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Selon Pierre-Henri Simon, « l'exploitation moderne des mythes antiques » se fait généralement de la façon suivante: l'auteur moderne cherche à «y trouver, pour l'intelligence de l'homme du xxe siècle, un prétexte de réflexion et un jeu de symboles, en l'amusant d'ailleurs par la virtuosité de la transposition » (Théâtre et destin, 1959).

Publié le 09/12/2021

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Selon Pierre-Henri Simon, « l'exploitation moderne des mythes antiques » se fait généralement de la façon suivante: l'auteur moderne cherche à «y trouver, pour l'intelligence de l'homme du xxe siècle, un prétexte de réflexion et un jeu de symboles, en l'amusant d'ailleurs par la virtuosité de la transposition » (Théâtre et destin, 1959).. Ce document contient 2590 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Littérature
.. »). De même, la matrone, femme du peuple de Thèbes, utilise le registre familier. Usuel depuis que le drame romantique a aboli la classique séparation des genres au nom du naturel, le mélange des genres reste discret. Le spectateur sourit certes de la suffisance du chef qui écrase le simple soldat de sa supériorité ou du tact de Tirésias qui « traduit » habilement les paroles du soldat si peu flatteuses pour la reine. Mais le rire devient grinçant quand Jocaste s'obstine à affubler Tirésias du surnom grotesque de Zizi : ce manque de considération envers l'interprète des dieux est lourd de menaces, car Jocaste a tort et de se moquer de Tirésias, et de négliger ses avis. Tandis que d'autres dramaturges exploitent le mélange des genres pour traiter sur le mode comique un sujet grave, par exemple Giraudoux dans La guerre de Troie n'aura pas lieu, Cocteau ne se sert du comique que comme contrepoint, mais laisse à sa pièce une tonalité dominante relevant du tragique : l'impossibilité pour Jocaste et Oedipe d'échapper à leur destin. [3. Les innovations du dramaturge] La virtuosité de Cocteau se situe ailleurs : au lieu de se contenter d'une transposition, il innove hardiment. Ainsi il n'introduit que tardivement, à l'acte IV, l'épisode central du mythe d'Oedipe, l'enquête menée par le héros pour connaître et punir le meurtrier responsable de la souillure de Thèbes, et son résultat : la découverte de l'atroce vérité. Dans les trois premiers actes, il exploite des épisodes antérieurs de la légende, que les dramaturges ne retiennent pas d'ordinaire.

« [Introduction] Jean Cocteau partage l'intérêt pour les mythes grecs avec d'autres écrivains de son temps, tels que Claudel, AndréSuarès, Gide et Giraudoux.

Après Œdipe-Roi, il s'inspire à nouveau de l'histoire d'Œdipe pour écrire La Machineinfernale.

S'interrogeant sur les objectifs des dramaturges qui exploitent les mythes antiques, le critique Pierre-HenriSimon avance l'hypothèse suivante : l'auteur moderne cherche à « y trouver, pour l'intelligence de l'homme du XXesiècle, un prétexte de réflexion et un jeu de symboles, en l'amusant d'ailleurs par la virtuosité de la transposition».

Ilest indéniable que Cocteau veut faire réfléchir, qu'il use de symboles et qu'il montre de la virtuosité dans latransposition ; mais peut-on affirmer qu'il amuse le spectateur ? [I.

Une réflexion sur de grandes questions] Dans La Machine infernale, Cocteau revisité le mythe d'Œdipe, héros soumis à la fatalité, pour susciter une réflexionsur le destin, sur le désir de connaître l'avenir et sur la mort. [1.

Le destin]Le thème de réflexion le plus important est d'ordre métaphysique.

C'est lui qui donne son titre à la pièce et ce titreest clairement expliqué dès le prologue par la Voix invitant le spectateur à regarder « une des plus parfaitesmachines construites par les dieux infernaux pour l'anéantissement mathématique d'un mortel ».

Le destin d'Œdipe,selon un oracle, est de tuer son père et d'épouser sa mère : en dépit de tous ses efforts pour faire mentir l'oracle, ilfinira, malgré lui, par le réaliser.

La pièce pose donc le problème du libre-arbitre et de la fatalité.

Mais celle-ci n'estplus externe comme dans le mythe et la tragédie antiques où elle était incarnée par les dieux ; elle est internecomme chez Racine : Œdipe accomplit le destin prédit, parce qu'il est poussé par le démon de l'aventure, l'orgueil etle désir de gloire.

Le déterminisme est d'ordre psychologique.

Comme c'est Cocteau lui-même qui était la Voix lors dela première représentation en 1934, il donnait encore plus de poids à ce message. [2.

La connaissance de l'avenir]La question de la fatalité est inséparable, chez Œdipe, de la volonté de connaître l'avenir.

Laïos et Jocaste d'abord,plus tard Œdipe, consultent l'oracle, puis mettent tout en œuvre pour le déjouer s'il est funeste, mais en vain.Comme l'avait déjà remarqué Corneille dans son Discours sur le poème dramatique (1660), la représentation dumythe d'Œdipe « purgera la curiosité de savoir l'avenir, et nous empêchera d'avoir recours à des prédictions, qui neservent à l'ordinaire qu'à nous faire choir dans le malheur qu'on nous prédit par les soins mêmes que nous prenons del'éviter ». [3.

La mort]Dans cette pièce dont le héros est un parricide, qui commence par l'apparition d'un fantôme et se termine par unsuicide, les questions relatives à la mort revêtent une importance capitale.

La mort supprime les différences et,comme l'envisage le jeune soldat, elle abolit sans doute les hiérarchies humaines et le temps : « C'est possible [.'..]»que chez les fantômes, il n'y ait plus de rois, et qu'on puisse confondre un siècle et une minute ».

Sespressentiments sont corroborés par Jocaste morte : « Les choses qui paraissent abominables aux humains, si tusavais », confie-t-elle à Œdipe, « de l'endroit où j'habite, si tu savais comme elles ont peu d'importance ».

Laquestion de la mort entraîne, corrélativement, une réflexion sur le sens de la vie.

Ainsi, lors de sa confrontation avecle Sphinx, Œdipe oppose sa soif d'aventure et son appétit de gloire au rêve d'amour du monstre, pour qui l'essentielest d'« Aimer.

Être aimé de qui on aime ». [4.

Des questions diverses]Enfin Cocteau aborde, au fil de la pièce, des questions aussi diverses que la politique (« Il faudrait un homme depoigne, un dictateur ! », affirme la matrone), les rapports entre le pouvoir spirituel (représenté par Tirésias) ettemporel (représenté successivement par Jocaste, Œdipe et Créon), le mariage entre un jeune homme et une femmeplus âgée que lui, les relations entre parents et enfants et très précisément ce que Freud appellera le complexed'Œdipe (les petits garçons disent tous : « Je veux devenir un homme pour me marier avec maman »), les liens entreles vivants et les morts.

Il y glisse même des points de vue très personnels, comme par exemple son horreur de lahiérarchie : « Tout ce qui se classe empeste la mort », fait-il dire à Œdipe pour l'opposer à Tirésias, défenseur ducode, du protocole. [II.

Un jeu de symboles] L'action dramatique et la réflexion sur le destin sont renforcées par tout un jeu de symboles, à partir desaccessoires, du décor, du langage et des traits physiques. [1.

Le symbolisme des accessoires]Dans un art de la représentation comme le théâtre, les objets sont communément les signes concrets d'une notionabstraite : chez Molière, la cassette d'Harpagon symbolise l'avarice, le sac de Scapin la fourberie, la statue duCommandeur le châtiment.

Dans La Machine infernale, Cocteau confère à deux accessoires une puissante valeursymbolique : l'écharpe et la broche de Jocaste sont présentés comme des objets qui la « détestent » avant dedevenir des instruments de supplice.

Jocaste s'étranglera avec son écharpe et Œdipe se crèvera les yeux avec labroche de Jocaste.

Or, dès le premier acte, Cocteau a pris soin d'attirer l'attention sur la longue écharpe de la reine. »

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