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PUIS-JE ÊTRE SÛR DE NE PAS ME TROMPER ?

Publié le 15/05/2020

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« Il arrive que l'on ait l'impression ou le sentiment d'être dans le vrai.

Mais comment passer de cette impression à uneauthentique et complète certitude ? Que pourrais-je répondre à qui serait en désaccord avec moi ? Et, dans cettesituation de désaccord, comment puis-je être sûr de ne pas me tromper ?Je ne peux espérer la certitude que si mon discours est indépendant des situations ou des éléments qui peuvent metromper: les sens, l'opinion, l'autorité.En conséquence, mon discours n'a quelque chance d'être vrai que si son contenu résulte d'une réflexion et nond'une perception immédiate, d'une analyse et non d'une opinion, d'un travail intellectuel que j'aurai moi-mêmeaccompli et non de la répétition d'un avis étranger, si respectable soit-il en apparence.Il apparaît alors que c'est le raisonnement purement formel qui a le plus de chances d'être vrai et de produire unecertitude : puisque l'esprit y est par définition maître des symboles et des règles combinatoires qu'il définit lui-même,il me suffit de respecter attentivement cet ensemble de règles pour être assuré de dire vrai.

Ainsi, l'élaboration d'unsyllogisme s'accompagne de l'assurance que l'on ne peut affirmer autre chose, à partir de ses deux propositionsinitiales, que ce qui m'apparaît comme sa nécessaire conclusion.

La nécessité logique qui y est à l'oeuvre produit lacertitude.Bien entendu, je peux néanmoins me tromper en mathématiques.

Mais le calcul faux peut être décelé dès lors qu'ilrésulte de mauvaises déductions. Des protocoles de vérification existent également lorsque je prétends énoncer des vérités matérielles, à propos du«réel»: l'expérience doit par définition m'enseigner si mon hypothèse est juste ou non.

Faut-il dès lors admettre quecette confirmation de l'hypothèse suffit pour garantir la vérité de la loi induite?On se heurte ici à deux arguments:— du point de vue empiriste (Hume), rien ne peut absolument garantir que la loi que je découvre n'en dissimule pasune autre, qui serait la seule, dans la réalité de ce que j'observe, à déterminer le phénomène que je prétendsexpliquer.

La certitude est ici indéfiniment différée.— L'induction elle-même suppose l'adhésion au principe du déterminisme.

Ce dernier n'est, au sens strict, jamaisprouvé.

Tout au plus est-il confirmé par la réussite des applications déduites des lois.

Rien ne garantit que celles-cisoient autre chose que «générales» c'est-à-dire vérifiables seulement dans un certain état donné du Monde : leslois scientifiques supposent une durée indéfinie du monde tel que nous le vivons, mais cette durée peut être mise enquestion sans difficulté.Pour échapper à de telles difficultés, on peut être tenté de se rabattre sur une évidence de style cartésien : ce quime donne la certitude que je ne me trompe pas, c'est la clarté et la distinction de mes idées et de leursenchaînements (pour Descartes, la vérité mathématique, formelle, tient lieu de modèle).

L'évidence signale unevérité qui n'a pas besoin de critérium extérieur, parce qu'elle est capable de s'imposer d'elle-même à l'esprit.Immédiate, elle ne peut être médiatisée, c'est-à-dire justifiée: elle est d'elle-même sa propre justification.

Ainsi,pour Spinoza, la vérité «se fait connaître et fait connaître les ténèbres: la vérité est norme d'elle-même et du faux».Bien entendu, ce caractère d'évidence n'est pas donné immédiatement à la pensée; il résulte au contraire d'un longcheminement intellectuel, au cours duquel sont éliminées les différentes raisons de douter.

Le Cogito est ainsiévident parce qu'il est affirmé du sein même d'un univers néantisé avec efforts, il opère ainsi une sortie hors dudoute qui apparaît impuissant à son égard et manifeste ce qui, dans l'être, est en effet impossible à néantiser: endisant «je pense, je suis », je ne peux me tromper parce que, avant d'en arriver à une telle formulation fondatrice,j'ai développé le doute le plus loin possible et que je puis en conséquence garantir que ce qui lui échappe estcertain.Mais on doit se demander si un autre énoncé peut être aussi sûr que le cogito lui-même.

L'évidence, de ce point devue, qualifie peut-être moins l'idée elle-même que le rapport qu'a notre pensée avec elle : elle est la condition denotre assurance, mais pour admettre qu'elle peut concerner d'autres idées que le cogito, il faut admettre au moins,avec Descartes, que Dieu existe et que tous les hommes bénéficient d'une même capacité rationnelle pour accéderà la vérité.

En l'absence de ces deux affirmations complémentaires qui autorisent une généralisation de l'évidence,on retombe dans une diversité possible des évidences (à chacun les siennes) qui, réintroduisant un relativisme,m'interdit l'assurance d'être dans le vrai.Vouloir être sûr de ne pas se tromper, c'est vouloir échapper, non seulement à l'erreur, mais à la richesse desinterprétations divergentes.

Peut-être est-il préférable d'être au contraire toujours inquiet à propos des vérités quel'on croit connaître ou « posséder » : cela évite au moins de verser dans le fanatisme. [Introduction] Socrate nous a appris que le propre de l'ignorance est d'être aveugle à elle-même : celui qui se trompe croit. »

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