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Sartre: le langage et l'amour

Publié le 17/05/2020

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« ETUDE PHILOSOPHIQUE DE TEXTE – SARTRE ET LE LANGAGE Le langage est nécessaire en ce qu’il permet aux hommes de communiquer entre eux leurs pensées, leurs passions, leurs sentiments.

Néanmoins, chacun peutobserver que les mots utilisés sont, parfois, inadéquats, impropres à qualifier tel ou tel sentiment que l’on cherche à exprimer.

Peut-on, alors, tout dire ? Est-ilpossible que le langage puisse faire part de toutes les pensées, de tous les sentiments des hommes dans leurs nuances les plus complexes ? Dans ce texte, le philosopheSartre expose sa thèse sur la question, disant que tout peut être nommé, que le langage peut, « a priori », rendre compte de tout ressenti.

Pourtant, n’y aurait-il pasune réalité qui échapperait à la nomination, celle des cinq sens ? De même pour la pensée : la conceptualiser par des mots, n’est-ce pas la réduire, la tronquer ?L’indicible n’existerait-il pas ? Dans les deux premières lignes, Sartre fait le constat que, parfois, les mots ne sont pas en adéquation totale avec ce que nous ressentons.

Ainsi, il utilise le pronompersonnel « je », désignant les hommes parlant et ayant forcément fait un jour cette expérience frustrante des mots inappropriés, pour décrire des sentiments tel que« l’amour », pour reprendre l’exemple donné par le philosophe.

Cet exemple de l’amour n’est pas choisi au hasard : on peut le considérer comme une réponse autexte de Bergson traitant du même problème philosophique et débutant d’un constat sensiblement semblable mais dont la thèse est tout à fait différente de celle deSartre.D’ailleurs, ce dernier amorce l’annonce de sa thèse par une question rhétorique qui ouvre vers une perspective sur le rapport du langage et des sentiments.

Ainsi,l’auteur affirme que tout doit et peut être « nommé » et ce « même » de la façon la plus inappropriée qu’il puisse être.

En effet, nommer est une exigence car lelangage donne une réalité, fait exister ce qui est nommé.

Ainsi, Descartes appuie lui-même cette idée lorsqu’il pose que la proposition « « Je suis, j’existe », estnécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce ».

Ce qui est dit est révélé à soi-même puis aux autres ce qui entraîne une prise de conscience de l’existence depassions, d’objet, etc...

Ensuite, Sartre pose dans sa thèse la possibilité que tout puisse être en adéquation avec le langage.

Cette idée trouve sa légitimité dans ladéfinition même du langage : un système de signes, ayant pour fonction d’établir une communication et dont le choix des signes, le lien entre signifiant et signifiérésulte d’une convention entre les utilisateurs du système.

Il est alors tout à fait possible de tout nommer et parfois même de « négativement » nommer.Ensuite, le philosophe définit le principe de la « nomination » comme étant un « art ».

Ici, il s’agit de définir l’ « art » comme savoir-faire, comme technique.

Commele savoir-faire, le langage n’est pas inné chez l’homme.

D’ailleurs, Sartre utilise une phrase de Alain : « on ne nous a rien promis » pour montrer que l’homme estseul face à ce qu’il veut dire, qu’il n’y a pas d’énoncé déjà établi et qui soit en pure adéquation avec ses pensées.

Il doit sans cesse nommer pour se faire comprendreet maîtriser cet art de la nomination pour mieux se faire comprendre.C’est d’ailleurs l’idée que le penseur développe de la ligne 9 à 18.

Pour l’exprimer, il personnifie le sentiment.

« Le sentiment parle », « existe », il se rendrait comptelui-même de la faiblesse des propos qui tendent à le qualifier.

Force est alors de constater qu’il faut lui trouver un signe plus éloquent sur ce qu’il est dans sa plusinfime nuance et qu’il sera ainsi saisi dans son sens le plus total, un signe qui « corrigera » la mauvaise compréhension de ce que le sentiment exprimé a d’original.Sartre ne se fait pas d’illusion : « on ne nous a rien promis ».

Il est alors du devoir le plus légitime de l’homme de chercher ses moyens d’expression et notamment eninventant de nouveaux mots car, comme dit précédemment, le langage permet cette invention, il « dit seulement qu’on peut tout inventer en lui » puisqu’il est uneinvention à part entière.

L’homme n’est donc pas bridé par un lien naturel entre signifiant et signifié et est alors libre de création lexicale et syntaxique, du momentqu’elle soit reconnue par la communauté utilisant le même système de signes.

Sartre dit d’ailleurs que la « totalité verbale » ne se limite pas « au nombre fini desmots qu’on trouve dans le dictionnaire ».

Cette idée est un préjugé sans consistance puisque le langage étant invention, il est possible de s’émanciper d’un recueil demots pour trouver d’infinies « différenciations » ou synonymes.

L’homme a déjà saisi l’importance de nuancer ses propos pour se rendre compréhensible au mieux etl’existence d’un dictionnaire des synonymes fait foi de cette prise de conscience.

Ces synonymes ne cherchent pas à faire varier le vocabulaire d’un discours pour lerendre plus riche ou dynamique mais plutôt à le nuancer, à « l’actualiser » pour qu’il fasse sens, un sens le plus proche de la pensée, du sentiment évoqué.L’auteur affirme, à la fin logique de son raisonnement, que « l’invention caractérise la parole », que le renouvellement d’un bagage lexical ne peut en aucun casnuire à l’expression et à la compréhension ou permettre de « mal vivre des expériences mal nommées ».

Le langage n’est pas limité par ses manques possibles et doncpeut toujours faire mieux.

Alors, il est légitime de recourir à l’invention car, comme le conclue Sartre : « Non : rien n’est promis » et il ne peut y avoir « a priori »une « inadéquation radicale » entre les mots et ce qu’ils cherchent à dire, puisque c’est là leur fonction, puisque « le sentiment est discours et le discours sentiment ».En effet, le sentiment s’exprime et existe dans et par le langage car il se matérialise dans la réalité et la conscience d’autrui.

De même, le discours sert à dire ceressenti, alors il ne fait plus qu’un avec lui.

Le langage est la traduction de la pensée : la forme peut changer d’une langue à l’autre mais pas le fond, l’intention. Rappelons que ce texte de Sartre nous invite à nous pencher sur le langage et plus précisément à le penser dans ses lacunes.

En effet, quand la pensée nes’accommode pas des mots qui la formulent, on peut se demander si le langage peut traduire absolument tous les sentiments, toutes les idées des hommes.

Sartrepropose ici que le langage étant invention, il est toujours possible de nommer, de créer des « différenciations » qui rendraient compte, jusqu’à leurs plus subtilesnuances, les sentiments que l’homme tend à exprimer et à faire comprendre à autrui.

Cette position de Sartre sur cette question que pose le langage est intéressantepuisqu’elle confère à l’homme le pouvoir de créer ses moyens d’expressions, d’inventer à l’infini.

On a parfois tendance à oublier que le dictionnaire rangé dans notrearmoire ne nous a pas été « promis », qu’il reste une invention de l’homme pour se faire comprendre en société.

De ce fait, si de nouvelles pensées, de nouveauxsentiments lui viennent, d’apparences indicibles avec le bagage lexical donné, il ne tient qu’à lui d’inventer de nouveaux mots.

Il ne faut pas que les « carences dulangage » soient un obstacle à la mise en forme de la réflexion de l’homme.

Sur ce point, Sartre rejoint Hegel lorsque ce dernier dit que « l’ineffable c’est la penséeobscure, la pensée à l’état de fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu’elle trouve le mot » et ce mot, l’homme doit l’inventer s’il le faut, comme la fait Kantavec son « Noumène ».

Malgré cette possibilité infinie de créer des mots, n’y a-t-il pas une réalité qui ne se soumet pas au langage ? En effet, si l’on considère cetteréalité sensible que nous offre nos sens, les mots ne seront jamais adéquates pour expliquer, par exemple, à un aveugle de naissance ce qu’est la couleur « vert ».Leibniz dit d’ailleurs que « nous ne saurions connaître le goût de l’ananas par la relation de nos voyageurs ».

Ainsi, le langage échoue dans l’expressiond’expériences sensibles et donc dans leur partage avec les autres.

Alors, si l’indicible existe quand il s’agit d’exprimer la réalité des sens, n’existerait-il pas dansl’expression des pensées de l’homme ? Pour Sartre, la pensée semble toujours communicable, ce qui s’oppose à la thèse de Bergson qui dit que « par cela seul quenous associons des idées les unes aux autres et que ces idées se juxtaposent au lieu de se pénétrer, nous échouons à traduire entièrement ce que notre âme ressent ; lapensée demeure incommensurable avec le langage ».

Ainsi nous avons là deux thèses radicalement opposées.

Bergson affirmant que la pensée est plus haute que lelangage et que l’exprimer serait la vulgariser.

Les mots ne pouvant peut-être pas être saisis par tous dans un unique sens, universel, l’interprétation de chacun tendraità falsifier la véritable idée d’un auteur. Pour conclure, la question du langage comme système apte à exprimer la pensée demeure complexe.

Cependant, le texte de Sartre nous éclaire sur le problème ennous invitant à composer avec le dictionnaire et notre capacité d’invention et, enfin, à saisir le fait que s’exprimer est une démarche difficile et qu’il ne tient qu’ànous d’affiner notre discours en conceptualisant le plus parfaitement possible nos pensées, nos ressentis.

Le langage, condition nécessaire de la communication entreles sujets pensants, doit être pensé comme n’étant jamais acquis, devant être perfectionné pour créer une réelle communion entre les hommes et ainsi permettre unmeilleur partage des connaissances et des expériences.

Il est celui qui donne une réalité aux pensées de l’homme et peut permettre de les développer s’il est maîtrisé. Texte étudié : Il se peut que je m'agace, aujourd'hui, parce que le mot "amour" ou tel autre ne rend pas compte de tel sentiment.

Mais qu'est-ce que cela signifie : (...) A la fois querien n'existe qui n'exige un nom, ne puisse en recevoir un et ne soit, même, négativement nommé par la carence du langage.

Et, à la fois, que la nomination dans sonprincipe même est un art : rien n'est donné sinon cette exigence; "on ne nous a rien promis" dit Alain.

Pas même que nous trouverions les phrases adéquates.

Lesentiment parle : il dit qu'il existe, qu'on l'a faussement nommé, qu'il se développe mal et de travers, qu'il réclame un autre signe ou à son défaut un symbole qu'il. »

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