Stanislas LÉPINE:LE PORT DE CAEN (analyse du tableau).

« / Stanislas LEPINE LE PORT DE CAEN Citant un vers de Mallarmé, un critique résume ainsi la v ie de Lépine : «caché parmi 1 'herbe ».

Ce peintre discret resta en effet toute sa vie à l'écart des grands mouvements artistiques.

Son seul honneur fut, après trente ans d'envois, de recevoir une troisième médaille du Salon.

Lépine n'eut même pas le lo isir de profiter de cette petite gloire tardive: quelques années plus tord, complètement paralysé, il se r~trou­ vait cloué dans un fauteuil, qu' il ne devait plus quitter jusqu'à sa mort.

Peut-être était-il né trop tôt.

«Il vogua des rives de Corot (dont il fut l'élève) qu'il adoucit à ses exigences , aux girandoles impressionnistes dont il s'imbiba modérément , crudifiant les tons, aérant la matière , dépouillant les col­ lines, les prairies , les arbres, les rues et les ponts du glossaire routinier du paysage », écrit Alfred Daber.

Ce n'était malheureusement pas suffisant pour plaire au public, et il faudra toute la perspica­ ci té du marchand de tableau x Durand-Ruel pour éviter à cet artiste de tomber dans l'oubli en organ isant quelques annnées après sa mort une grande exposition rétrospective de son œuvre.

LE LIEU Le port de Caen, un bassin formé par l'em­ bouchure de l'Orne, abritait de très nombreux voil iers.

Le spectacle était familier à Lépine , puisqu ' il vivait dans cette ville normande, qui, avec la Seine et Paris, cons titu e l 'un de ses thèmes de prédilection.

Il nous en a lai ssé de très nombreuses vues, très proches les ·unes des autres.

Le peintre choisi ssait généra lement un angle de vue qui lui permettait d'insérer le port dans la ville , dont il représentait avec pré­ cision les moindres édifices.

LA COTE Lors de son passage en vente en 1990, cette toile avait été estimée 400000 FF (72 000 dollar s environ ).

Deu x an s plu s tard , pour un Ba ssin de Caen, l'e stimation la plu s haute avait été de 560000 FF (100000 dollar s).

Belle revanche posthume pour un arti ste qui mourut dan s la mi sè re ! Stanislas LÉPINE 1835-1892 • Le Port de Caen • Huile sur toile 35 cm x 46,3 cm • Signé en bas , à gauche, « S.

Lépine » • Date inconnue (peut-être 1860) • Localisation: collection particulière LE TABLEAU La construction , le sens du détail et la fascina­ tion pour la lumi ère sont les trois grandes pré­ occupations de Lépine Ce Port de Caen est ainsi solidement structuré par la large bande horizontale sur laquelle se dressent les éd ifi ces de la ville .

L'imp osant trois-mâts asseoit le tableau vers la gauche, tandis que de petites barques apportent lég~reté et mouvement à la toile.

«Lépine , a écrit Emile Cardon , ne copie pas la réalité .

Il choisit parmi les détails vrais les plus probants et les plus pittoresques : faire œuvre d'artiste , pour lui, c'est choisir .» Lé p ine sava it joue r s ur l es con trast es.

La pe tite embar ca tion est pei nte avec préc isio n.

l 'eau est rendue par de p lus larg es tou che s et le dégrad é de la cou leur ouvr e la pe rspe ctive .. »