Méthodologie du commentaire de texte. > Entrainement sur l’Acte II, scène 2 des Fourberies de Scapin.
Publié le 07/04/2025
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Méthodologie du commentaire de texte.
> Entrainement sur l’Acte II, scène 2 des Fourberies de Scapin.
Dans cette scène, Scapin fait croire à son maître, Géronte, qu’on vient pour le tuer et il l’a
alors persuadé de se cacher dans un sac.
Auparavant, Géronte a demandé si son fils était
sauvé des tracas qui le menaçaient.
Scapin lui a dit que oui (il lui a pris 500 écus à cette
occasion) mais que le père était à présent en danger de mort après une affaire de mariage.
C’est de nouveau une arnaque du valet, réputé pour sa sournoiserie.
SCAPIN.- Attendez.
Voici une affaire que je me suis trouvée fort à propos pour vous sauver.
Il
faut que vous vous mettiez dans ce sac et que…
GÉRONTE, croyant voir quelqu’un.- Ah !
SCAPIN.- Non, non, non, non, ce n’est personne.
Il faut, dis-je, que vous vous mettiez là
dedans, et que vous gardiez de remuer en aucune façon.
Je vous chargerai sur mon dos,
comme un paquet de quelque chose, et je vous porterai ainsi au travers de vos ennemis,
jusque dans votre maison, où quand nous serons une fois, nous pourrons nous barricader,
et envoyer quérir main-forte contre la violence.
GÉRONTE.- L’invention est bonne.
SCAPIN.- La meilleure du monde.
Vous allez voir.
(À part.) Tu me payeras l’imposture.
GÉRONTE.- Eh ?
SCAPIN.- Je dis que vos ennemis seront bien attrapés.
Mettez-vous bien jusqu’au fond, et
surtout prenez garde de ne vous point montrer, et de ne branler pas, quelque chose qui
puisse arriver.
GÉRONTE.- Laisse-moi faire.
Je saurai me tenir…
SCAPIN.- Cachez-vous.
Voici un spadassin qui vous cherche.
(En contrefaisant sa voix.)
“Quoi ? Jé n’aurai pas l’abantage dé tuer cé Geronte, et quelqu’un par charité né
m’enseignera pas où il est ?” (À Géronte avec sa voix ordinaire.) Ne branlez pas.
(Reprenant
son ton contrefait.) “Cadédis , jé lé trouberai, sé cachât-il au centre dé la terre.” (À Géronte
avec son ton naturel.) Ne vous montrez pas.
(Tout le langage gascon est supposé de celui
qu’il contrefait, et le reste de lui.) “Oh, l’homme au sac !” Monsieur.
“Jé té vaille un louis, et
m’enseigne où put être Géronte.” Vous cherchez le seigneur Géronte ? “Oui, mordi ! Jé lé
cherche.” Et pour quelle affaire, Monsieur ? “Pour quelle affaire ?” Oui.
“Jé beux, cadédis, lé
faire mourir sous les coups de vaton.” Oh ! Monsieur, les coups de bâton ne se donnent
point à des gens comme lui, et ce n’est pas un homme à être traité de la sorte.
“Qui, cé fat
dé Geronte, cé maraut, cé velître ?” Le seigneur Géronte, Monsieur, n’est ni fat, ni maraud,
ni belître, et vous devriez, s’il vous plaît, parler d’autre façon.
(… ) “Est-ce que tu es des amis
dé cé Geronte ?” Oui, Monsieur, j’en suis.
“Ah ! Cadédis, tu es de ses amis, à la vonne hure.”
(Il donne plusieurs coups de bâton sur le sac.) “Tiens.
Boilà cé que jé té vaille pour lui.” Ah,
ah, ah ! Ah, Monsieur ! Ah, ah, Monsieur ! Tout beau.
Ah, doucement, ah, ah, ah ! “Va, portelui cela de ma part.
Adiusias.” Ah ! diable soit le Gascon ! Ah !
En se plaignant et remuant le dos, comme s’il avait reçu les coups de bâton.
GÉRONTE, mettant la tête hors du sac.- Ah, Scapin, je n’en puis plus.
SCAPIN.- Ah, Monsieur, je suis tout moulu, et les épaules me font un mal épouvantable.
GÉRONTE.- Comment, c’est sur les miennes qu’il a frappé.
Introduction
Comme toute introduction qui se respecte, le début de ton commentaire doit contenir les
éléments suivants :
1.
Le titre et la date de publication de l’œuvre dont est extrait le texte ainsi que sa nature ;
2.
Le thème, le type de narrateur, le registre et les outils majeurs de l’argumentation ;
3.
La structure du texte, le plan et la problématique du commentaire.
Dans ce cas, il s’agit d’un extrait d’une comédie intitulée Les Fourberies de Scapin, de Molière
(parue en 1671).
Les intrigues amoureuses se mêlent aux fourberies du valet Scapin, personnage
inspiré de la commedia dell’arte.
C’est un extrait comique et carnavalesque.
Il traite de la relation
entre le maître Géronte et son valet Scapin, une relation qui est INVERSÉE dans ce passage.
Scapin trompe Géronte en lui faisant croire à une menace qui planerait sur lui et le bat tandis
qu’il est caché dans un sac.
Le registre est léger, tout est fait pour rendre la scène COMIQUE.
Le texte contient deux parties : 1/ la mise en place du piège de Scapin.
2/ la tromperie effective
de Géronte.
Nous étudierons tout d’abord les figures principales de ce passage, puis les outils du comique
à l’oeuvre ici.
Notre problématique sera la suivante :
Dans quelle mesure ce passage carnavalesque dans lequel les rôles du valet et du maître sont inversés,
présente de manière comique les rôles sociaux ?
Les personnages principaux dans les Fourberies de Scapin
I.
1.
Le maître
Géronte est le père du maître de Scapin (qui se prénomme Léandre).
Il fait donc partie du clan
des maîtres.
C’est un personnage riche, cupide et ingénu.
L’élément le plus visible ici est son ingénuité.
Après avoir été trompé une fois déjà au sujet de son fils (Scapin lui a raconté qu’il s’était mis
dans une affaire dangereuse et que cinq cents écus étaient nécessaires pour le sortir d’affaire,
de l’argent que Géronte a donné à Scapin sans sourciller), il l’est de nouveau par le même valet
Scapin.
Celui-ci lui raconte qu’il est en danger, que pour une certaine affaire de mariage on lui en veut
et le menace de mort.
Mort de peur et plutôt lâche, Géronte se cache ainsi dans un sac pour être
protégé de ses assaillants et, dupé par Scapin, il se fait rouer de coups de bâton par le valet qui
feint une bagarre avec des étrangers.
Il découvre la tromperie à la fin du passage, quelques
temps après être entré dans le sac, parce qu’il a mal, se plaint de la douleur à Scapin et ne
parvient pas à rester caché dans le sac.
Il apparaît donc ici naïf et lâche.
I.
2.
Le valet
Scapin, en revanche, est plutôt victorieux et dominant dans ce passage.
C’est un as des pièges
et des tromperies, un art qu’il met en application pour tromper Géronte et se venger.
Le personnage de Scapin est largement inspiré de celui du valet de la commedia dell’arte : il est
astucieux, doué dans l’art de la tromperie et sert ses propres intérêts.
Il a aussi une grande
portée comique, ses actes et ses paroles font beaucoup rire le spectateur.
C’est par exemple le
cas lorsqu’il bat Géronte qui est caché dans son sac pour échapper à d’éventuelles....
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