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MÉTHODOLOGIE : LA DISSERTATION PHILOSOPHIQUE

Publié le 15/10/2023

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« MÉTHODOLOGIE : LA DISSERTATION PHILOSOPHIQUE 1 L’épreuve dure quatre heures, ce temps limité étant à organiser en trois étapes : - Le travail préparatoire (entre 1 et 1h30) - La rédaction - La relecture (10-15 mn) I/ LE TRAVAIL PREPARATOIRE Première étape à ne pas négliger, car elle conditionne la compréhension du sujet et son approfondissement philosophique. A/ ANALYSE DU SUJET Cette analyse va permettre de cibler le sujet, d’identifier ce que quoi il va falloir réfléchir.

Chaque sujet a sa spécificité : si on ne prête pas attention à la forme de la question et à tous ses termes, on risque fortement le hors-sujet. 1) IDENTIFIER LE TYPE DE SUJET À TRAVERS LE REPÉRAGE DE LA FORME DE LA QUESTION  La forme de la question constitue un premier cadrage de la réflexion.

Des sujets peuvent porter sur une même notion du programme mais inviter à un questionnement très différent : « peut-on être libre ? » / « qu’est-ce qu’être libre ? » / « comment être libre ? ».  Pour cela il faut être attentif aux mots qui introduisent et orientent la question : verbes, adverbes, conjonctions, tournures négatives etc…  Les sujets proposés au baccalauréat adoptent souvent l’une ou l’autre des grandes formes suivantes : - « PEUT-ON...

? » : cette question appelle à déterminer : - une POSSIBILITÉ : il s’agit de s’examiner si, du point de vue conceptuel, les termes du sujet sont compatibles ou contradictoires. - une LÉGITIMITÉ : il s’agit d’une QUESTION DE DROIT, qui nous invite à nous interroger sur les fondements ou la valeur morale d’une pratique. - une CAPACITÉ : il faut alors se demander ce qui permettrait ou limiterait, voire empêcherait de dire, d’être ou de faire quelque chose, pourquoi, et si ces limites sont surmontables. N.B : certains sujets mettent l’accent sur l’une de ces deux dimensions (possibilité, légitimité), d’autres invitent à les envisager toutes les deux. - « FAUT-IL...

? » : cette question invite à faire apparaître : - une NÉCESSITÉ : il faut se demander en quoi une chose ne pourrait pas être autrement qu’elle n’est, en saisissant sa nature et en se demandant à quelle(s) contradiction(s) on aboutirait si l’on en niait la nécessité. - une OBLIGATION : pourquoi, au nom de quoi une pratique constituerait un devoir, quel type de devoir (moral, social…)? 4- « DANS QUELLE MESURE...

? » : ce type de question exige la mise en évidence d’une ou de plusieurs LIMITES. 5- « COMMENT...

? » : cette question amène à déterminer une MANIÈRE, des MOYENS, des CONDITIONS, une MÉTHODE selon les cas. 6- « QU’EST-CE QUE...

? » (variante : « À QUOI RECONNAÎT-ON...

? ») : la question nous invite à chercher une DÉFINITION de l’objet considéré, à saisir son ESSENCE ou sa NATURE.

Pour la traiter, on pourra partir de la représentation courante (l’opinion commune), que l’on remettra en question ou approfondira au fur et à mesure de la dissertation, grâce à des comparaisons et des distinctions conceptuelles, qui permettront de cerner la spécificité de cet objet. Les questions du type « ..., EST-CE...

? », « ...

CONSISTE-T-IL(ELLE) À (EN)...

? », , « ...

SE DÉFINIT-IL(ELLE) COMME...

? », s’apparentent à la question « qu’est-ce que ? », mais elles fournissent un cadre à la recherche de la définition : elles nous invitent à cerner l’essence de l’objet considéré en nous demandant si la propriété énoncée par l’autre terme du sujet permet de le caractériser pleinement.

Il s’agit de dégager les similitudes et les différences entre deux notions, pour approfondir la définition de la première par un travail de comparaison, de distinction ou d’opposition.  Les adverbes (« nécessairement », « toujours », « parfois », « seulement », « plutôt »...), conjonctions (ou, ou bien), les tournures négatives (ne...

que), peuvent infléchir également la question, en introduisant l’idée de nécessité, d’universalité, de restriction, de limitation, d’exception, de comparaison, d’alternative etc… sur laquelle il faudra à chaque fois réfléchir. 2) ANALYSE DES MOTS DU SUJET ET DE LEURS RELATIONS   Le sujet porte toujours, implicitement ou explicitement, sur une ou plusieurs notions au programme, sur lesquelles il s’agit de s’interroger sous un certain angle, fourni par les autres mots du sujet, à ne jamais négliger. Les mots du sujet ne doivent pas être analysés isolément, indépendamment du contexte du sujet.  Les deux étapes (a et b) ci-dessous seront donc à mener conjointement. a) Définir les mots termes du sujet  On commence par élaborer une définition précise des mots importants, en faisant attention au contexte de la question pour ne retenir que les sens pertinents.

Pour cela, il faut chercher : la signification commune du terme, à travers des expressions courantes, des exemples de situation où il est employé. - - 2 des synonymes, pour montrer la proximité et les différences de sens ; des antonymes, pour approcher le sens à partir des opposés. l’étymologie, si on la connaît, pour trouver le sens premier du terme qui permet d’éclairer le(s) sens actuel(s). le ou les usage(s) philosophique(s) précis du terme, s’il renvoie à une notion travaillée et débattue par les philosophes. NB : une bonne définition doit identifier le genre (à quelle classe d’êtres X appartient) et la différence spécifique (quels sont les critères distinctifs de X, permettant de le différencier des autres êtres de la même classe ?).

Elle doit être nécessaire (se demander si tout X est Y, en cherchant des contre-exemples, où X ne serait pas Y), et suffisante (tout Y est-il X ? contreexemples ?).

Il faut donc éviter les définitions circulaires : l’amour, c’est quand on aime…  Pour saisir le sujet dans sa spécificité, il ne faut surtout pas négliger les éléments en apparence secondaires, comme les articles, les adjectifs… : - un article défini singulier peut renvoyer à un modèle universel, un idéal, une norme (« l’homme est-il libre ? »); un article défini pluriel, au domaine des faits, de l’expérience, de la « réalité » (« les hommes sont-ils méchants ? ») ; un article indéfini, à une unité ou unicité qu’il s’agit d’interroger (« y a-t-il une vérité ? »). - un adjectif peut être aussi important qu’un nom commun, infléchir fortement le sens d’une question : « accomplir tous ses désirs, est-ce une bonne règle de vie ? » implique un jugement de valeur. b) Analyse logique de l’articulation des termes du sujet   Menée en même temps que l’analyse de chaque terme de l’énoncé, elle permettra de comprendre la signification précise du sujet et de saisir en quoi la mise en relation des différents termes au sein de la question peut donner à réfléchir. Il faut examiner les rapports logiques questionnés par le sujet entre les termes définis en (a) : - IDENTITÉ : mêmes propriétés essentielles.

Exemple : « La liberté est-ce l’indépendance ? » - ANALOGIE : même structure malgré différences, permettant de penser l’un sur le modèle de l’autre.

Exemple : « La société est-elle un organisme vivant ? », « L’homme est-il un loup pour l’homme ? ». - IMPLICATION UNILATÉRALE : l’un dérive de l’autre, en est l’effet.

Exemple : « nos pensées sont-elles le fruit de notre époque ? » ; ou IMPLICATION RÉCIPROQUE : chacun des termes est à la fois la cause et l’effet de l’autre (l’histoire fait l’homme, l’homme fait l’histoire). - CONDITION : l’un des termes est la condition de possibilité de l’autre.

Exemple : « peut-il y avoir la paix sans la justice ? » - CONTRADICTION : les deux termes s’excluent réciproquement.

Exemple : « la science est-elle incompatible avec la religion ? », « l’hypothèse d’un inconscient psychique est-elle contradictoire ? »  Sur cette base, on reformulera la question posée, en diversifiant les questions, et en excluant les sens non pertinents. B/ ELABORATION DU PROBLEME ET DU PLAN  La réussite de la dissertation est conditionnée par la problématisation du sujet : si l’on ne transforme pas la question posée en problème, la réponse au sujet ne pourra être que superficielle.

A la différence d’une question, à laquelle il existe une seule et unique réponse évidente dès lorsqu’on a les connaissances requises, un problème confronte la pensée à des difficultés empêchant toute réponse automatique : on s’aperçoit qu’il y a plusieurs manières de répondre au sujet, correspondant à des perspectives divergentes ou opposées.

Pour traiter le sujet, il faudra donc examiner l’intérêt et les limites de chacune de ces perspectives. NB : un problème philosophique porte sur un domaine concernant tout être humain et ne renvoie jamais à une simple QUESTION DE FAIT (question portant sur l’existence de telle ou telle donnée contestable), mais toujours à une QUESTION DE DROIT (légitimité) OU D’ESSENCE (définition).

Exemple : « peut-on clôner l’homme ? » Question de fait : est-ce qu’on dispose actuellement des techniques pour le faire ou est-ce que la législation en vigueur dans tel ou tel pays l’autorise ? Question de droit :.... »

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