Soudan (1993-1994)
Publié le 24/09/2020
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Soudan (1993-1994)
Le régime islamiste soudanais a subi de nombreux revers au niveau international
à partir de l'été 1993.
Suspendu en août de son droit de vote au sein du FMI, il
a été exclu de l'organisation en février 1994, ce qui a rendu très difficile
l'octroi de prêts par des banques privées.
La décision américaine de porter le
pays sur la liste des États soutenant le terrorisme international a indiqué que
Washington entendait maintenir de fortes pressions sur Khartoum.
Madeleine
Albright, ambassadeur américain aux Nations unies, a reformulé en avril 1994 les
accusations portées contre le Soudan après l'attentat contre le World Trade
Center de New York; l'ambassadeur britannique à Khartoum, avait, quant à lui,
été expulsé en janvier 1994.
Enfin, le pays a été condamné par la Commission des
droits de l'homme de l'ONU, en février 1994.
Le Conseil de commandement révolutionnaire avait pourtant été dissous, en
octobre 1993, afin de donner un visage plus civil aux institutions.
La
répression au Nord s'était faite plus sélective et la torture plus
intermittente...
Mais ces mesures homéopathiques ne pouvaient dissimuler les
pans les plus répressifs de la politique du régime: emprisonnement des
opposants, y compris des dirigeants des grands partis traditionnels,
bombardement de populations civiles au Sud, restriction des libertés
d'expression y compris au sein de sa propre base...
Cet échec s'est doublé d'une très forte dégradation de la situation économique
qui a entraîné la démission du ministre des Finances devenu trop impopulaire, la
suspension d'opérations bancaires islamiques (murabaha), la dévaluation répétée
de la monnaie.
Après de bonnes récoltes en 1992, le Soudan s'est trouvé
confronté à un déficit agricole évalué à plus de 400000 tonnes.
Cette situation
a prouvé la fragilité d'une politique agricole volontariste, qui a eu cependant
des résultats impressionnants à partir de 1991.
L'inflation et la pénurie de
produits de première nécessité ont obligé le gouvernement, après qu'il y a eu
plusieurs manifestations violentes à Khartoum, El-Obeid et Gedaref, à
réintroduire le rationnement.
Devant cette détérioration de la situation, les islamistes au pouvoir se sont
efforcés de parfaire leur contrôle du pays.
Ils ont, d'une part, commencé de
reprendre le contrôle des mosquées afin d'éviter que celles-ci ne servent de
lieux d'expression à l'opposition.
En effet, l'ancien Premier ministre Sadeq
el-Mahdi s'en est très habilement servi et a appelé à un "jihâd civil" contre le
pouvoir.
Si l'opposition à l'étranger n'a plus guère bénéficié de crédibilité,
dans le pays elle est parue sortir de sa léthargie et a commencé à se
réorganiser.
La guerre au Sud a joué dans ces événements un rôle paradoxal, coûtant plus de
400 millions de dollars par an et mettant ainsi à genou le gouvernement.
Son
importance n'a pourtant pas été reconnue par le "Centre".
Lors de la conférence
de Washington en octobre 1993, les deux principales factions de l'Armée
populaire de libération du Soudan (APLS, en guerre depuis 1983 contre le pouvoir
central) conduites par John Garang et R.
Mashar se sont prononcées pour une
auto-détermination du Sud et, donc à terme, pour la sécession.
Les dirigeants du
Nord n'ont pas décidé de la position à adopter devant cette revendication
majoritaire au Sud et appuyée au Nord par la lassitude d'une population voyant.
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