Tchécoslovaquie: 1986-1987
Publié le 27/09/2020
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Tchécoslovaquie: 1986-1987
En Tchécoslovaquie, au printemps 1987, l'équipe dirigeante mise en place après
l'intervention militaire soviétique d'août 1968 était pour l'essentiel toujours
en place, avec Gustav Husák comme secrétaire général du Parti communiste
tchécoslovaque (PCT) et président de la République.
Pourtant, la "normalisation"
a conduit le pays a une profonde crise dont les symptômes se sont fortement
accentués depuis la fin des années soixante-dix.
La politique menée n'a pas
réussi à assurer la progression du niveau de vie.
Le "revenu national utilisé"
était en 1985 plus faible qu'en 1980, les salaires réels des ouvriers et des
employés plus bas qu'en 1978 et les termes de l'échange se sont détériorés de
33% par rapport à 1970.
L'année 1986 a vu cette politique "normalisatrice" confrontée à l'effort de
réforme entrepris par Mikhaïl Gorbatchev en Union soviétique.
La critique du
déclin économique et politique du pays a été de plus en plus forte, y compris au
sein des structures du pouvoir.
Jusqu'alors, ce genre de critique était limité
aux cercles de l'"opposition non officielle", en particulier aux milieux proches
de la Charte 77 (au début janvier 1977, cette communauté a commémoré le dixième
anniversaire de son combat pour les droits de l'homme).
Lors du XVIIe Congrès du
PCT, en mars 1986, la politique suivie n'avait pas encore été modifiée et les
élections de mai 1986 ont, comme d'habitude, donné 99,9% des voix aux candidats
officiels.
Malgré l'augmentation du "revenu national brut" (3,4% en 1986), le retard pris
au niveau technique et en matière de qualité des produits n'a cessé de
s'accentuer.
En fin d'année 1986 la question clé qui se posait était celle d'une
réforme économique susceptible de sortir la Tchécoslovaquie d'une stagnation
durable.
Cette question a divisé les dirigeants du pays: les "pragmatiques",
comme le chef du gouvernement Lubomir Strougal, se sont engagés en faveur de la
réforme ; en revanche, de nombreuses réticences ont été exprimées par les
"idéologues", et notamment par le chef de la fraction dure de l'appareil du PCT,
Vasil Bilak.
Depuis 1969, ces derniers redoutent tout changement qui pourrait à
leurs yeux ouvrir la voie à un nouveau printemps de Prague.
Le principe de la réforme a tout de même fini par être accepté: le dirigisme de
l'État dans l'économie devra être plus limité et l'autonomie des entreprises
renforcée.
Une lutte politique se déroule dont l'enjeu est la profondeur de
cette réforme et son rythme de réalisation.
Le pays a besoin de changer non
seulement ses méthodes de gestion économique, mais aussi l'atmosphère sociale,
le niveau de l'information, la politique culturelle...
En outre, la tendance au
déclin ne pourra être renversée sans une véritable ouverture au monde, un plus
grand respect des droits des citoyens et une libéralisation de l'accès aux
responsabilités, jusqu'alors monopolisées par les membres du PCT.
La visite de Mikhaïl Gorbatchev, du 9 au 12 avril 1987, semblait pouvoir
conforter les partisans d'un nouveau cours politique.
Nombreux étaient ceux qui
attendaient de cette visite une réappréciation de l'attitude soviétique
vis-à-vis de la démocratisation interrompue en 1968.
Mais le secrétaire général
du Parti soviétique n'en n'a pas soufflé mot dans ses discours publics ; il a
semblé au contraire donner quitus à l'équipe en place..
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