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Talleyrand

Publié le 16/05/2020

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« Talleyrand S'il existe des lois de l'hérédité, Talleyrand a dû posséder un peu du talent stratégique et de la cruauté de Montluc, de l'esprit des Mortemart, du sens desaffaires et de l'État de Colbert et de Chamillart : tels étaient certains de ses ancêtres, lorsqu'il naquit à Paris, le 2 février 1754.

Fils puîné d'un grandseigneur sans fortune, il fut confié à une nourrice, chez laquelle il se démit le pied droit : il en resta boiteux.

La carrière des armes lui étant ainsi fermée, il futdestiné à l'Église.

Il a beaucoup souffert de son abandon quand il était enfant, de son infirmité, de l'état ecclésiastique qui lui fut imposé.

Il n'était fait nipour la pauvreté, ni pour la chasteté, ni pour l'obéissance.

Ordonné prêtre à vingt-cinq ans, il réussit à scandaliser par la liberté de ses moeurs une sociétépourtant tolérante.

Il se lia d'amitié avec Panchaud, banquier d'origine suisse et protestante, qui lui apprit les finances, matière pour lui "pleine decharmes".

Nommé en 1780 agent général du clergé, l'abbé fit dans cette charge l'apprentissage des affaires.

L'une de ses maîtresses, Mme de Flahaut, eutalors de lui un fils qui fut plus tard le père de Morny.

Enfin, il faisait partie de la société du duc d'Orléans et devint comme lui franc-maçon.

Il se désolaitcependant de ne pas devenir évêque, puisque telle était en principe sa carrière.

Son père mourant demanda cette grâce à Louis XVI, qui l'accorda, malgréles réticences de la mère, épouvantée de l'impiété de son fils.

En novembre 1788, il devint évêque d'Autun, mais ne résida dans sa ville que trente jours, letemps de préparer son élection aux états généraux comme député du clergé.

Son programme était une monarchie constitutionnelle, assise sur deuxprincipes, la propriété et la liberté ; l'abolition des privilèges en matière d'impôts ; enfin le rétablissement du crédit.

Il fut élu sans difficulté.

Dès ce moment,l'aristocrate cachait un homme d'affaires retors et joueur.

C e double registre devait lui valoir la haine de la vieille classe dirigeante et la méfiance de lanouvelle.

Incarnation d'une époque de transition, il se situait entre deux classes, l'aristocratie et la bourgeoisie, et entre deux époques, le règne de laféodalité et celui du capitalisme ; homme d'Église, il était cynique et amoral.

Il fallait beaucoup de talent pour surmonter ces contradictions : il en eut.

Aprèsle 14 juillet 1789, il alla voir le comte d'Artois (Charles X), qui lui dit : "Mon parti est pris ; je pars demain matin, et je quitte la France." L'évêque répondit :"Alors, il ne reste plus à chacun de nous qu'à songer à ses propres intérêts." Devant les difficultés financières de l'État, il déposa le 10 octobre un projetremettant à la nation les biens du clergé : il donnait ainsi des gages à la Révolution et se poussait vers un ministère.

L'année suivante, il célébrait auChamp-de-Mars, le 14 juillet 1790, la messe dite pour la fête de la Fédération.

"Ne me faites pas rire", confiait-il au passage à La Fayette.

Il se prononçaensuite pour la Constitution civile du clergé, à laquelle il prêta serment, et il sacra lui-même les évêques assermentés.

En janvier 1792, il fut envoyé àLondres pour convaincre Pitt de garder la neutralité dans le conflit qui s'annonçait, mais il échoua.

De retour à Paris, il assista le 10 août 1792 à la chute dela monarchie et comprit aussitôt qu'il devait chercher son salut dans la fuite.

En septembre, il obtint de Danton un passeport pour l'Angleterre.

Il était temps: des documents trouvés dans l'armoire de fer des Tuileries prouvaient qu'en 1791 Talleyrand avait offert secrètement ses services au roi.

Ici s'ouvre unepériode sombre de sa vie : passé à Londres, il y resta jusqu'à ce qu'en janvier 1794 le gouvernement anglais lui ordonnât de quitter le pays.

Il gagnaPhiladelphie, mais il lui fut impossible d'y jouer un rôle politique.

Il subsista en spéculant sur les terrains.

Cette expérience américaine eut des suites : ilsoumit à l'Institut un essai consacré aux Avantages à retirer des colonies : en 1798, il remit au gouvernement un rapport sur la question d'Égypte, qui fut àl'origine de l'expédition de Bonaparte.

Après le 9 Thermidor, il se fit rayer de la liste des émigrés et rentra en France.

Un an plus tard, grâce à l'insistance deMme de Staël auprès de Barras, le Directoire le nomma ministre des Relations extérieures (juillet 1797), charge qu'il conserva pendant dix ans à l'exceptiond'une courte interruption dans les derniers temps du Directoire. "Nous tenons la place ; il faut y faire une fortune immense." La vénalité de Talleyrand est avérée ; avec cynisme, il profita des circonstances au mieux deses intérêts.

Pressentant en Bonaparte l'homme qui saurait barrer la route à un nouveau Robespierre, il donna son adhésion au 18 Brumaire.

Pendant toutela période consulaire et impériale, "il a signé les événements, il ne les a pas faits" (Chateaubriand).

En 1803, sur la demande de Bonaparte et après avoirété relevé de l'excommunication, il épousa sa maîtresse, Mme Grand.

Il conclut avec l'Autriche la paix de Lunéville (1801), avec l'Angleterre celled'Amiens (1802), enfin le traité de Presbourg (1806).

Mais, après l'entrevue de Tilsit (1807) entre Napoléon et le tsar Alexandre Ier, il comprit que la soifde conquêtes de l'empereur ne serait jamais étanchée : tandis qu'il avait préconisé une paix modérée avec l'A utriche, puis un compromis avec l'Angleterre,l'empereur avait repris les hostilités.

Le 9 août 1807, il perdit son ministère, alors qu'il désapprouvait l'expédition d'Espagne.

Au cours de l'entrevued'Erfurt (1808), il conseilla au tsar de résister à Napoléon, puis resta en rapports secrets avec la Russie et l'Autriche.

A yant comploté avec Fouché leremplacement de Napoléon, celui-ci, qui avait eu jusqu'alors la faiblesse de continuer à prendre ses avis, lui retira sa charge de grand chambellan (1809).Le prince de Bénévent disgracié resta au centre d'un réseau occulte de "partisans de la paix" dont les contacts extérieurs s'établissaient par Hambourg, lagrande place de commerce où les résistances à un Blocus total avaient toujours été fortes.

En 1814, quand les Alliés entrèrent à Paris, ils pensèrentd'abord à garantir les droits du roi de Rome, fils d'une Habsbourg.

Talleyrand, à la recherche d'une solution de rechange, soutint le principe de légitimité etconvainquit Alexandre Ier de faire appel aux Bourbons.

Chef du gouvernement provisoire, il fit proclamer par le Sénat la déchéance de Napoléon et larestauration de Louis XVIII.

Le 30 mai 1814, Talleyrand signait le traité de Paris, qui ramenait la France à ses limites de 1792 : il abandonnait tout et neréclamait rien.

De plus, le sort de la France était fixé sans qu'on eût parlé du reste de l'Europe.

Représentant la France au C ongrès de Vienne, il réussit enjanvier 1815 à conclure un traité secret d'alliance avec l'Angleterre et l'Autriche, contre la Russie et la Prusse.

Il brisait ainsi la coalition anti-française ;mais jouer contre la Russie alors qu'elle venait d'empêcher, au traité de Paris, que la France fût dépecée, n'était-ce pas bien dangereux ? D'autre part, laPrusse obtenait des territoires sur la rive gauche du Rhin et s'y établissait à portée de l'Alsace et de la Lorraine.

Les conséquences de cette cession furentgraves ; on reprochera plus tard à Talleyrand de ne pas s'y être opposé. Au début de la seconde Restauration, Talleyrand fut président du Conseil pendant deux mois et demi (9 juillet - 24 septembre 1815), mais le parti ultraobtint bientôt le départ du "vilain boiteux".

Patient, il mit quinze ans à se venger.

Il subventionna la campagne du National et soutint le jeune Thiers ; le 29juillet 1830, il envoya un messager à Madame Adélaïde, soeur de Louis-Philippe Ier, pour qu'elle incitât son frère à se mettre à la tête du mouvement.

Letriomphe de la bourgeoisie était assuré, le retour de Talleyrand aux affaires également : il fut nommé ambassadeur à Londres et resta en poste quatre ans.Ce fut peut-être à cette époque qu'il eut l'action la plus bénéfique.

Il réussit à faire accepter au monde la nouvelle dynastie d'Orléans et à conserver la paixà l'Europe.

Après 1834, Talleyrand quitta les affaires et partagea son temps entre Valençay, sa terre du Berry, et l'hôtel de la rue Saint-Florentin à Paris.

Ily vivait depuis vingt ans avec la femme de son neveu, la duchesse de Dino, qui le réconcilia avec l'Église juste avant sa mort, survenue le 17 mai 1838. Talleyrand fut certainement un très habile diplomate, mais on peut se demander s'il fut un grand homme d'État.

Ses contemporains en doutaient ; Guizotécrivait de lui : "Hors d'une crise ou d'un congrès, il n'était ni habile, ni puissant.

Homme de cour et de diplomatie, non de gouvernement." D'où vient donc lafascination qu'il a toujours exercée ? De la publicité qu'il sut se faire, de son cynisme, de son style de vie ? Talleyrand acceptant des pots-de-vin de toutel'Europe en faisant des mots d'esprit est un personnage de légende qui a toujours enchanté beaucoup de Français.

En fait, mêlé pendant cinquante ans à desévénements capitaux, il a su durer sous tous les régimes ; grand acteur, il a conquis son public.

Balzac disait : "Il n'y a pas de principes, il n'y a que descirconstances...

L'homme supérieur épouse les événements pour les conduire." Plus modestement, Talleyrand nous paraît aujourd'hui l'incarnation del'opportunisme.. »

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