« Qui craint de souffrir, il souffre déjà de ce qu'il craint. » Montaigne, Essais, III, 13. Commentez cette citation.

« « Qui craint de souffrir, il souffre déjà de ce qu'il craint.

» Montaigne, Essais, III, 13.La représentation d'une douleur à venir est une manière de souffrir sans raison objective. Analyse : La souffrance est une douleur physique ou morale c'est-à-dire la sensation désagréable d'une diminution desa puissance d'agir.

Toutefois, ce qu'il est intéressant de comprendre à travers cette citation de Montaigne issue des Essais est bien justement cette anticipation de la douleur ou de la souffrance qui n'est alors que le redoublement de cette souffrance.

Le jeu de mot de cette citation repose justement la capacité qu'a l'hommed'anticiper la douleur ce qui est le propre de la crainte puisqu'elle se définit comme l'anticipation d'un événementredouté, c'est-à-dire la prise de conscience présente d'une douleur possible à venir. L'essentiel de la crainte, on peut le comprendre se situe alors dans la capacité humaine de l'anticipation quin'est rien d'autre que l'imagination.

En effet, elle entraîne la prise en compte du futur dans le présent.

Elle mêle letemps et confond les temporalités.

C'est bien en ce sens que l'imagination a pu être décrite comme mère d'erreur etde fausseté par Pascal ; mais pour en revenir à Montaigne on peut bien voir à l'œuvre cette imagination liée à lacrainte dans le rappel de cette histoire du sage suspendu dans le vide entre les tours de Notre-Dame finissant parse crever les yeux justement à cause de cette crainte issue de l'imagination, dans l' Apologie de Raimond Sebond . Bien plus, cette crainte liée à l'imagination ne brouille pas simplement la distinction entre le présent et lefutur mais aussi le passé en tant que l'anticipation de la douleur rappelle une douleur passée.

La mémoire est doncliée à l'imagination dans la crainte.

On peut dire alors qu'il s'agit de la conscience présente d'une douleur passée ouassimilée potentielle dans un futur proche.. »