle les connaissances scolaires, les préjugés, l’acquis culturel l’emportent sur les structures intellectuelles construites par le sujet lui-même. Ce bagage artificiel, fait essentiellement de mots et de schémas rigides, constitue souvent pour la personne un handicap qui limite sa créativité. La pensée schématique s’oppose à l’invention.

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