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Paul VERLAINE - Sagesse - Le ciel est par-dessus le toit

Publié le 09/12/2021

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Introduction. Verlaine, en 1873, a été condamné à deux ans de prison. Le voici qui médite dans la solitude, à Bruxelles, avant son transfert à Mons. Le poème. Par l'étroite lucarne, le poète voit la grisaille du toit; par-dessus, un morceau de ciel, et les plus hautes branches d'un arbre doucement agitées par une brise légère. La reprise de par-dessus le toit, qui crée pour l'oreille un commencement d'obsession musicale, suggère, pour l'oeil et pour l'esprit, la pauvreté de cet horizon visible. Mais le prisonnier retrouve tout un univers oublié dans cette échappée de son regard vers la libre nature : enfermé dans sa cellule aux tristes murs nus, il est émerveillé par ce coin d'azur et par ces feuillages, comme si ses yeux s'ouvraient pour la première fois; et de même, les mots dont il se sert, tout simples, mais mis en valeur par le langage poétique, retrouvent tout le pouvoir de suggestion dont les dépouille l'usage commun : ciel, détaché en tête du poème, arbre, en tête du troisième vers, les deux adjectifs bleu et calme, soulignés par la répétition de l'intensif si.

« Paul VERLAINE - Sagesse - Le ciel est par-dessus le toit Le ciel est, par-dessus le toit,Si bleu, si calme !Un arbre, par-dessus le toit,Berce sa palme. La cloche, dans le ciel qu'on voit,Doucement tinte.Un oiseau sur l'arbre qu'on voitChante sa plainte. Mon Dieu, mon Dieu, la vie est làSimple et tranquille.Cette paisible rumeur-làVient de la ville. Qu'as-tu fait, ô toi que voilàPleurant sans cesse,Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,De ta jeunesse ? Introduction. Verlaine, en 1873, a été condamné à deux ans de prison.

Le voici qui médite dans la solitude, à Bruxelles, avant sontransfert à Mons. Le poème. Par l'étroite lucarne, le poète voit la grisaille du toit; par-dessus, un morceau de ciel, et les plus hautes branches d'unarbre doucement agitées par une brise légère.

La reprise de par-dessus le toit, qui crée pour l'oreille un commencementd'obsession musicale, suggère, pour l'oeil et pour l'esprit, la pauvreté de cet horizon visible.

Mais le prisonnier retrouvetout un univers oublié dans cette échappée de son regard vers la libre nature : enfermé dans sa cellule aux tristes mursnus, il est émerveillé par ce coin d'azur et par ces feuillages, comme si ses yeux s'ouvraient pour la première fois; et demême, les mots dont il se sert, tout simples, mais mis en valeur par le langage poétique, retrouvent tout le pouvoir desuggestion dont les dépouille l'usage commun : ciel, détaché en tête du poème, arbre, en tête du troisième vers, les deuxadjectifs bleu et calme, soulignés par la répétition de l'intensif si. Entre les deux premières strophes, il y a un enchaînement étroit et une profonde analogie de structure.

Le triste toitsemble oublié, mais le regard conquis par le ciel et par l'arbre s'attarde à les contempler; les deux mots repris sontsoulignés par la répétition de qu'on voit, qui traduit l'étonnement ingénu du poète.

Mais des impressions auditives vont sejoindre aux impressions visuelles : dans le ciel s'égrènent les doux sons d'une cloche, suggérés par les délicates sonoritéset le rythme du second vers (doucement tinte); de cet arbre jaillit la plainte de l'oiseau, suggérée par l'harmonie un peutraînante du dernier vers (chante sa plainte), dont le mouvement correspond et dont le rythme fait écho à ceux du derniervers de la strophe précédente (berce sa palme). Au contraire, entre la deuxième et la troisième strophe, il semble y avoir une sorte de rupture.

Un double cri : Mon Dieu,mon Dieu, succède à cette suite d'impressions paisibles : faut-il y voir une exclamation d'un pathétique familier ou unvéritable appel au secours de cette âme en détresse et déjà envahie de préoccupations mystiques? Le mouvement, en tout cas, annonce un retour sur soi-même.

Malgré les apparences, d'ailleurs, la continuité avec le début est bien réelle : lesimpressions de la vue, les impressions auditives qui s'y sont associées, ont fini par suggérer, avec le concours del'imagination qui les prolonge, le souvenir de cette vie simple et tranquille dont il a méconnu, dans ses égarements passés,l'émouvante séduction.

La vie est là, tout près, puisqu'il lui en est parvenu des images et des bruits, puisqu'il entendconfusément la rumeur de la ville.

Découverte tragique pour le prisonnier enfermé entre les murs épais de sa cellulecomme dans un tombeau. On conçoit que cette découverte s'accompagne dans son âme d'un douloureux tumulte : regret de la liberté perdue,remords de coupables agitations, nostalgie d'une existence innocente et d'un bonheur paisible, sont étroitement mêlésdans le mouvement de la dernière strophe.

Est-ce Dieu qui parle? est-ce la conscience du poète? Quelle que soitl'interprétation, le sens demeure le même.

Il y a dans la reprise de la question : qu'as-tu fait? une insistance pathétique.Quant à l'apostrophe Toi que voilà, elle se répète aussi, mais en changeant de portée : on doit la prononcer, d'abord avecmélancolie, puisqu'elle est associée au stérile désespoir du captif pleurant sans cesse; puis avec une intonation defarouche mépris, car les mots qui couronnent le poème donnent à la question la valeur d'un reproche brutal : « qu'as-tufait de ta jeunesse? » Sa jeunesse, ce sont ses rêves de poète épris de pureté, de fiancé exalté par son amour; et le motest aussi admirable dans sa simplicité que le mot ciel du début.

Voilà ce qu'il a laissé échapper! Mais la profondeur de sondésespoir prouve qu'il va remonter de l'abîme; et dans cette même prison, il recevra avec ferveur la divine consolation dela grâce. Conclusion. Ce poème est un témoignage intime d'une sincérité absolue.

Il traduit, non pas, comme les pièces du début, une mélancolie vague ou une tristesse sans cause, mais le désarroi profond d'un coeur meurtri, d'une âme en pleine crise. Les moyens d'expression sont d'une admirable simplicité.

Verlaine donne un des plus purs exemples de son art, qui consiste à émouvoir par la transcription directe d'états éprouvés, grâce aux ressources musicales du langage poétique,sans recours aux artifices ni à l'éloquence.. »

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