Zazie dans le métro: Artifices du temps romanesque

« 1 / 2 Artifices du temps romanesque Oue ce soit dans le traitement de l'époque ou celui de la chronologie de l'action, Oueneau se moque du rapport au temps entretenu par l'intrigue romanesque traditionnelle.

D L'époque de l'après-guerre 1 Le roman est publié en 1959, et, bien qu'auc une date ne soit indiquée dans la chronologie du récit , les allusions fréquentes à la guerre et à l'Occupation montrent que l'histoire se déroule pendant la période de l'après-gu erre , c'est-à-dire les années 1950 : « Natürlich, dit Jeanne Lalochère qui avait été occupée.

» (p.

14).

1 On trouve des allusions aux bombardements, à juin 1944 («au fond on avait pas la mauvaise vie» (p.

48); on apprend que Gabriel a fait le STO.

Plusieurs mentions sont faites du quartier de Saint-Germain-des-Prés, à la mode à cette époque (p.

21) et aux caves où l'on danse (p.

37).

L'époque est donc contem o­ raine de l'écriture à peu de chose près.

1 C'est le début du modernisme , on croit au progrès, aux chan­ gements : « Dans vingt ans, y aura plus d'institutrices : elles seront remplacées par le cinéma, la tévé, l'électronique, des trucs comme ça.» (p.

30).

Le film montre un Paris en travaux.

des immeubles détruits.

des palissades de chantiers.

comme dans une époque de reconstruction après les bombardements.

1 Mais surtout la mode est à tout ce qui vient de l'Amérique : Zazie ne veut boire que du cacocalo (p.

22), Turandot s'étonne que Marceline fasse sa lessive elle-même et ne donne pas son linge « aux trucs automatiques américains» , il pense que Gabriel est « américanophile » (p.

50); Zazie connaît et recherche les surplus américains (p.

58), elle se fait offrir par Trouscaillon les « blou­ djinnzes » dont elle rêve depuis longtemps et qui lui vont parfaitement.

1 Queneau esquisse un portrait critique de cette époque sous l'humour des allusions, en en montrant l'aspect artificiel et la vacuité.

m Une concentration temporelle vide 1 Le récit suit un déroulement chronologique très régulier .

Chaque partie de l'action a son unité temporelle.

L'ensemble dure trente-six heures à peu près , centrées autour de LA journée parisienne de Zazie, selon l'indication de Jeanne Lalochère : «Je vous retrouve ici après demain pour le train de six heures soixante.

» (p.

14). 2 / 2. »