Databac

Repères Philosophiques Terminale

Publié le 06/04/2025

Extrait du document

« Abstrait/Concret 1) Une opposition courante à épurer. Spontanément, ces deux termes sont opposés, et généralement au profit du second. Il convient de s'attarder sur cette opposition courante afin de ne plus en être l'esclave par la suite. On dira donc souvent dans le langage courant d'une chose qu'elle est « abstraite » pour affirmer en réalité son caractère inintelligible, confus, immatériel, voire invisible, mais également inutile et superflu.

Ainsi, par exemple, on entend souvent dire de la philosophie qu'elle est « abstraite »... En revanche, le concret représentera ce sur quoi l'on peut s'appuyer : « c'est du concret ! » signifie alors que c'est matériel, palpable, visible, sensible (percevable par les sens), bref c'est solide, mais également efficace, utile ou encore tangible. Ainsi, l'on comprend la tendance du langage ordinaire à hiérarchiser ces deux notions au profit du concret. 2) L’abstraction : opération essentielle de l’intelligence. Mais prenons un exemple courant pour reprendre et corriger cette première approche : je vois devant moi à un instant donné une masse brunâtre surmontée d'une coiffe verte et j'affirme tout naturellement : « c'est un arbre ! ». En concevant ce concept « arbre », l'intelligence laisse de côté la particularité de cette masse (c'est à dire, son existence concrète particulière qui fait que c'est cet arbre qui est devant moi à l’exclusion de tous les autres) pour s'attacher à son essence, c'est à dire au fait qu'il soit « arbre ».

Cette qualité ( « être un arbre ») est partagée par toutes les autres masses brunâtres surmontés d'une coiffe verte existantes.

Elle n’est donc pas unique de ce point de vue mais bien générale.

D’où vient-elle ? et bien, elle est abstraite, c’est à dire tirée, arrachée de cette masse brunâtre particulière par un travail de l’intelligence à partir des donnés reçues des sens.

L’abstraction apparaît ainsi comme une opération, un acte de l’intelligence, qui isole et actualise l’essence, la qualité, l’idée générale qui imbibe invisiblement l’existence concrète d’une chose particulière.

Je n’ai vu avec mes sens qu’une masse brunâtre, mais l’intelligence sait saisir l’idée présente de cette existence concrète, elle l’en extrait comme on extrait le minerai de fer de la matière, mais il s'agit ici d'une réalité intelligible.

Je ne peux donc pas voir le concept d’arbre avec mes yeux, mais je peux le « voir » grâce à l’intelligence qui saisit, actualise l'essence en laissant de côté les innombrables détails et particularités de cet arbre concret et unique qui est devant moi, et ainsi exprimer le concept d'arbre. Autrement dit, il ne convient plus d’opposer simplement nos deux notions, car le concept est tiré, c'est à dire abstrait, par l’intelligence à partir de l’existence toujours particulière d’une chose concrète.

L’intelligence abstrait (du verbe abstraire) une essence de la réalité concrète, et actualise un concept.

(l’abstraction est donc un acte naturel de l’intelligence qui connaît.

) Vérifions tout cela avec un autre exemple : si je dis par exemple : « Paul est un humain », c’est que j’ai saisi en Paul la présence de la nature humaine, de l’essence humaine au cœur de l’existence concrète de cet être particulier qui est Paul.

Paul 1 est unique, personne ne peut exister à sa place, en revanche l’humanité est également présente chez Pierre et Marie.

Quand j’abstrais l'essence d’humanité et exprime son concept, je laisse de côté les caractéristiques qui font de Paul un être irremplaçable pour considérer ce qu’il a de commun avec Pierre et Marie.

Je n’ai jamais serré la main de l’humanité en général et pourtant cela ne veut pas dire qu’elle n’existe pas, elle existe réellement aux yeux de l’intelligence qui l’a abstraite du réel concret qu'elle structure.

Ainsi, il faut distinguer deux emplois du verbe « être » : 1°) Paul est, il existe et nul ne peut être à sa place, c’est vrai aussi du brin d’herbe ou de l’arbre, il s’agit alors de la réalité concrète, d'une substance particulière ; et 2°) Paul est un « humain », humain étant une qualité réelle que Paul partage avec Pierre et Marie … qualité, essence commune à une pluralité d'êtres que l’intelligence tire du réel grâce à une opération abstractive. C’est ainsi que l’intelligence peut commencer sa quête de la connaissance du réel concret qui est toujours plus riche que ce qu’elle peut en saisir.

C’est que le monde n’est pas simplement perceptible par les sens, il est aussi compréhensible par l’intelligence, mais la compréhension suppose toujours d’abord la perception sensible.

Ainsi, toute l’entreprise de connaissance du réel est présente dans cette admirable phrase d’Einstein : « le plus incompréhensible, c’est que le monde soit compréhensible ». 3°) Plusieurs type d’abstraction. L’intelligence peut se rapporter au monde selon plusieurs point de vue : 1°) Les sciences naturelles telles que la biologie ou la chimie étudient l’être sous le rapport de la mobilité : l’objet des sciences physiques est corruptible, ce qui signifie qu'il s’use (ce qui est une forme de mobilité) ; même les étoiles vieillissent. Il s’agit alors de rechercher les causes de ce mouvement par l’observation et de formuler des lois générales dégagées, abstraites des caractéristiques individuelles. Par exemple, le chimiste s’intéressera aux propriétés, à la nature du soufre en général et non simplement du morceau de soufre particulier qui est devant lui. 2°) Mais on peut abstraire davantage : ainsi, les mathématiques étudient le réel du point de vue de la quantité, dégagée, abstraite de la matière sensible.

Par ce surcroît d’abstraction, la connaissance gagne en exactitude : l’objet des sciences mathématiques, le nombre, ne varie jamais.

Pour mieux comprendre, on peut dire que l’abstraction mathématique est à l’abstraction physique ce que serait à une audition musicale ordinaire une étude où on laisserait tomber les sons pour ne plus retenir que le rythme, le nombre. 3°) Enfin, la métaphysique considère le réel à une autre profondeur : en tant qu’il est, non pas en tant qu’il est telle ou telle chose, mais en tant qu’il existe. Ainsi, la réalité concrète peut être connue sous différents rapports, en fonction de ce que l’intelligence en abstrait.

(la mobilité, le nombre, l'existence.) 2 En acte / en puissance. Le mot « puissance » ne doit pas être confondu avec la force ou la domination. Pour comprendre cette distinction formalisée par Aristote, commençons donc par prendre un exemple : lorsque vous avez commencé à apprendre à lire, vous étiez en puissance d'être un lecteur, mais vous ne l'étiez donc pas en acte.

Vous aviez en vous l'aptitude, la potentialité de devenir lecteur, et au fur et à mesure, par le travail et l'apprentissage, vous avez peu à peu actualisé cette aptitude.

Ainsi, vous avez accompli en vous, réalisé ce qui n'était en vous présent qu'en puissance. Notez bien que le chien et le nourrisson ne savent pas lire en acte, mais le chien, à la différence du nourrisson, n'est lecteur ni en acte, ni en puissance ! Le nourrisson, lui, l'est en puissance et pas (encore) en acte.

Il en a fondamentalement la capacité, et cette capacité peut ou non être actualisée. Mais cette actualisation n'est que partielle ; votre aptitude à lire se perfectionne au fur et à mesure que vous vous mesurez par exemple à des textes nouveaux, plus difficiles ou plus exigeants.

C'est donc un processus inachevé.

De nouvelles aptitudes se font jours sur la base des actualisations réalisées : pour connaître la philosophie, par exemple, la lecture peut être utile... Autre exemple : le développement d'une plante ou d'un embryon ; la graine n'est pas un épi de blé en acte, mais elle a en elle réellement l'aptitude à se développer en épis.

Elle l'est donc en puissance, et non en acte.

On le voit, ces deux notions sont complémentaires, l'une ne peut être expliquée qu'avec l'autre. Ajoutons enfin que tout passage de la puissance à l'acte suppose la priorité de l'acte.

L'eau froide ne deviendra chaude en acte que sous l'effet d'une source de chaleur en acte. Cause / fin 3 L’intelligence humaine face à la réalité ne se satisfait pas du donné sensoriel provenant des cinq sens, elle l'interroge, elle le crible de pourquoi, et tout enfant témoigne déjà de ce dynamisme de l'intelligence.

Répondre à ces questions, c'est déterminer les causes des phénomènes, or Aristote a montré que l'interrogation de l'intelligence s'orientait selon quatre grandes visées qui révèlent autant de type de causalité.

Il prenait l'exemple d'une statue. 1°) en quoi est cette chose ? Quelle en est la cause matérielle ? Du marbre, du bois, de la matière vivante ... 2°) mais justement, la matière est organisée, elle n'est pas sans forme, quelle est alors la forme de la chose considérée, qu'est-ce que c'est ? On pourrait dire que la cause formelle de la chose correspond au plan, à l'idée qui préside à l'organisation des éléments matériels qui font que cette chose est une statue, une maison ou un simple bloc de marbre.

La matière n'est donc jamais sans une certaine forme. (Rappelons que dans le cas.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles