Ouzbékistan (1993-1994)
Publié le 20/09/2020
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«
Malgré l'adoption d'une Constitution en apparence libérale, c'est toujours le
système présidentialiste autoritaire, ne tolérant que les partis d'opposition
approuvés par le pouvoir, qui a semblé prévaloir.
Le président Islam Karimov et
son Parti démocratique du peuple (ex-Parti communiste) à la tête de l'État
depuis 1990, a renforcé son autorité, malgré des difficultés économiques
risquant d'entraîner des troubles sociaux.
L'opposition de la période de
l'indépendance (les partis Erk et Birlik) a été contrainte à l'exil, tandis que
des personnalités politiques jusque-là proches du pouvoir, mais ayant pris leurs
distances avec ce dernier, se sont vues réduites au silence.
Les différentes
formations d'opposition ne parvenaient cependant pas à mobiliser la population.
Une politique de récupération intelligente de l'islam - célébration solennelle
du 675e anniversaire de la naissance du fondateur de la confrérie Naqshbandi, à
Boukhara en octobre 1993 - a désamorcé la contestation islamiste, ne s'exerçant
que dans un cadre régionaliste (vallée du Ferghana).
L'exaltation du passé
"ouzbek", particulièrement manifeste lors des fêtes de l'indépendance de
septembre 1993, visait à instituer une nouvelle légitimité nationaliste.
Cette consolidation de l'identité ouzbèke ne s'est toutefois pas traduite par
une diplomatie dynamique, bien que le pays, avec ses 20 millions d'habitants,
soit le "poids-lourd" de l'Asie centrale.
Les échanges avec la Turquie, qui a
accueilli l'opposant Mohammed Saleh du parti Erk n'ont pas été enthousiastes.
Les États-Unis ayant particulièrement aiguillonné Tachkent sur la question des
droits de l'homme, les relations entre les deux pays ont été au plus bas.
Les rapports avec la Russie se sont également tendus.
L'Ouzbékistan s'est vu
quasiment expulsé, en décembre 1993, d'une zone rouble à laquelle il tenait
particulièrement et évincé par Moscou de la gestion de la crise tadjike.
Après
la défaite au Tadjikistan de l'éphémère gouvernement "islamo-démocratique", en
décembre 1992, à laquelle les deux pays ont contribué, Tachkent a souhaité
devenir le parrain politique du Tadjikistan et confiner Moscou dans la seule
garde des frontières.
Mais la Russie est plus que jamais demeurée la puissance
dominante au Tadjikistan et Tachkent n'a obtenu qu'un statut d'observateur aux
négociations engagées sous l'égide de l'ONU.
En Afghanistan, le soutien discret apporté au général Rashid Dustom (ouzbek)
dans le nord du pays n'a guère porté.
Sans atteindre le point de rupture, les
relations de l'Ouzbékistan avec l'ensemble de ses voisins sont demeurées
empreintes de méfiance, or le problème de Tachkent a justement semblé être son
impuissance à intégrer un système d'alliances pour renforcer son indépendance
par rapport à Moscou.
Sur le plan économique, la fin de l'année 1993 a été marquée par la mise en
service précipitée et catastrophique du som-coupon, ersatz de monnaie nationale,
qui s'est immédiatement dévalorisé par rapport au rouble russe malgré la parité
officielle.
L'annonce d'un programme de privatisation dans une économie restée
jusque-là très centralisée et étatisée a surpris.
En effet, la paix sociale est
apparue largement tributaire du système de subventions étatiques, devenu
certainement trop coûteux.
Or, la question sociale a semblé véritablement
représenter la clé de la stabilité politique..
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