Madagascar (1985-1986)
Publié le 19/09/2020
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Madagascar (1985-1986)
A Madagascar, selon un document de la Banque mondiale, "les vigoureux efforts de
redressement menés par le gouvernement se traduisent par des conséquences
socialement intolérables".
On ne saurait mieux dire...
Certains indicateurs
macro-économiques qui s'étaient améliorés en 1984 (taux de croissance,
inflation, exportations) se sont à nouveau détériorés.
L'équilibre des finances
publiques est resté précaire en 1985: les remboursements au FMI ont été
supérieurs aux droits de tirage.
Surtout, la comptabilité ne rend pas compte de
la misère et du désordre économique et social.
La reprise des activités est
faible.
Les aides ont permis de remettre en route des usines mais la production
industrielle est restée au-dessous de son niveau de 1970.
L'agriculture est stagnante: de légers progrès ont été enregistrés pour le coton
et l'arachide, mais la production de riz est en légère baisse, et des
plantations de café n'ont pas été renouvelées.
Le bas niveau des prix d'achat au
producteur suffirait à dissuader de produire.
Le riz est acheté à un dixième de
son prix au marché noir.
La suppression du monopole d'achat de l'État n'a pas eu
d'effet positif, car les acheteurs sont restés les mêmes et gagnent plus encore
sur le riz importé.
En 1984, sur un kilo de café, le producteur ne touchait que
3,8 francs, un quart du prix FOB.
L'insécurité chronique décourage peut-être plus encore: avoir des biens c'est
s'exposer au vol, voire risquer sa vie.
En ville, le salaire ouvrier moyen, que
beaucoup n'ont pas, ne permet plus d'assurer le riz quotidien.
A Tananarive, un
quart de la population vit au-dessous du "seuil de pauvreté absolue", tandis que
l'"élite" consomme à un niveau encore jamais atteint.
L'étatisation de
l'économie a enrichi des rentiers de la contrebande et du marché noir.
Privatisation et appel au capital étranger sont à l'ordre du jour: de discrètes
négociations ont été menées, notamment avec la Société commerciale de l'Ouest
africain (SCOA) et les Sucreries de Bourbon (Réunion).
Mais, très favorable aux
étrangers, le nouveau code des investissements a suscité l'opposition conjuguée
de "bourgeois nationaux" et de socialistes sincères.
Marx est passé de mode ; le
président a déclaré dans une assemblée oecuménique: "Dieu commande à l'Univers ;
que son nom soit béni."
Mais la libéralisation n'a pas touché la vie politique: alors que les partis
sont sans prise sur le réel, la répression frappe mouvements d'autodéfense
paysans ou groupes urbains de pratiquants d'arts martiaux.
Au massacre des TTS -
"Jeunesses conscientisées" - par les Kung-fu, en décembre 1984, a répondu, le 31
juillet 1985, la destruction, par des engins blindés, de la villa du leader
Kung-fu (des dizaines de morts), suivie de nombreuses arrestations.
Les Kung-fu
tentaient d'empêcher le marché noir et avaient fourni un service d'ordre au
Monima et au MFM (mouvement prolétarien), les plus critiqués des partis du
"Front".
Non-aligné, Madagascar l'est resté à sa manière: très bon élève du FMI, bien vu
des États-Unis, fortement aidé par la France, le gouvernement, où les
"idéologues" contrôlent l'information et la jeunesse, compte sur l'Est pour
l'essentiel de son armement et sa police: une répartition des tâches déjà vue
ailleurs....
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