Maurice (1985-1986)

« Maurice (1985-1986) A l'île Maurice, le "père de l'indépendance", Sir Seewoosagur Ramgoolam, est mort au terme d'une année politiquement trouble.

Affaiblie par la défection du Parti travailliste, l'hétéroclite coalition qui s'oppose au Mouvement militant mauricien (MMM) a continué de se déchirer.

Le plus grand diviseur est Gaétan Duval: le leader du Parti mauricien social-démocrate a mené sa propre politique étrangère et économique, insoucieux de l'opinion de ses collègues.

Membre actif de la "South African Connection", il est lié à la branche africaine de la Ligue mondiale anticommuniste ; il voudrait, avec la zone franche, faire de l'île un second Hong Kong.

L'arrestation, début 1986, à Amsterdam, pour trafic de drogue, d'un député de la majorité n'est que l'élément le plus spectaculaire d'une crise rampante.

Net gagnant des élections municipales de décembre 1985, avec 62% des voix, le MMM était fondé à réclamer des élections anticipées.

La tension est allée croissant et les libertés publiques, bien plus développées que sur le continent africain, ont parfois été battues en brèche. L'industrie sucrière, vieillie, attend toujours une restructuration et sa suprématie est contestée.

Les exportations de thé ont fortement baissé en 1985, alors que les deux secteurs dynamiques ont été le tourisme et surtout les industries de la zone franche.

En 1984, cinquante nouvelles usines (8 500 emplois) y ont été créées, et ses exportations, en augmentation de 65%, représentaient 42% des exportations totales.

Ce "coup de fouet" explique en partie un taux de croissance de 5,6% (4% en 1984) et un taux de chômage réduit à 17%.

Mais la balance des paiements s'est détériorée, et le service de la dette a triplé depuis 1982.

Surtout, ce type de croissance n'est guère porteur d'avenir: la zone franche, sans industries de haute technologie, fournit un emploi surtout féminin ; à l'inverse de Hong Kong, Maurice cherche sans succès à exporter de la main-d'oeuvre.. »