Uruguay (1985-1986)
Publié le 30/09/2020
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Uruguay (1985-1986)
En Uruguay, d'intenses conflits sociaux ont agité l'année 1985, après que le
président Julio María Sanguinetti, entré en fonctions le 1er mars, eut rétabli
les libertés anéanties par près de douze années de dictature militaire.
Celle-ci
avait provoqué une diminution de 50% des salaires réels ainsi qu'un fort
accroissement du chômage.
La misère et même la faim ont fait leur apparition
dans ce pays jadis opulent.
Aussi d'innombrables grèves ont-elles agité les
secteurs les plus divers: fonction publique, transports, industries textile,
vestimentaire, chimique, métallurgique, alimentaire, etc.
Accusée par certains dirigeants du Parti colorado (centriste), au pouvoir,
"d'ébranler" la fragile démocratie, la confédération ouvrière PIT-CNT, conduite
par M.
José d'Elía, n'a pas cédé dans ses revendications, montrant à plusieurs
reprises sa puissance, notamment lors d'une marche dans la capitale, le 8
novembre 1985.
Si les milliers de manifestants n'ont pas obtenu la démission du
ministre de l'Intérieur, M.
Carlos Manini Ríos, durement critiqué au Parlement
par l'opposition - à savoir le Parti blanco de M.
Wilson Ferreira Aldunate et le
Front élargi, coalition de gauche présidée par le général Líber Seregni -, ils
ont tout de même contraint les autorités à renouer le "dialogue national" autour
des thèmes les plus conflictuels: l'amélioration des conditions de vie des
travailleurs ; la répartition du budget de l'État pour 1986 ; le sort des
fonctionnaires destitués sous la dictature ; les termes du remboursement de la
dette, estimée à quelque 5 milliards de dollars, montant considérable compte
tenu du nombre d'habitants (2,9 millions, dont 1,3 à Montévidéo).
La gauche semble toutefois bien isolée lorsqu'elle exige le jugement des
militaires et des policiers impliqués dans des cas de disparitions, meurtres,
viols et tortures, et la commission d'enquête sur l'assassinat à Buenos Aires,
en mai 1976, des parlementaires uruguayens Zelmar Michelini et Héctor Gutiérrez
Ruiz a seulement mis en évidence l'existence de "complicités" entre les forces
répressives de la région.
Le président Sanguinetti estime que les anciens
guérilleros (parmi lesquels Raúl Sendic, chef des Tupamaros) ayant été amnistiés
- ils sont revenus à la vie légale lors de la Convention du 22 décembre 1985 -
et plus un seul prisonnier politique ne demeurant dans les prisons, il convient
de "tirer un trait sur le passé" et d'unir les efforts autour d'une reprise
économique étroitement liée, selon lui, à l'essor des exportations.
Signé le 1er septembre 1985, l'"Accord de Colonia" vise à revitaliser les
échanges avec l'Argentine, recherchés aussi avec le Brésil.
L'heure est au
rapprochement sans exclusive avec les autres pays latino-américains, comme en
témoigne le rétablissement des liens diplomatiques avec le Vénézuela (mars 1985)
et surtout avec Cuba (octobre 1985).
L'Uruguay, en ayant officiellement apporté
son soutien aux efforts du groupe de Contadora pour rétablir la paix en Amérique
centrale, montre ainsi qu'il entend mener une politique extérieure souveraine..
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