Soudan (1995-1996)
Publié le 24/09/2020
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Soudan (1995-1996)
Le régime islamiste soudanais fait preuve d'un grand talent pour se créer des
problèmes, mais également pour les gérer dans la durée.
L'implication de
certains de ses plus hauts responsables dans la tentative d'assassinat du
président égyptien Hosni Moubarak, le 26 juin 1996, et la poursuite des
violations des droits de l'homme à grande échelle, notamment dans les monts
Nouba, ont certes limité davantage sa marge de manoeuvre internationale, mais
sans la réduire totalement.
L'année 1996 devait être pour les islamistes soudanais la clôture de la période
ouverte par le coup d'État militaire de 1989, avec des élections parlementaires
et présidentielle sur mesure devant conférer une légitimité au régime, notamment
par rapport à la communauté internationale.
Les scrutins tenus du 6 au 17 mars
ont entériné des choix déjà faits au niveau de l'exécutif: le général Ahmed
el-Bechir a été reconduit à la présidence et Hassan el-Tourabi, le leader des
islamistes, est devenu président du Parlement.
Mais cela ne garantissait pas le
règlement définitif du problème de l'alliance des militaires et des islamistes.
En outre, pas plus le taux de participation annoncé officiellement (72,2 %) que
la quarantaine de candidats à la présidence - souvent complètement inconnus de
l'électorat - n'ont conforté la crédibilité d'élections boycottées par
l'opposition, notamment par l'ancien Premier ministre, Sadeq el-Mahdi.
Les dirigeants soudanais ont certes craint de se retrouver dans une situation
analogue à celle de la Libye après le vote de la résolution 1044 du Conseil de
sécurité des Nations unies qui leur enjoignait de livrer les terroristes
impliqués dans l'attentat contre H.
Moubarak, mais les sanctions adoptées deux
mois plus tard sont apparues comme un moindre mal.
Une nouvelle fois, les
islamistes soudanais ont profité de l'incohérence politique de l'Égypte, qui a
craint, en isolant Khartoum, de renforcer les velléités sécessionnistes au
Sud-Soudan et de remettre ainsi en cause le partage des eaux du Nil.
L'expulsion, en juin 1996, de l'homme lige des "Afghans", Oussama Ben Laden, a
visé à convaincre une communauté internationale très justement méfiante de la
bonne volonté soudanaise.
La situation régionale s'est considérablement détériorée non plus seulement avec
l'Éthiopie.
Kampala, qui est confronté à des groupes armés à la frontière
soudanaise, et Asmara ont intensifié leur soutien à l'Armée populaire de
libération du Soudan (APLS) de John Garang et à l'opposition nordiste regroupée
dans l'Alliance démocratique nationale qui a retrouvé une certaine crédibilité
grâce à une forte implication érythréenne.
Les résultats militaires sont
demeurés modestes, bien que significatifs, soulignant la nécessité d'une
clarification politique de l'opposition pour pouvoir capitaliser les
mécontentements intérieurs croissants.
Khartoum a d'ailleurs réussi à se rallier
les dirigeants de l'opposition sudiste à J.
Garang, certes très affaiblis, comme
Lam Akol, Rieck Machar et Carabino Kuyanyin Bol.
De nouvelles livraisons d'armes
chinoises, apparemment payées par l'Iran, sont parvenues au Soudan en novembre
1995, prouvant que la guerre pouvait encore durer.
La situation économique intérieure est demeurée très préoccupante, puisque le
coût de la guerre a été évalué à près de 20 % du PIB nominal.
L'inflation est
restée importante, de l'ordre de 85 % en 1995, provoquant des manifestations de.
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