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Étudiez cette définition du romantisme que Musset met ironiquement dans la bouche d'un clerc d'avoué : « Le romantisme, mon cher monsieur, mais à coup sûr, ce n'est ni le mépris des unités, ni l'alliance du comique et du tragique, ni rien au monde que vous puissiez dire. Vous saisiriez vainement l'aile du papillon, la poussière qui le colore vous resterait dans les doigts. Le romantisme, c'est l'étoile qui pleure, c'est le vent qui vagit, c'est la nuit qui frissonne, la fleur qui vole

Publié le 08/12/2021

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Étudiez cette définition du romantisme que Musset met ironiquement dans la bouche d'un clerc d'avoué : « Le romantisme, mon cher monsieur, mais à coup sûr, ce n'est ni le mépris des unités, ni l'alliance du comique et du tragique, ni rien au monde que vous puissiez dire. Vous saisiriez vainement l'aile du papillon, la poussière qui le colore vous resterait dans les doigts. Le romantisme, c'est l'étoile qui pleure, c'est le vent qui vagit, c'est la nuit qui frissonne, la fleur qui vole et l'oiseau qui embaume ; c'est le jet inespéré, l'extase alanguie, la citerne sous les palmiers et l'espoir vermeil et ses mille amours, l'ange et la perle, la robe blanche des saules; ô la belle chose, monsieur! c'est l'infini et l'étoile, le chaud, le rompu, le désenivré, et pourtant en même temps le plein et le rond, le diamétral, le pyramidal, l'oriental, le nu à vif, l'étreint, l'embrassé, le tourbillonnant; quelle science nouvelle! » (Lettres de Dupuis et Cotonet, première lettre, 1836.) ?. Ce document contient 0 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Littérature
Étudiez cette definition du romantisme que Musset met ironiquement dans la bouche d'un clerc d'avoue Le romantisme mon cher monsieur mais a coup sur ce n'est ni le mepris des unites ni l'alliance du comique et du tragique ni rien au monde que vous puissiez dire. Vous saisiriez vainement l'aile du papillon la poussiere qui le colore vous resterait dans les doigts. Le romantisme c'est l'etoile qui pleure c'est le vent qui vagit c'est la nuit qui frissonne la fleur qui vole et l'oiseau qui embaume c'est le jet inespere l'extase alanguie la citerne sous les palmiers et l'espoir vermeil et ses mille amours l'ange et la perle la robe blanche des saules o la belle chose monsieur! c'est l'infini et l'etoile le chaud le rompu le desenivre et pourtant en meme temps le plein et le rond le diametral le pyramidal l'oriental le nu a vif l'etreint l'embrasse le tourbillonnant quelle science nouvelle! Lettres de Dupuis et Cotonet premiere lettre 1836.) ?

« [Introduction]Le drame romantique s'inscrit dans la rupture que les jeunes écrivains romantiques veulent marquer avec l'esthétiquedu classicisme.

Dans cette mesure, on comprend que Musset s'insurge contre une tentative de définition réductriced'un élan naissant : « Non [...], ce n'est ni le mépris des unités ni l'alliance du comique et du tragique, ni rien aumonde que vous puissiez dire.

» Mais, lui, le poète, peut tenter de dire l'indicible en multipliant les images, lesantithèses, en évoquant un nouvel univers poétique, celui de la nature et des sentiments notamment.

S'il est vraique le drame romantique prône la liberté dans l'art, comme l'affirme Hugo dans la Préface de Cromwell, on ne peut ignorer comment il s'est constitué en genre à part entière à travers de nouvelles règles ; nous pourrons le voir dansla pièce de Hugo, Hernani, avant d'essayer de définir une poétique du drame romantique à la fois moins réductrice et plus précise que celle de Musset et son interlocuteur.

[La liberté dans l'art]Le précepte de la liberté dans l'art, revendiqué par Victor Hugo, apparaît principalement sous trois aspects : le refusdes contraintes imposées par l'héritage du classicisme d'une part, qui découle des prérogatives nouvelles maisabsolues du réel et de l'art, d'autre part.

La tragédie classique, au fil des années, s'est appauvrie sous le poids desconventions et ne correspond plus au goût du temps : Hernani rompt brutalement avec elle, la première représentation de la pièce fut préparée, et se déroula, comme une bataille.

La pièce en elle-même est un manifeste: la didascalie initiale attire l'attention par le nombre des personnages et surtout par la présence annoncée en scènede groupes importants de personnages, seconds rôles ou figurants : « conjurés de la ligue sacro-sainte, allemandset espagnols / montagnards, seigneurs, soldats, pages, peuple, etc.

» Cette liste impressionnante nous plonged'emblée dans un autre univers que l'univers épuré de la tragédie.

En effet, ce ne sont plus ni la bienséance ni lavraisemblance qui guident l'artiste, mais avant tout le réel : « la réalité selon l'art » et non « la réalité selon lanature », comme les distingue bien Hugo lui-même dans sa Préface.

Les personnages ont autant de défauts que dequalités ; le héros Hernani aime Dona Sol à la folie, mais il ne peut se sacrifier à elle : au début de la pièce, il luioffre de partager sa vie de banni ; à la scène 4 de l'acte III, il l'accuse injustement d'avoir trahi leur amour et, quand il est rassuré sur ses sentiments, il laisse éclater un désespoir sans limites : « Doha Sol, prends le duc, prendsl'enfer, prends le roi ! / Tout ce qui n'est pas moi vaut mieux que moi ! » Ses défauts, ses contradictions reflètent leréel avec la vérité et les déformations d'un « miroir de concentration » (Victor Hugo, Préface de Cromwell).

Enfin, du refus de définition par des règles naît la prérogative accordée selon Musset à la poésie ; effectivement, labeauté du drame romantique tient au moins autant à son lyrisme, à sa force pathétique qu'à son actionmouvementée : dans la scène 3 de l'acte V, les deux amants, enfin mariés et fêtés par la société, se livrent à unduo d'amour que certains ont comparé aux chants d'opéra les plus beaux ; Dona Sol évoque ainsi le « calme [...]trop profond de la nuit » : « Le bal I Mais un oiseau qui chanterait aux champs ! / Un rossignol perdu dans l'ombre etdans la mousse, / Ou quelque flûte au loin ! [...] Car la musique est douce [...] » Quant à Hernani, il s'exclame : «Ah ! qui n'oublierait tout à cette voix céleste ? / Ta parole est un chant où rien d'humain ne reste.

» Mais onpourrait multiplier indéfiniment les exemples, car le propos du drame est de suremployer le registre lyrique parrapport à la conversation dialoguée.

[Le drame s'invente de nouvelles règles et de nouveaux lieux communs]Toutefois, on s'aperçoit que ce refus des anciennes règles et cette revendication de la liberté dans l'art n'évitentpas à ce nouvel art dramatique de se fonder en genre, en créant de nouvelles règles.

Le mépris des unités, toutd'abord, devient une loi du genre ; dans Hernani, les lieux sont multiples : ainsi, alors que l'acte I se déroule dans là chambre de Dona Sol et l'acte II sous son balcon, l'acte III transpose l'action principale dans les montagnesd'Aragon et le château de Don Ruy ; de même, l'action de la pièce s'étend sur six mois environ ; enfin, si VictorHugo respecte bien l'unité d'intérêt, l'intrigue multiplie les actions secondaires : les ambitions impériales de DonCarlos ou le complot des grands d'Espagne.

L'interlocuteur de Musset n'a donc pas tort d'associer drame romantiqueet mépris des unités.D'autre part, « l'alliance du comique et du tragique » définit le drame romantique, surtout si l'on veut bienreconnaître en elle le « mélange des genres », du « sublime » et du « grotesque » que préconise Victor Hugo dans lapréface de Cromwell.

Le drame d'Hernani allie évidemment ces deux aspects complémentaires de l'humanité, selon Hugo : dans l'acte I, Don Carlos négocie le droit de se cacher dans une armoire pour surprendre celle qu'il aime, etfinit lui-même par être surpris avec un autre soupirant par l'oncle de la jeune fille ; ce même Don Carlos est le roi quise recueille devant le tombeau de Charlemagne à la scène 2 de l'acte IV et évoque avec une grandeur sublime lamajesté et la puissance impériale.Enfin, il existe sans doute un autre élément déterminant pour définir le drame romantique, que ne mentionne pasl'interlocuteur de Musset, mais qui transparaît dans la réponse de celui-ci, de manière extrêmement ténue : « laciterne sous les palmiers » ; cette expression est un clin d'œil au goût du romantisme pour le pittoresque et lacouleur locale.

Bien sûr, Hernani développe ce goût en présentant une Espagne pittoresque : les montagnes de Catalogne où s'est réfugié Hernani (« Seule, dans ses forêts, dans ses hautes montagnes, / Dans ses rocs où l'onn'est que de l'aigle aperçu,/ La vieille Catalogne en mère m'a reçu.

»), les cortèges portant la bannière de l'empire(décrits dans la longue didascalie de la scène 4 de l'acte IV) ou la description du palais et de la noce d'Hernani et de Dona Sol, dans le style « mauresque » et « gothique » à la fois.

Mais cela va plus loin ; il ne s'agit pas simplementde flatter un goût à la mode.

Le drame romantique se nourrit du réel comme on l'a déjà dit, et par conséquentchoisit ses sujets d'inspiration dans l'histoire : Hernani est aussi l'histoire de l'avènement de Charles-Quint, moralement comme physiquement.Ces caractéristiques communes aux drames romantiques nous permettent de cerner quelques lois du genre, mais nedonnent pas la clef de cet art dramatique et poétique.. »

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