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MALEBRANCHE ou Les raisons de l'ordre par Patrice Henriot

Publié le 16/06/2020

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« Malebranche intempestif Ce n'est pas sauver un penseur que de le rattacher à notre temps, comme si ce temps jouissait de titres incontestables pour s'ériger en juge et comme si toute pensée formulée dans le passé se trouvait en situation d'accusée. Par sa vie, par la lettre de son œuvre, Malebranche est pour nous profondément inactuel ; nul, aujourd'hui, ne verra son parti renforcé par le malebranchisme. Quant à l'esprit de cette œuvre, il est vain de le cacher : c'est l'Esprit. — Prêtre, oratorien, ses œuvres sont mises à l'index. — Sa Vie, rédigée par le père André, est refusée par la censure. — Il entend chercher une Vérité dont les roués, puis les austères maîtres du soupçon, nous invitent à nous défier. — Il nous propose de nous détourner du monde et de consulter la Raison, mais sans ostentation ni drame : tirer les rideaux, mais sans produire les ténèbres où l'imagination se plaît. — Il se réfère à l'Ordre, terme qu'abus et contrefaçons rendent — à juste titre — odieux à notre époque où toutes notions, subverties, se trouvent hors de leur sens. Si l'ordre « règne » en quelques contrées, et si l'on invoque la raison pour justifier l'injustifiable, cet ordre n'est-il point désordre, et cette raison, folie ? Dans son originalité inclassable, ce philosophe, comme les plus grands, nous conduit à mesurer notre dénaturation et à trouver en nous-mêmes l'élan pour une régénération. La philosophie de Nicolas Malebranche est parfaitement caractérisée par le titre du premier ouvrage où elle s'effectue : c'est une recherche de la Vérité, écho d'un dialogue inachevé de Descartes, La recherche de la vérité par la lumière naturelle. Ce projet dénote-t-il quelque ingénuité ? « La plupart des hommes regardent la vérité (...) comme un meuble fort embarrassant et fort incommode » (Entretiens sur la métaphysique, XIIIe Entretien, § VIII). Ceux-là mêmes qui prétendent s'en soucier y sont fermés par esprit de parti ou préfèrent, à la vraie connaissance, la vanité de passer pour savants dans le monde. Telle une boutique d'antiquaire, ils encombrent leur mémoire d'une vaine érudition, à moins qu'astronomes ou chimistes, « pendus à ùne lunette ou attachés à un fourneau », ils n'oublient le but ultime du savoir (De la recherche de la Vérité, Préface). L'obscurité Prisonniers de la caverne décrite par Platon, nous jugeons des choses matérielles par les impressions que nous éprouvons à leur rencontre et, comme des enfants, nous croyons, parce que nous y sentons plus de résistance, qu'il y a plus de matière dans un certain volume d'or que dans le même volume d'air. Plus grave encore : nous sommes tout autant asservis aux sens et à l'imagination lorsqu'il s'agit de juger ce que dit un autre homme ; l'agrément que nous prenons à son éloquence, sa réputation, et même sa contenance et son vêtement nous disposent en sa faveur. « Il n'y aura pas jusqu'à son collet et à ses manchettes, qui ne prouvent quelque chose » De la recherche de la Vérité, Livre I, ch. XVIII, II). Qu'au contraire l'orateur ait piètre apparence mais raisonne bien, on ne l'écoutera pas. Nous sommes prévenus. Quant à nous-mêmes, nous nous constatons sans parvenir à nous connaître, par une conscience, un sentiment intérieur, qui ne nous fait pas connaître ce que nous sommes, mais simplement que nous sommes. Notre esprit, nôtre âme, est si aveuglé qu'il se méconnaît lui-même et qu'il ne voit pas que ses sensations lui appartiennent, ne lui faisant pas davantage connaître ce qu'il est, que ce que sont les choses extérieures. Il faut distinguer trois manières d'apercevoir les choses : par les sens se manifeste le rapport qu'elles ont à notre corps ; nous nous emportons à juger comme s'ils nous présentaient les choses elles-mêmes. Ainsi dans la passion, qui consiste à projeter nos propres dispositions, agréables ou pénibles, sur les objets dont la présence semble les causer. L'imagination forme comme la figure des êtres matériels absents. L'entendement seul saisit l'essence des choses màtérielles ; l'idée géométrique donne ce que nulle figure ne peut fournir, les raisons du cercle. Loi d'intelligibilité; l'idée, que ne saurait former un esprit obscur à lui-même, est l'archétype de tous les objets possibles. Universelle, elle renvoie à sa source. C'est pourquoi nous n'avons pas d'idée claire de notre âme, mais seulement de l'étendue géométrique qu'avec tout homme, si étranger nous soit-il, nous pouvons contempler. Si les discours n'éclairent pas, si les opinions d'autrui ajoutent à la confusion où nous sommes, l'Homme n'instruit pas l'Homme. Nous devons connaître par idée, rentrant en nous-mêmes, consultant cette Raison que nul ne peut dire sienne, le Verbe universel qui parle aux Chinois et aux Tar-tares comme aux Français et aux Espagnols. Consultant la Raison, nous pouvons apercevoir lés mêmes vérités. Ainsi des vérités mathématiques : nombres et propriétés de l'étendue sont connus par des idées claires, communes à tous les hommes. Le nombre est la loi des choses dénombrées ; l'étendue intelligible, en laquelle nous concevons une infinité de parties, est là mesure de tous les rapports. L'arithmétique exprime les rapports de toutes les grandeurs, les lignes ...»

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