Databac

MERLEAU-PONTY ou L'enracinement du sens par Jean-Pierre Charcosset

Publié le 17/06/2020

Extrait du document

Ci-dessous un extrait traitant le sujet : MERLEAU-PONTY ou L'enracinement du sens par Jean-Pierre Charcosset. Ce document contient 2523 mots soit 5 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Philosophie.

« Ce que j'essaie de vous traduire est plus mystérieux, s'enchevêtre aux racines mêmes de l'être, à la source impalpable des sensations. Cézanne. Une œuvre inachevée Inachevée, l'œuvre de Merleau-Ponty l'est à un double titre. Elle l'est d'abord de fait, en raison de la mort soudaine qui frappa son auteur à sa table de travail, à l'âge de 53 ans. Elle l'est surtout pour des raisons plus essentielles à une pensée qui ne prétend à aucun moment en finir avec le réel. Or, en dépit de sa brièveté, l'œuvre possède à la fois sa complexité et son mouvement, que plusieurs distinctions élémentaires permettent d'éclairer. Du point de vue chronologique, on convient généralement de discerner trois moments : — celui des deux thèses : La Structure du comportement et La Phénoménologie de la perception, jusqu'en 1945 ; — celui qui va de 1945 à la fin des années 50 où, comme on l'a dit, Merleau-Ponty cherche à « appliquer les conclusions de ses deux thèses à divers domaines de l'expérience » (art, langage, politique) ; — vers la fin des années 50, Merleau-Ponty repart à la recherche de ce qu'il appelle alors le «fondamental » ou l'« originaire ». Cette quête ontologique nous est surtout connue à travers les publications posthumes, dues aux soins fidèles de Cl. Lefort, mais elle apparaît déjà dans L'Œil et l'Esprit. Du point de vue formel, il conviendrait de distinguer entre plusieurs genres, puisque certains ouvrages (thèses ou ouvragées posthumes) ont été élaborés dans une perspective unitaire, alors que d'autres (Sens et Non-Sens et Signes) sont des recueils de conférences ou d'articles dont la composition bouscule parfois la chronologie, ne serait-ce que par les préfaces dont la rédaction est toujours postérieure aux textes présentés. Enfin, du point de vue de la teneur, l'œuvre comporte manifestement deux versants : l'un consacré à l'étude de la perception et, finalement, du « visible », l'autre consacré à la vie politique (en particulier Humanisme et Terreur et Les Aventures de la dialectique) ou, si l'on préfère, l'un consacré au monde naturel et l'autre au monde historique. Non seulement ces trois « axes » obligent celui qui n'effectue d'abord qu'une lecture partielle à situer précisément l'ouvrage ou le passage auquel il a affaire, mais ils justifient au moins deux questions : — Y a-t-il une unité de l'œuvre de Merleau-Ponty ? Si oui, comment s'articulent en elle philosophie de la Nature et philosophie de l'Histoire ? Sinon, comment comprendre l'incursion sur le terrain de la politique et l'apparente distance finalement adoptée à l'égard des affaires publiques ? — Y a-t-il donc continuité ou rupture du début à la fin de l'œuvre puisque, selon les lecteurs, tantôt ce qui frappe c'est en effet la perpétuelle reprise des mêmes problèmes, tantôt au contraire tout semble s'être métamorphosé en cours de route — comme l'indique notamment le changement de vocabulaire ? Or, quoi qu'il en soit des réponses que chacun peut apporter à ces questions posées en termes convenus et peut-être naïfs — tant le mouvement même de l'œuvre s'ingénie à les récuser — ce qui demeure c'est un style marqué par la précision et la sobriété, témoignant constamment d'une haute « tenue », même si l'on a pu parler à propos des derniers écrits d'un « rythme plus aéré de la pensée ». Merleau-Ponty n'a sans doute jamais cédé au fétichisme de la chose écrite — « il est plus difficile, disait-il, de vivre que d'écrire des livres » (Signes, p. 28) — pourtant ce philosophe était un écrivain. La coupure entre prose et poésie a d'ailleurs, selon lui, quelque chose de hâtif, car « toute grande prose est aussi une recréation de l'instrument signifiant, désormais manié selon une syntaxe neuve ». A cet égard et pour recourir à ses propres termes, la grande prose de Merleau-Ponty a su être poétique — sans ostentation. Une pensée de « l'indivision » Un des procédés d'exposition auquel -Merleau-Ponty a volontiers recours incite à considérer ensemble La Structure du comportement et La Phénoménologie de la perception. Rappeler les termes d'une alternative pour ensuite les renvoyer dos à dos («Ni..., ni... ») commande en effet non seulement le détail de nombreuses analyses mais également le rapport qu'entretiennent entre elles les deux thèses. Quelles que soient leurs différences apparentes (et réelles) de propos, elles consistent par priorité, la première à s'expliquer avec la psychologie à prétention objective (behaviorisme, réflexologie notamment), l'autre avec la théorie intellectualiste — en commençant, en chacun des cas, par... le commencement. Or les philosophies qui sous-tendent (implicitement ou explicitement) ces positions, semble-t-il, opposées « ont ceci de commun qu'elles oublient au profit de la pure extériorité ou de la pure intériorité, l'insertion corporelle de l'esprit » {Un inédit..., p. 402). L'essentiel ne se trouve donc ni du côté de l'objet ni du côté du sujet. « Pensée de l'indivision », la pensée de Merleau-Ponty montre comment l'essentiel se joue entre l'un et l'autre. C'est ce que permet déjà d'entrevoir la Psychologie de la Forme. En effet, le terme de « structure » dans le titre de la première thèse ne renvoie pas tant à la Structure (Aufbau) de l'organisme de Goldstein, qu'à la notion de Gestalt dont elle constitue l'une des traductions possibles en français. C'est elle qui « remet en question l'alternative classique de “l'existence comme chose” et de “l'existence comme conscience”, elle établit une communication et comme un ...»

« 1 / 2 MERLEAU-PONTY ou L'enracinement du sens par Jean-Pien-e Charcosset 2 / 2. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles