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Pierre-Henri SIMON, Questions aux savants

Publié le 30/06/2020

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« Dans sa magistrale et importante leçon inaugurale au Collège de France (1), le professeur Jacques Monod ne nous l'a pas envoyé dire : ni la masse ignorante ni même les héritiers d'une culture dépassée ne peuvent faire autre chose que de vivre et de mourir sans rien comprendre à la nouvelle image de l'univers qui les informe et les gouverne : « Les techniques issues de la science moderne dépassent l'entendement de la plupart des hommes et sont pour eux une cause d'humiliation permanente... Les sociétés modernes vivent, apprennent, enseignent encore 1— sans y croire d'ailleurs — des systèmes de valeurs dont les bases sont ruinées, alors que, tissées par la science, ces sociétés doivent leur émergence à l'adoption, le plus souvent implicite et par un très petit nombre d'hommes, de cette éthique de la connaissance qu'elles ignorent. » Et il y aurait là, selon le grand biologiste, le cas le plus dangereux de «l'aliénation moderne». Ces lignes sont désagréables à lire parce que, pour une grande part, elles sont vraies et caractérisent une situation nouvelle, gênante pour beaucoup. Certes, à toutes les époques, la connaissance scientifique a eu quelque chose de spécial qui échappait au profane vulgaire et rendait relative ou contestable la notion de « culture générale » sur laquelle on prétendait asseoir, encore au siècle dernier, la pédagogie de «l'honnête homme».devenue, une zone plus large y étant laissée aux sentiments et aux idées simples, au monde subjectif, à la sagesse naturelle et empirique ; et, d'autre part, la science demeurait plus proche de la vie, moin abstraite, moins séparée de la logique ordinaire. Sans remonter plus haut que deux ou trois cents ans, l'Encyclopédie pouvait être une entreprise où les écrivains collaboraient avec les physiciens et les mathématiciens pour l'information des gens du monde, où cl'Alembert appartenait aux lettres et aux sciences, où Voltaire faisait à Cirey de la physique d'amateur entre deux tragédies. Un siècle plus tôt, le Chevalier de Méré, ,qui n'avait rien de génial, était tenu par Pascal et Mersenne pour un interlocuteur admissible. Plus près de nous, l'introduction à l'étude de la médecine expérimentale de Claude Bernard, aussi bien que la Science et l'Hypothèse d'Henri Poincaré, intéressaient les savants sans être inaccessibles aux lettrés ; et ce qui se passait dans le laboratoire de Pasteur ou dans celui des Curie donnait, sur les lois de la vie et la nature des choses des aperçus dont une intelligence normalement exercée pouvait au moins saisir le sens et l'importance. Aujourd'hui, le progrès torrentiel des connaissances, la place toujours plus large que prennent les mathématiques dans les méthodes die leur progrès et la formulation de leurs résultats, la nécessité même où sont les savants de rétrécir toujours davantage le secteur de leurs observations et de leurs compétences individuelles creusent, entre la culture générale et la connaissance scientifique, un fossé difficile à franchir. Un grand physicien de mes amis me disait que, si Einstein revenait aujourd'hui de la mort et voulait comprendre ce que pensent et ce que formulent les chercheurs qui continuent sur sa lancée, il lui faudrait plusieurs années d'études pour se « recycler». C'est peut-être exagéré, je n'en sais rien. Mais il est manifeste que, dans tous les domaines, dans ceux des sciences physiques comme dans ceux des sciences humaines, les spécialistes s'essoufflent à courir derrière les progrès de leurs disciplines, à intégrer leurs propres découvertes et à y accorder leur langage. Comment le profane n'y perdrait-il pas. pied? ...»

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