Sextus Empiricus et l'ataraxie

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« Extrait En prenant le terme de principe ou de cause, pour la fin ou pour la cause finale, nous disons que le principe, ou la cause, ou du scepticisme est l'espérance que le philosophe sceptique a de parvenir par le moyen de cette sorte de philosophie, à l'Ataraxie, c'est-à-dire, à l'exemption de trouble, ou à la tranquillité de l'âme. Car les grands génies, qui ont été les auteurs de cette discipline, voyant que cette égalité de raisons qu'ils remarquaient dans les choses, les troublait, ils commencèrent à examiner ce qu'il pouvait y avoir de vrai ou de faux dans les choses, afin de se procurer une disposition exempte de trouble, par le discernement qu'ils feraient de ces choses. Mais si on demande le principe sur lequel le sceptique se fonde principalement pour douter de tout, c'est celui-ci : que toute raison peut être contredite par une raison opposée d'un poids et d'un moment égal. Ce principe-là nous conduit à reconnaître qu'il n'y a aucun dogme, rien que l'on ne puisse affirmer ou nier dogmatiquement et avec assurance. Esquisses pyrrhoniennes, livre I, Seuil, 1997. ...»

SEXTUS EMPIRICUS. Philosophe et savant grec. Né peut-être à Mytilène vers l’an 150, mort à Athènes ou à Alexandrie vers 210. On le surnomma Empiricus à cause du nom de la secte de médecins à laquelle il appartenait. Nous savons qu’il jouit d'une grande célébrité dans l’antiquité mais nous ignorons tout de sa vie et même s’il tint école ou se contenta d’écrire. Des deux ouvrages de lui qui nous sont parvenus, le premier s’intitule Institutions Pyrrhoniennes et se divise en trois livres. La méthode de l’auteur y consiste à opposer les uns aux autres les divers dogmes philosophiques et à montrer que la reconnaissance d’une vérité conduit à la négation d’une autre vérité, c’est-à-dire finalement à l’annulation de toute vérité. Le second ouvrage que nous avons de lui s’intitule : Contre les mathématiciens ou contre l’enseignement des sciences et se répartit en onze livres. L’ensemble constitue une négation de la science antique mais nous est tort utile parce qu’il nous renseigne en même temps sur l’état de cette science. Cet ouvrage était encore très lu à l’époque de Descartes et c’est une véritable mine de critiques, d’analyses et de comparaisons. Si la lecture de l’œuvre de Sextus Empiricus, qui abonde en sophismes, est assez fastidieuse, son intérêt historique est des plus grands, car tout en attaquant les diverses philosophies antiques, elle en retrace l’histoire et nous donne des renseignements sur les principaux philosophes grecs. Il s’agit donc non seulement d’une véritable encyclopédie du scepticisme mais d’une analyse extrêmement fidèle de toute la pensée de la Grèce antique.

♦ «Le monument élevé par Sextus Empiricus impose le respect par son étendue et son sérieux, il ne commande pas l’admiration. » Jean Grenier.