Mémoire

« 1 / 2 9 août 1967 Série C-41 Fiche No 1917 Mémoire 1.

La mémoire est étudiée par des psychologues qui tentent de déterminer les lois de la mémorisation et par des physiologistes qui veulent en découvrir le mécanisme biologique.

Cette double orientation trouve son origine dans des conceptions remon­ tant au XVIIe siècle: la donnée mémorisée laisserait une empreinte matérielle dans le cerveau.

Le support matériel de la mémoire est encore très mal connu.

Mais la neurophysiologie de la mémoire s'efforce d'échapper à un matérialisme élémentaire: le souvenir n'est pas un phénomène statique, qu'on trouverait dans le cerveau au repos.

C'est plutôt une aptitude à reformer une structuration dynamique d'excitations et d'inhibitions, constituée antérieurement.

2.

Sur le plan psychologique, des lois descriptives précises rendent compte de l'acquisition, du rappel, du transfert et d'autres modalités de t'activité mnésique.

Cependant, l'existence d'un facteur unique de mémoire est très controversée.

On distingue la mémoire immédiate de la mémoire à long terme, la fixation volontaire de la rétention sans intention de fixer, etc.

3.

Le problème de la mémorisation (comment retrouver dans la mémoire ce qui y est déposé) a été étudié de bien des façons.

Une expérience mesurant le temps nécessaire au rappel de l'information stockée dans la mémoire semble prouver que les sujets d'expérience « lisent " dans leur mémoire, l'un après l'autre, les messages stockés pour retrouver le message recherché.

Cette lecture semble s'effectuer au rythme moyen de 25 à 35 symboles par seconde (vitesse représentant la durée d'évé­ nements internes du cerveau).

4.

Les physiologistes s'efforcent de déterminer par quels intermédiaires s'effectue, au niveau cérébral, le stockage des informations mémorisées.

Ils ont pu montrer que les différentes parties du cerveau n'ont pas une importance égale dans le processus de mémorisation.

Certaines sont indispensables à l'acquisition et à la conservation des souvenirs.

Ainsi a pu être précisée, en accord avec les données chimiques, l'origine de certaines formes d'amnésie.

5.

L'inégale importance des différentes parties du cerveau n'est pas une explicitation du mécanisme biologique.

Celui-ci a été depuis longtemps recherché dans le mode de fonctionnement du neurone.

La cybernétique avec ses notions de « circuits réver­ bérants " est venue enrichir ce domaine de recherche d'un certain nombre de sché­ mas explicatifs qui restent encore, pour l'essentiel, du domaine de l'hypothèse.

6.

Sous l'influence des succès de la biologie moléculaire, c'est au niveau bio­ chimique que les «traces mnésiques" sont recherchées.

Ces dernières s'inscriraient sur les diverses liaisons de l'acide ribonucléique (ARN).

A l'appui de cette thés~ viennent en particulier les expériences de McConnell (1959): un lot de planaires (petits vers plats) soumis à un apprentissage est réduit en fragments qu'ingèrent d'autres planaires " ignorantes"· Par leur comportement, celles-ci manifestent alors l'apprentissage effectué par les premières.

Il y aurait donc un transfert biochimique de la mémoire.

Mais cette expérience et de nombreuses autres qui s'inscrivent dans le même cadre sont vivement controversées. 2 / 2. »