Sénégal (1993-1994)
Publié le 23/09/2020
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Sénégal (1993-1994)
Trois mois après l'élection présidentielle de février 1993, qui a vu la
reconduite dans ses fonctions du président sortant, Abdou Diouf, ont été
organisées les législatives (9 mai).
Six partis ou coalitions de partis s'y sont
opposés, mais l'affrontement véritable a mis face à face le Parti socialiste
(PS), au pouvoir, et le Parti démocratique sénégalais (PDS) de Me Abdoulaye
Wade, principal leader de l'opposition.
Malgré la perte de 19 sièges, le PS a
gardé la majorité absolue à l'Assemblée nationale, avec 84 sièges sur 120.
Le
PDS a gagné 10 sièges par rapport à 1988; il compte ainsi un total de 27
députés.
Cette progression n'a pas suffi à mettre véritablement en question
l'hégémonie, même érodée, du PS.
Les 9 sièges restant se sont partagés entre
quatre formations politiques entrées, pour la première fois, à l'Assemblée.
Le
taux de participation a été de 40,74%, soit près de onze points de moins qu'à la
présidentielle (51,46%).
Habib Thiam a formé, le 2 juin, le nouveau
gouvernement, attribuant cinq strapontins ministériels à trois partis
d'opposition.
C'est dans ce contexte qu'est intervenu, le 15 mai suivant, l'assassinat de
Babacar Seye, le vice-président du Conseil constitutionnel.
Unanimement
condamné, cet acte prémédité a encore alourdi le climat politique, très tendu
depuis la proclamation des résultats controversés de l'élection présidentielle.
Dans le mouvement, le pouvoir a fait procéder à l'interpellation de Me Wade et
de trois autres responsables de son parti, et à son inculpation, ainsi qu'à
celle de son épouse et d'un député PDS, le 1er octobre, pour complicité
d'assassinat et d'atteinte à la sûreté de l'État.
La situation en Casamance est, en outre, restée préoccupante.
En avril 1993, 300
indépendantistes ont été tués au cours d'affrontements avec l'armée sénégalaise,
laquelle a eu deux morts et six blessés.
Ces violences, les plus meurtrières
depuis le début de l'agitation en 1982, sont intervenues quelques jours après
l'appel à la fin des hostilités lancé par l'abbé Diamacoune Senghor, rentré au
Sénégal après huit mois d'exil en Guinée-Bissau.
La situation socio-économique s'est considérablement dégradée.
Accusé de ne pas
respecter ses engagements et de travestir depuis 1988 les données concernant sa
croissance économique, Dakar a dû subir l'interruption de l'aide de la Banque
mondiale à échéance de juillet 1993.
Confronté à la pression des bailleurs de
fonds, le gouvernement a décidé, en août, de réduire de 15% les salaires dans la
fonction publique.
Sitôt annoncée, cette mesure déclenchait la mobilisation de
l'opposition et des syndicats.
Contraint à la négociation, le pouvoir a alors
proposé une "modulation" de la baisse en fonction du niveau des salaires, ainsi
que diverses mesures d'accompagnement.
Ce dispositif n'a cependant pas résisté à la dévaluation du franc CFA le 12
janvier 1994, puisque, pour en compenser les effets négatifs, le gouvernement
décidait en janvier 1994 d'augmenter les salaires de 10% et de contrôler les
prix des produits de première nécessité.
Dans le même temps, une "loi
d'habilitation" donnait au président Diouf, qui s'était opposé à la dévaluation,
le pouvoir de légiférer par décret ou ordonnance pour la nouvelle situation.
Des
émeutes en réaction à la dévaluation éclataient cependant à Dakar le 16 février,
entraînant la mort de six personnes..
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