Paul DéroulèdeL'homme qui brava Clemenceau.

« 1 / 2 Paul Déroulède L'homme qui brava Clemenceau 1846-1914 A fin 1892 éclate un scandale retentis­ sant.

La Libre Parole et La Cocarde affirment que le gouvernement est impli­ qué dans le fiasco de Panama.

Peu après, Paul Déroulède accuse Clemen­ ceau de complicité avec un aventurier, Cornélius Herz: «Pas un de vous ne le nommerait, car vous redoutez son épée, son pistolet, sa langue.

Moi je brave les trois et je le nomme.» Il s'ensuit un duel qui discrédite un temps Clemenceau et met Déroulède en vedette.

Paul Déroulède (1846-1914) est engagé volontaire dans la guerre franco­ allemande; mais un accident le force à se retirer alors qu'il vient d'atteindre le grade de lieutenant.

Toute son existence est marquée par son désir de revanche.

En 1872, il se rend populaire par une sé­ rie de poèmes patriotiques, Chants du soldat, suivis, trois ans plus tard, par les Nouveaux Chants du soldat.

C'est dans la même logique qu'il fonde, en 1882, la Ligue des patriotes, dont il prend la direction en 1887.

Mais c'est surtout ses prises de position politiques qui assurent sa notoriété.

Ce «bonapartiste sans Bonaparte» est un boulangiste de la première heure.

En 1885, il crée un Comité national de sou­ tien au général Boulanger.

Malheureuse­ ment pour Déroulède, l'aventure tourne court.

Pourtant, en 1889, il réussit à se faire élire député de la Charente.

TI part pour Jer­ sey afm de tenter de ramener le général en France.

En vain! En 1892, il démission­ ne de son siège avant de retourner à la Chambre dans les rangs des partisans de la république plébiscitaire.

La même année, le scandale de Panama sert les intérêts des anciens boulangistes qui y voient l'occasion d'une revanche contre les parlementaires.

Plus tard, Déroulède joue la carte d'un nouveau général, Roget, qu'il cherche à entraîner contre l'Elysée à l'occasion des obsèques de Félix Faure.

Accusé d'atteinte à la sûreté de l'Etat, Déroulè­ de est acquitté (1899), puis condamné par la Haute Cour à dix ans de bannis­ sement (1900).

De son exil de Saint­ Sébastien, il continue à diriger la Ligue des patriotes.

Il est amnistié en 1905.

Durant les dix dernières années de sa vie, il se fait l'avocat d'une nouvelle guerre contre l'Allemagne et d'une alliance franco-russe.

Il meurt le 30 jan­ vier 1914, quelques mois avant ce con­ flit qu'il a si ardemment souhaité.

Son œuvre littéraire est médiocre et dé­ suète.

Barrès, pourtant du même bord, a suggéré «d'ouvrir une souscription pour lui offrir une grammaire».

Mais ses idées politiques sont beaucoup plus inquiétantes, puisqu'elles annoncent le fascisme français. 2 / 2. »