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cours hggsp histoire et mémoire

Publié le 30/05/2022

Extrait du document

histoire
b. La commémoration du centenaire entre histoire et diplomatie
Dès 2012 est lancée en France la mission du centenaire 14-18. Rassemblant des historiennes et des historiens de tous
horizons (parfois adversaires farouches dans des controverses historiques), elle a pour objectif de rendre visibles
l’histoire et les mémoires de la Première Guerre mondiale à toutes les échelles, du local à l’international. Elle initie
des projets scientifiques, artistiques, commémoratifs et pédagogiques. Le travail est considérable pendant six ans et
s’efforce d’embrasser l’ensemble des dimensions de la guerre.
Il s’agit de mieux donner à voir le caractère mondial de la guerre, trop longtemps étroitement considérée comme une
affaire strictement européenne : à l’occasion du centenaire, le souvenir de la Grande Guerre est commémoré
partout, et la place des colonies est réaffirmée. Par ailleurs, ce ne sont pas moins de 72 chefs d’État et délégations
qui sont invités en France le 11 novembre 2018. Cette commémoration est présentée une œuvre de paix ; lors de son
discours sous l’Arc de Triomphe, la président de la République a exhorté ses invités « au combat pour la paix » en
refusant « le repli, la violence et la domination ». Après le déjeuner, certains dirigeants se sont rendus au Forum de
Paris sur la paix, dont c’était la première édition.
https://www.france24.com/fr/video/20181111-11-novembre-moments-forts-dune-ceremonie-hors-norme
Mais le protocole établi par l’Élysée a provoqué un incident diplomatique. Le président serbe s’est trouvé placé dans
une tribune secondaire, alors que les vaincus de 1918, notamment le président turc Erdogan et la chancelière
allemande Angela Merkel ont eu droit à la tribune principale (le plus choquant pour les Serbes fut la présence dans
celle-ci du président du Kosovo). L’épisode rappelle qu’en Serbie, où Gavrilo Princip est honoré comme un héros
national, l’histoire de la Première Guerre mondiale est demeurée, au-delà d’un objet de mémoire, un enjeu politique
majeur et d’autant plus dans un pays déchiré et « humilié » par l’éclatement de la Yougoslavie.
Conclusion
En 1924, le journaliste écrivain Alfred Fabre-Luce écrivait « L’Allemagne et l’Autriche ont fait les gestes qui rendaient
la guerre possible ; la Triple-Entente a fait ce qui la rendait certaine ». Il résume bien la réalité d’une guerre dans
laquelle s’est précipité le continent européen sans en mesurer toutes les conséquences.
Depuis le début du conflit et jusqu’à aujourd’hui, cette histoire continue de s’écrire, influencée par les contextes et les
nationalités de celles et ceux qui l’observent, par les types et les choix d’archives consultées, par les évolutions
historiographiques qui privilégient tour à tour histoire militaire, diplomatique, économique, sociale et culturelle.
Dans cette richesse historiographique et dans les débats politiques qu’elle traduit et qu’elle alimente en retour, les
causes de 1914 semblent demeurer, comme l’écrit joliment l’historien allemand Joachim Käppner, un « espace
d’incertitude historique ».
B. Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Jalon p.164-167 et carte p 161. Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie
Benjamin Stora et son rapport en janvier 2021
https://www.youtube.com/watch?v=8hZvispse7k
https://www.youtube.com/watch?v=AT7chnmIF4A
Les filles et femmes des harkis dénoncent le rapport :
https://information.tv5monde.com/video/rapport-stora-c-est-un-deni-de-justice-un-deni-de-verite
Trente ans après l’indépendance algérienne, la guerre d'Algérie fait-elle encore partie de l'histoire de la France, la
question se pose et pourtant depuis janvier les tensions au sujet du rapport de l’historien B. Stora prouve que les
tensions mémorielles à ce sujet restent vives. L’absence de mémoire collective domine en France, voir une volonté
officielle d’amnésie et , de l'autre côté de la Méditerranée, une hyper-commémoration obsessionnelle, allant jusqu'à
la résurgence du passé dans l'actualité. Beaucoup d’historiens s’accordent à reconnaitre que les mémoires de ce conflit
sont « plurielles et cloisonnées », et ne peuvent donner lieu à une « mémoire nationale consensuelle». Chaque groupe
entretient sa mémoire et la transmet en déformant la réalité historique. Or, la guerre d’Algérie est aussi un enjeu de
politique nationale en France et en Algérie et, de politique internationale entre les deux pays.
Ces deux situations opposées sont défavorables à l'élaboration d'un savoir historique répondant aux besoins de
mémoire des deux peuples sur cette guerre cruelle. Et pourtant, dans les deux pays, le recours à l'histoire est de plus
en plus ressenti comme nécessaire pour aider à en guérir les séquelles et pour éviter d'en répéter les malheurs.
Comment les mémoires de la guerre d’Algérie se construisent et se transmettent-elles ?
Quelles répercussions politiques et géopolitiques nourrissent-elles ?
1. Des mémoires opposées, parfois antagonistes
À l’issue de la signature des accords, les Européens d’Algérie, sont très vite amenés à prendre le chemin de l’exode
vers un pays, le leur, où ils ne se sentent pas chez eux. La défaite française pose aussi très vite le problème des harkis,
troupes supplétives de l’armée française ; si officiellement ils n’ont pas le droit d’être recueillis en France, certains le
sont. Ainsi, environ 1 million de pieds-noirs et 40 000 harkis arrivent en France et construisent et transmettent des
mémoires éclatées. Cet exode est vécu comme une déchirure et est entretenue par ces deux communautés.
a. Les mémoires des vaincus
Les rapatriés, ou « pieds noirs »
Les Européens d’Algérie au premier rang desquels les Français ont vécu l’indépendance de l’Algérie comme une
véritable trahison encore vivace aujourd’hui. D’où leur complaisance avec les putschistes ou les membres de l’OAS
présentés comme des « héros » auprès des plus extrémistes alors que les gaullistes sont vus contre des « traîtres ».
Leur ressentiment est nourri par l’accueil qui leur fut réservé par la France lors de leur exode et où ils trouvent au
mieux de l’indifférence au pire de l’hostilité.
Dès lors, beaucoup de rapatriés (nom attribué à partir de 1962 aux Européens d’Algérie qui pour la plupart se réfugient
en France) s’installent sur les rives de la Méditerranée et développent un sentiment de communauté qui pleure le
« paradis perdu ». Ils cultivent la « nostalgérie » à travers des films comme « Le coup de Sirocco » d’Alexandre Arcady
ou par des chansons comme « Je quitte mon pays » d’Enrico Macias. Plus encore : ils dénoncent, comme Thierry
Rolando, président du cercle algérianiste, le fait que « l’histoire de l’Algérie française s’est écrite trop souvent sans les
français d’Algérie » Cette communauté cultive et transmet toujours aujourd’hui une image de leur « Algérie idéalisée
et heureuse », et pointe les difficultés actuelles de l’Algérie, tout en occultant les pages sombres de la colonisation et
les exactions de l’armée française lors de la guerre.
Dans certaines régions et dans certaines villes, le vote de cette communauté plutôt marquée à droite compte et les
politiques exploitent le cloisonnement mémoriel à des fins politiciennes afin de s’assurer de leurs suffrages :
monuments mémoriels, noms de lieux publics, cérémonies, journées de commémoration...
Harkis
L’histoire des harkis (algériens musulmans servant comme auxiliaires dans l’armée française contre le FLN. Beaucoup
sont massacrés à la fin de la guerre d’Algérie) est tragique : seuls 40 000 d’entre eux (sur 300 000) ont pu gagner la
France, tandis que nombre de ceux qui sont restés ont été assassinés.
De retour en France, souvent de façon illégale et avec la complicité d’officiers français, ils sont cantonnés dans des
camps précaires et « oubliés ». Jusqu’à ce que, dès 1975 et à plusieurs reprises depuis, les enfants de harkis se
révoltent pour dénoncer le sort réservé à leurs parents par la France.
Les descendants de harkis et les harkis eux-mêmes attendent un geste fort du gouvernement français. Aussi, il aura
fallu près de 40 ans pour qu'un président de la République française, Jacques Chirac, reconnaisse enfin publiquement
dans la cour des Invalides que « la France n'a pas su sauver » ses enfants de la « barbarie ». Depuis, chaque Président
de la République a apporté sa contribution au travail de vérité -ce qui n’exclut pas non plus les arrière-pensées
politiques :
 Ainsi le 14 avril 2012 à Perpignan, le président sortant et candidat à la réélection Nicolas Sarkozy admettait « la
responsabilité du gouvernement français dans l'abandon d'une partie des harkis».
 Le 25 septembre 2016, à quelques mois de la fin de son mandat, François Hollande déclare « au nom de la France » :
« Je reconnais les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des Harkis, des massacres de ceux
restés en Algérie, et des conditions d'accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France. Telle
est la position de la France. »
Lundi 20 septembre 2021, Emmanuel Macron tient à apaiser les souffrances des harkis et de leurs descendants, en
les recevant avec honneur et en leur présentant des excuses « Aux combattants abandonnés, à leurs familles
qui ont subi les camps, la prison, le déni, je demande pardon, nous n’oublierons pas ». Il annonce un projet
de loi de « reconnaissance et de réparation », ce que demandait le Comité national de liaison des harkis.
L’armée
Il convient de distinguer les militaires de carrière, des appelés :
 Mobilisés dans le cadre de leur service militaire, sans être préparés à l’expérience qu’ils allaient vivre, les appelés ont
vécu la guerre comme une tragédie et certains ne s’en sont jamais remis. Ils ont assisté, voire participé aux atrocités
commises et ils ont pendant longtemps attendu la reconnaissance de leur statut d’anciens combattants. Leurs paroles
se libèrent dans de nombreux livres et témoignages. Par leur présence, ils ont joué un rôle majeur dans l’échec du
putsch. Pour eux, la guerre prend bien fin le 19 mars, date de la signature des Accords d’Évian qui sonnait leur retour
en Métropole.
 Il n’en va pas de même des militaires de carrière, et plus particulièrement celle des troupes d’élite parachutistes et
légionnaires. Combattants professionnels aguerris (souvent des anciens de la guerre d’Indochine, voire de la Seconde
Guerre mondiale), ils ont largement contribué à porter de Gaulle au pouvoir en 1958 et ont entretenu avec lui des
relations pour le moins complexes, jusqu’à participer à une tentative de putsch en 1961.
b. Les mémoires des vainqueurs : héros et martyrs
Doc.. Préambule de la constitution algérienne (2016)- Préambule.
Le peuple algérien est un peuple libre, décidé à le demeurer. (…)
Le 1er Novembre 1954 ainsi que sa proclamation fondatrice auront été les clés de son destin. Aboutissement d'une
longue résistance aux agressions menées contre sa culture, ses valeurs et les composantes fondamentales de son
identité que sont l'Islam, l'Arabité et l'Amazighité, à la promotion et au développement desquelles œuvre l'État. Le 1er
Novembre aura solidement ancré la guerre de libération nationale dans le passé glorieux de la Nation. Mobilisé et
unifié dans le mouvement national puis au sein du Front de Libération Nationale, le peuple a versé son sang pour
asseoir sa volonté d'indépendance et de souveraineté nationales, sauvegarder l'identité culturelle nationale et
doter l'État d'authentiques assises populaires.
Amazighité : identité berbère
Ce texte est extrait du préambule de la constitution algérienne, laquelle a été écrite en 1963, dans la foulée de
l’indépendance, mais plusieurs fois réécrite ensuite. La dernière mouture dont est extrait ce passage date de 2016.
Toutes les versions contenaient dans leur préambule des mentions à l’histoire nationale, notamment coloniale. Le
simple fait de consacrer une partie de la constitution à rappeler la longue histoire de l’Algérie montre l’importance
accordée au passé dans la définition d’une identité nationale. Le passage choisi insiste sur l’insurrection du FLN le
1er novembre 1954, date emblématique du début de la guerre d’Algérie. Le texte contient tous les ingrédients d’une
écriture de l’histoire à des fins politiques : il inscrit ce soulèvement dans une histoire très longue des agressions subies
par les Algériens et présente ce soulèvement et la guerre comme l’action d’un peuple en armes, uni face aux
ennemis. C’est oublier l’importance des divisions internes à la fois au mouvement national mais aussi au sein de la
société algérienne. Le 1er novembre est l’évènement fondateur d’une nouvelle ère qui met fin à une très longue
période d’oppression coloniale et l’acte de renaissance d’un peuple uni et libre. Ce texte a donc un caractère politique
et mémoriel du texte.
En Algérie la guerre est héroïsée par le FLN ( Front de libération national, parti indépendantiste algérien à l’origine de
l’insurrection du 1er novembre 1954. Ce sont des partisans de l’utilisation des armes pour l’accès à l’indépendance)
qui monopolise la victoire, le pouvoir et la mémoire du conflit. Le silence des mémoires dissidentes s’établit par
l’élimination des rivaux et la falsification de l’histoire : Cf. la lutte entre le FLN et le MNA (parti politique
indépendantiste qui s’oppose aux violences du FLN) de Messali Hadj, pionnier de la lutte indépendantiste, qui se solde
par l’élimination systématique des Messalistes par les membres du FLN.
Ainsi, malgré l’antériorité de son engagement, Messali Hadj disparaît de l’histoire indépendantiste et est contraint à
l’exil en France sous la protection (ultime humiliation) de ceux qu’il a combattus.
Le FLN devient l’acteur unique de la résistance anticoloniale et dès 1954, il recourt à la notion religieuse de
« martyrs » pour célébrer les morts de l’ALN, d’où le nom du monument érigé en 1982 au cœur d’Alger, participant à
la construction d’une mémoire religieuse de la guerre. Dans ce mythe national et religieux, le bilan est surestimé à
1,5 million de morts, alors que la réalité serait de l’ordre de 250 000.
Dans ce contexte, le travail des historiens algériens est compliqué et il leur est difficile d’interroger le récit officiel de
la guerre. Les diverses institutions obéissent aux directives politiques du ministre des Anciens Moudjahidines qui dicte
ses orientations aux ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur selon le principe énoncé en
1981 que « L’histoire ne peut être faite que par ceux qui ont fait la révolution ».
L’histoire « mise sous surveillance » a nui au travail critique des historiens algériens, même si aujourd’hui des
contestations dénoncent l’histoire officielle et l’usage politique qui en est fait.
2. Des tensions politiques et géopolitiques
La guerre d’Algérie alimente encore aujourd’hui des tensions et des prises de position polémiques tant en France que
dans les relations franco-algériennes.
a. En France, l’État s’engage dans la reconnaissance de son passé, mais les tensions
mémorielles persistent
Après avoir longtemps occulté ce conflit et cru le faire oublier par des lois d’amnistie en 1962 sur les crimes commis
pendant le conflit, les dirigeants français ont peu à peu réintégré le conflit et ses conséquences dans la mémoire
nationale :
 La loi du 18 octobre 1999 reconnait l’état de guerre en Algérie et le statut d’anciens combattants aux appelés à une
génération d’appelés traumatisés.
Doc 1 p 166 : la reconnaissance de l’Etat
La loi votée en 1999 apparaît comme un tournant car elle constitue la première reconnaissance officielle par la France
de l’état de guerre en Algérie entre 1954 et 1962. Cela implique pour les soldats du contingent qui y furent envoyés
et pour les harkis qui servirent dans l’armée française un statut d’ancien combattant.
 Le 5 décembre 2002, Jacques Chirac, ancien appelé, inaugure le premier mémorial national aux soldats français et
aux harkis morts en Afrique du Nord de 1952 à 1962.
Document 3 p 166 : un mémorial national à la guerre d’Algérie
J. Chirac inaugure le mémorial national à la guerre d’Algérie qui vise à commémorer toutes les victimes de la guerre
d’Algérie : soldats du contingent, harkis enrôlés dans l’armée française, civils car « aucun ne doit être oublié ».
Inauguration par J. Chirac, lumni 1’47 : https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000001888/l-inauguration-dumemorial-national-de-la-guerre-d-algerie-et-des-combats.html
Site des anciens combattants : https://www.onac-vg.fr/hauts-lieux-memoire-necropoles/memorial-de-la-guerrealgerie-et-des-combats-du-maroc-et-de-la
 En 2012, François Hollande reconnaît la responsabilité de l’État dans la répression du 17 octobre 1961
Doc 2 p 166 la mémoire du 17 octobre 1961
En 2001, à l’occasion du 40e anniversaire de la manifestation du 17 octobre 1961, le maire de Paris dévoile, sur le
quai Saint-Michel, une plaque à la mémoire des victimes de la répression dont beaucoup, jetées dans la Seine, se
noyèrent. E. Macron dépose en gerbe en silence : polémique …
https://www.arte.tv/fr/videos/103958-035-A/28-minutes/
(14’30-34’)
Pourquoi et comment reconnaître le massacre du 17 octobre 1961 ? (photocopies)
1. Comment le manifestant se souvient-il des évènements du 17 octobre 1961 ?
Le manifestant, Saad Ouazen, raconte l’évènement comme une manifestation classique mais qui se met soudainement
à dégénérer avec l’arrivée des forces de l’ordre et des premières violences sans que personne ne comprenne trop ce
qui est en train de se passer. La description est ensuite de plus en plus violente, au point qu’il préfère passer sous
silence certains détails. C’est un récit plein de douleur.
2. Quelle est la perception algérienne des évènements ?
La perception algérienne se rapproche de ce récit. Sur le timbre, on voit bien que les responsables des violences et des
crimes, les policiers, sont représentés de manière réaliste avec leurs bidules (bâtons) à la main et prêts à frapper. Mais
l’image insiste sur les manifestants poussés dans la Seine et qui se noient. Les traces rouges évoquent autant le sang
que les ondes de l’eau emportant les corps.
3. Où en est la reconnaissance par la France du 17 octobre 1961 ?
La France a mis du temps à reconnaître le massacre du 17 octobre 1961. Il a fallu un long travail de militantisme
mémoriel, à la fois par l’association « 17 octobre contre l’oubli » qui organise des manifestations depuis 1991, et le
travail des historiens qui ont minutieusement reconstitué les faits. Après une longue période de déni, François
Hollande a fait de la reconnaissance du massacre un argument de sa campagne électorale et tient parole le 17 octobre
2012 même si la formule utilisée ne va pas jusqu’au bout de la logique de reconnaissance.
• Développez des arguments
4. Montrez que l’histoire et la mémoire n’ont pas les mêmes objectifs.
Les documents 1 et 2 sont relatifs à la mémoire tandis que le document 3 relève de l’histoire. Le témoignage du
document 1 est doublement nécessaire. Pour le témoin d’abord, qui a besoin de raconter cet évènement traumatique,
mais aussi pour l’histoire qui pourra utiliser ces informations comme des sources. Le document 2 montre une
mobilisation politique classique sous la forme d’une manifestation. L’objectif est de convaincre le somment de l’État
de reconnaître officiellement le 17 octobre comme un massacre d’État. Il y a donc un objectif politique clairement
établi. Enfin, le document 3 évoque le travail des historiens. En l’état, il ne s’agit pas de demander quelque chose
(même si Einaudi se battait aussi pour la reconnaissance de cet évènement) mais surtout d’établir les faits
L’histoire et la mémoire ne sont pas ici forcément opposées, elles cheminent ensemble et sont complémentaires.
5. Pourquoi la reconnaissance du 17 octobre 1961 comme un crime d’État est-elle un enjeu politique franco-algérien
?
Depuis l’indépendance et plus encore depuis le début de l’année 2000 avec l’arrivée du président Abdelaziz Bouteflika,
le passé colonial fait l’objet de débats entre la France et l’Algérie. C’est même devenu une question diplomatique. Lors
du 17 octobre 1961, ce sont des Algériens installés en France qui ont été massacrés. Ces derniers bénéficiaient de la
libre circulation du fait de leur nationalité française, raison pour laquelle il y avait, dans les années 1960, de nombreux
immigrés algériens en France. Le massacre est donc vécu à la fois comme un crime de guerre mais aussi comme une
trahison face à cet idéal d’accueil (ce que montre le timbre). Les Algériens demandent des excuses à la France pour ce
massacre comme pour la colonisation en général.
 Le 14 avril 2012, Nicolas Sarkozy a officiellement reconnu la responsabilité du gouvernement français dans
« l'abandon » des harkis après la fin de la guerre d'Algérie : « La France se devait de protéger les harkis de l'Histoire,
elle ne l'a pas fait ».
Doc 4 p 167 : la difficile réconciliation des mémoires
La mémoire de la guerre d’Algérie n’est pas totalement pacifiée. Elle butte notamment sur le choix d’une date pour
commémorer le conflit. Le choix du 19 mars, date du cessez-le-feu, par le président Hollande, a été fermement
combattu par les associations d’anciens « pieds noirs » et de harkis pour lesquels cette date est une insulte à la
mémoire des victimes mortes après le 19 mars 1962. C’est ce que montre cette photographie de manifestants prise
le 6 décembre 2012 à Nice qui arborent des affi chettes avec le nombre de victimes et le nom de cer taines d’entreelles
 En 2018, Emmanuel Macron a reconnu la responsabilité de l’armée dans la disparition du mathématicien, militant
anticolonialiste et communiste Maurice Audin.
www.lienmini.fr/hggspT-68
https://www.france24.com/fr/2019-09-11-le-journal-lafrique-algerie-maurice-audin-tunisie-presidentiellecameroun-paul-biya-niger ( 1’11-6’42)
https://www.franceculture.fr/histoire/lenlevement-de-maurice-audin-raconte-par-josette-audin
Doc 5 p 167 : Torture en Algérie : le geste historique d’Emmanuel Macron
L’Affaire Audin, pour reprendre le titre d’un ouvrage de Pierre Vidal Naquet, empoisonne la république depuis juin
1957, date de la « disparition » de ce jeune mathématicien assistant à la faculté des sciences d’Alger, membre du Parti
communiste, après son arrestation par les parachutistes du 1er R.C.P. L’armée fit longtemps croire à une évasion alors
que le jeune militant mourut sous la torture. Sa veuve, Josette Audin, disparue en 2019, s’est battue toute sa vie pour
que soit reconnu le crime d’État. Elle a interpellé les présidents successifs sur la question. Après François Hollande qui
a remis en cause la thèse officielle de l’évasion, Emmanuel Macron reconnaît les faits de torture et le crime en 2018.
En juillet 2020, il commande un rapport à Benjamin Stora en juillet 2020 « sur les questions mémorielles portant sur
la colonisation, et la guerre d’Algérie », rapport remis en janvier 2021 par l’historien, qui préconise un certain nombre
de mesures, concrètes ou symboliques. L’une d’entre elle est appliquée dans la foulée, le 2 mars 2021, quand l’Élysée
reconnait la responsabilité de l’armée française et donc de l’État dans la
disparition d’Ali Boumendjel, arrêté, détenu et torturé.
Chaque initiative mémorielle réveille les mémoires antagonistes des différents
groupes, pas encore apaisées et/ou instrumentalisées.
En 2005, un projet de loi agite l’opinion : il vise à porter reconnaissance de la
nation aux Français rapatriés (art. 1) et à reconnaitre « le rôle positif de la
présence française » (art. 4 finalement supprimé). Si cet article a reçu le soutien
marqué des pieds-noirs, il est dénoncé par les historiens et par les opposants de la
colonisation. Il serait selon Vincent Martigny « l’acte de naissance du mouvement
antirepentance de réhabilitation du passé colonial ».
Ce mouvement se fait entendre quand sous la présidence de François Hollande, le
19 mars est choisi comme « journée nationale du souvenir et du recueillement à
la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie » (loi du 6
décembre 2012). En effet, le choix de la date divise en raison de l’opposition d’une
partie des pieds noirs et des harkis car s’il s’agit bien de la date de l’entrée en
vigueur du cessez-le-feu à la suite de la signature des accords d’Évian, celui-ci n’a
pas mis fin aux violences.
https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/histoire/commemoration-de-la-guerre-d-algerie-pourquoi-la-date-du-19-marsdivise_1364985.html
Quelle date choisir pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie en France ?
La persistance de ces conflits mémoriels contrarie le cheminement de la France,
engagé tardivement, difficilement et encore de manière incomplète, sur le chemin
de la reconnaissance de son passé.
b. Des tensions qui affectent les relations franco-algériennes
Ces difficultés semblent encore plus insurmontables dans le dialogue franco-algérien. En 2000, à la suite de la loi du
19 octobre 1999, le président algérien Abdelaziz Bouteflika, en voyage officiel en France, exprime devant l’Assemblée
nationale la volonté d’une réconciliation avec la France, mais les tensions persistent : les différends mémoriels
semblent insurmontables, y compris quand en 2003, lorsque le président français Jacques Chirac s’engage devant le
Parlement algérien à libérer toutes les mémoires des deux côtés de la Méditerranée et reconnaitre la part de
responsabilité de la France dans cette histoire commune, sans pour autant parler repentance et encore moins excuses.
Chemin suivi par Nicolas Sarkozy puis François Hollande.
Alors qu’il n’était encore que candidat (février 2017), Emmanuel Macron dans son interview à Echourouk News, le
candidat à la présidentielle est revenu sur la présence française en Algérie : « La colonisation fait partie de l'histoire
française. C'est un crime, c'est un crime contre l'humanité, c'est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que
nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l'égard de celles et ceux envers lesquels nous avons
commis ces gestes ». Ces propos ont naturellement provoqué de vives réactions en France, notamment parmi les
rapatriés.
Arrivé au pouvoir, son discours évolue, et dans sa lettre de mission à Benjamin Stora (juillet 2020), il écrit « Je souhaite
m’inscrire dans une volonté nouvelle de réconciliation des peuples français et algériens. Le sujet de la colonisation et
de la guerre d’Algérie a trop longtemps entravé la construction entre nos deux pays d’un destin commun en
Méditerranée. (…) Le devoir de notre génération est de faire en sorte qu’ils n’en portent pas les stigmates pour écrire
à leur tour leur histoire. Ce travail de mémoire, de vérité et de réconciliation, pour nous-mêmes et pour nos liens avec
l’Algérie, n’est pas achevé et sera poursuivi ».
En Algérie, le gouvernement rejette toute remise en cause de son histoire officielle et exige des excuses de la part
de la France. Ainsi, le gouvernement algérien a de nouveau réclamé lundi 8 février 2021 « la reconnaissance des crimes
coloniaux » de la France, par la voix de son porte-parole Ammar Belhimer, après la publication du rapport de l’historien
français Benjamin Stora sur la réconciliation mémorielle entre les deux pays. Or, pour l’instant, si Emmanuel Macron
s’est engagé à des « actes symboliques » pour apaiser les mémoires sur la colonisation et la guerre d’Algérie (1954-
1962), il a exclu de présenter les « excuses » demandées par Alger.
Conclusion
La guerre d’Algérie occupe une place particulière dans l’histoire de France et de l’Algérie et alimente des mémoires
cloisonnées et conflictuelles, qui posent aux responsables politiques de redoutables problèmes des deux côtés de la
Méditerranée.
Comme toujours quand les sociétés sont mises en tensions par des mémoires tourmentées, les historiens ont un rôle
de première importance à jouer pour éclairer (voire réparer) le rapport de leurs contemporains à leur passé. G.
Meynier dans son ouvrage, l’Algérie et la France, deux siècles d’histoire croisée publié en 2017, émet le vœu que dans
la sérénité soit méditée la possibilité d’aboutir un jour à l’équivalent franco-algérien du manuel d’histoire francoallemand qui tente une histoire à deux voix surmontant les contentieux historiques.
A remettre en intro :
Histoire et mémoire de la seconde guerre mondiale https://www.youtube.com/watch?v=QVPwopD5bDY
histoire

« Axe 1 Histoire et mémoires des conflits https://www.france24.com/fr/france/20211130-jos%C3%A9phine-baker-au-panth%C3%A9on-ma-france-c-estjos%C3%A9phine Le novembre 2021, entrée de Joséphine Baker au Panthéon première femme noire du show business pour son choix de la France, son rôle dans la résistance mais également ses valeurs humanistes confirme que la mémoire est une construction des hommes qui cherchent à écrire un récit national, ici celui des grands Hommes… https://www.francetvinfo.fr/societe/debats/pantheon/litterature-maurice-genevoix-va-entrer-aupantheon_4173585.html https://www.youtube.com/watch?v=uOwI9iKXN48 Le 11 novembre 2020, un siècle après l’inhumation du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe à Paris, l’écrivain et poilu Maurice Genevoix (1890-1980) est entré au Panthéon.

A travers cet homme, qui fut un grand témoin du conflit (qu’il a raconté dans de nombreux textes, dont Ceux de 14), ce sont les millions de soldats français de 14-18 qui ont été honorés.

Cet exemple témoigne : - de l’importance que la mémoire française accorde toujours à la Grande Guerre (commémorée très régulièrement : le Centenaire du conflit ayant été un point d’orgue).

- de l’impact que les travaux historiques ont sur les mémoires : les écrits de Maurice Genevoix avaient en effet été en partie censurés dans les années 1920, car ils montraient la réalité des combats et, plus encore, relatait des scènes de paniques, que la mémoire officielle a longtemps cherché à étouffer, avant que l’histoire n’étudie le vécu des soldats à partir des années 1950. Le passé laisse des traces susceptibles d'unir ou de diviser les populations.

Pour des périodes aussi sombres que les guerres, les mémoires peuvent être douloureuses, occultées, passionnées, partielles ou officialisées.

Dans tous les cas, elles sont un discours et une représentation subjective du passé qui donnent du sens au présent. Inévitablement, ces mémoires sont alors en tension avec le travail de l'historien qui doit mettre à distance la mémoire sans toutefois la rejeter. Comment l'histoire et les mémoires des conflits s'articulent-elles ? Comment les mémoires des conflits se sont-elles progressivement ? Comment les historiens ont-ils contribué à les faire évoluer ? -Un débat historique et ses implications politiques : les causes de la Première Guerre mondiale. - Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie. A.

Un débat historique et ses implications politiques : les causes de la Première Guerre mondiale La question des causes de la Première Guerre mondiale avait disparu depuis quelques années de l’enseignement de la Grande Guerre dans le secondaire, au profit d’une attention, légitime, portée à l’expérience combattante et à l’inscription du conflit dans une histoire plus longue, celle d’un premier XXème siècle dont la Grande Guerre serait la matrice.

Plus qu’aux causes de la Grande Guerre, les programmes s’intéressaient davantage au conflit comme cause lui-même du siècle à venir. Pourtant plus de cent ans après le conflit, le débat n’est pas clos sur ses origines, sur ce qui et sur qui l’a déclenché, sur les responsabilités des différentes entités politiques, militaires et économiques dans ce déclenchement. Si l'article 231 du traité de Versailles affirme la responsabilité de l’Allemagne et l'oblige en conséquence à payer aux vainqueurs de lourdes réparations, qu’en est-il ? Cette question anime les débats entre historiens et dans l'espace public depuis l'entre-deux-guerres, constituant un enjeu mémoriel et historique important à l'échelle européenne. Quels enjeux politiques et historiques le débat sur les causes de la Première Guerre mondiale soulève-t-il ? La guerre 1914-1918 : on y va, arte, 2014, 1.02 https://www.arte.tv/fr/videos/086647-000-A/les-raisons-de-la-guerre-de-1914-1918/. »

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