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Robert Schuman

Publié le 16/05/2020

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« Robert Schuman Cet "homme de la frontière" dont on a pu écrire "qu'il n'avait l'air de rien", qu'il entrait dans la salle du parlement"comme un ecclésiastique qui se rend à la chaire" et qu'il "pesait longuement ses arguments comme un vieuxpharmacien ses pilules", c'est bien le même qui, selon les mêmes auteurs, a accompli "une action bouleversante sanspréavis", et s'est montré "l'un de ces hommes exceptionnels par lesquels l'Esprit infléchit le cours de l'Histoire".

AndréPhilip parle à son propos "des possibilités révolutionnaires du terne", mais Konrad Adenauer qualifie la création de laCECA "d'initiative téméraire et éblouissante". Né au Luxembourg, le 29 juin 1886, de parents lorrains exilés ; Français d'éducation germanique contraint à lanationalité allemande, Robert Schuman s'est à plusieurs reprises, très justement, défini comme un "homme desfrontières". En 1914 il est "allemand" selon son passeport.

Inapte au service militaire, il ne sera mobilisé qu'au titre "d'employéauxiliaire" d'une sous-préfecture.

Il n'a donc jamais porté le casque à pointe, comme le lui reprocheront sans relâchenationalistes et communistes, toujours d'accord contre l'Europe. En vérité, Robert Schuman n'est de naissance et de tradition ni français ni allemand, mais mosellan.

Fils d'une Régionnon d'une Nation soit subie soit choisie librement c'est un homme de "l'Europe médiane", de cette ancienneLotharingie devenue Bourgogne, et qui forme aujourd'hui la grande avenue centrale, l'axe vertical de l'Europe desRégions transfrontalières, remontant de la mer du Nord jusqu'à Bâle. Toute sa carrière européenne paraît préfigurée dans ces données historiques et géopolitiques.

Mais elle a dû passerpar la filière française, seule capable de lui prêter ces moyens de pouvoirs hors lesquels point d'action internationale. Dévoué aux œuvres sociales et religieuses de la ville où il exerce son métier d'avocat, Metz, Schuman, sur lesinstances de ses amis catholiques, se laisse porter à la députation dès 1919, par sens du devoir civique et non pargoût, et moins encore par ambition.

"J'étais alors, écrira-t-il, un juriste quelque peu candide, inexpérimenté dansl'art de la tactique et de l'opportunité politique." Jusqu'à la guerre de 1939 constamment réélu à la Chambre, il s'ycantonnera dans son rôle de président de la Commission d'Alsace-Lorraine ; mais s'il adhère en 1931 au jeune Partides Démocrates populaires, qui sera le MRP de la Libération n'est-ce pas surtout parce que c'est le Parti qui affirmele plus clairement une politique extérieure certes "résolument française" mais opposée aux prétentions de l'Étatsouverain, et surtout "nettement favorable aux méthodes de la collaboration internationale" ? Incarcéré à Metz pendant quelques mois, puis placé en résidence surveillée dans la Forêt Noire, il s'évade en 1942.Les Nazis le rechercheront à travers toute la France pendant les années d'occupation, sans jamais le découvrir.

Iln'en sera pas moins l'un des premiers à proposer, à la Libération, une politique de réconciliation franco-allemandedont même la démence hitlérienne n'a jamais réussi à le faire désespérer. Réélu député de la Moselle dès 1945, trois fois ministre des Finances (de 1946 à 1947), neuf fois ministre desAffaires étrangères (de 1948 à 1952), garde des Sceaux en 1956, et deux fois président du Conseil (en 1947 et1948) telles sont les étapes d'une brillante carrière d'homme politique français, mais vingt autres l'auront aussi bienparcourue sans avoir pour autant fait de l'Histoire.

Si nous parlons ici de Robert Schuman, c'est parce qu'un jour demai 1950, sous l'apparence du prudent politicien et du célibataire presque timide que l'on a si souvent décrit, unhomme d'État soudain s'est déclaré.

Et tandis que les autres, tant bien que mal, expédient les affaires courantes,lui, parlant bas, devant un Conseil des ministres inattentif, lisant un texte inattendu, donc mal compris, et qu'onaccepte à cause de cela seulement, a peut-être changé le cours de nos destins. Cette espèce de miracle que représente la CECA, entendons l'acceptation grâce à Schuman du projet de JeanMonnet, sa mise en place rapide, et l'ampleur de ses suites, s'expliquent seulement si l'on rapporte l'attitude deSchuman lors du 9 mai 1950 (date de la publication du plan Schuman sur l'organisation de la production franco-allemande de charbon et d'acier : CECA) aux motivations mêmes de sa personne et notamment à l'équation :Moselle/Europe chrétienne = Région/Fédération continentale. Car la politique qu'exprime le second membre ne résulte nullement de l'évaluation plus ou moins "réaliste" des intérêtstoujours "légitimes" d'une Nation, mais, traduisant le premier membre de l'équation qui est le rapport origines/horizon,elle exprime l'expérience durement acquise de l'homme de la frontière, autant que ses méditations historiques et sesfinalités spirituelles.

Elle est inséparable de la personne même de Robert Schuman, parce qu'elle en est constitutiveet lui est vraiment congénitale. L'action de Robert Schuman, à la date inaugurale du 9 mai 1950, montre une fois de plus que l'Histoire n'est pasfaite par "les masses" mythiques, mais bien par des personnes réelles.

Et cela, dans le sens des forces dont cespersonnes dégagent la résultante et trouvent en elle leur expression. Mais une autre question de paternité vient se poser à l'historien du célibataire endurci que fut Robert Schuman : àqui faut-il attribuer la Déclaration du 9 mai 1950 ? Le Plan Schuman fut-il en réalité un Plan Monnet ?. »

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