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Louis-Ferdinand Céline

Publié le 09/12/2021

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Louis-Ferdinand Destouches, connu sous le prénom de sa mère Céline, est né à Courbevoie dans une famille sans fortune. Son père travaillait pour une compagnie d'assurances et sa mère tenait un commerce de dentelles. Il exerça lui-même plusieurs petits métiers pour financer ses études, avant de s'engager en 1912 dans l'armée. Blessé en 1914, il fut démobilisé et reçut une pension d'invalidité. Il rentra à Paris finir ses études de médecine et épousa la fille de son directeur en 1919. Docteur diplômé, il parcourut le monde pour soigner les pauvres, écrivant en même temps. Il devint célèbre avec la parution du Voyage au bout de la nuit. Le roman, publié en 1934, décrit un voyage spirituel vers le dégoût de la vie. Il continua de pratiquer la médecine tandis qu'il rédigeait son second livre, Mort à crédit, récit d'une enfance sinistre. Il se considérait comme un écrivain classique, chroniqueur de son temps, utilisant les mots de son époque, même argotiques. Durant la Seconde Guerre mondiale, Céline qui n'avait pu prendre part aux combats, s'engagea aux côtés du régime de Vichy et participa à la propagande antisémite. Condamné à mort à la Libération, il s'enfuit en Allemagne et au Danemark. En 1951, la révision de son procès le dégagea de son implication dans la persécution du peuple juif. Il rentra en France et s'installa à Meudon, où il continua d'écrire, notamment sur ses années d'exil (D'un château l'autre) tout en soignant gratuitement les pauvres gens. Il mourut en 1961.

« Louis-Ferdinand Céline Louis-Ferdinand Destouches, connu sous le prénom de sa mère Céline, est né à Courbevoie dans une famille sans fortune.

Son père travaillait pour unecompagnie d'assurances et sa mère tenait un commerce de dentelles.

Il exerça lui-même plusieurs petits métiers pour financer ses études, avant des'engager en 1912 dans l'armée.

Blessé en 1914, il fut démobilisé et reçut une pension d'invalidité.

Il rentra à P aris finir ses études de médecine et épousala fille de son directeur en 1919.

Docteur diplômé, il parcourut le monde pour soigner les pauvres, écrivant en même temps.

Il devint célèbre avec laparution du Voyage au bout de la nuit.

Le roman, publié en 1934, décrit un voyage spirituel vers le dégoût de la vie.

Il continua de pratiquer la médecinetandis qu'il rédigeait son second livre, Mort à crédit, récit d'une enfance sinistre.

Il se considérait comme un écrivain classique, chroniqueur de son temps,utilisant les mots de son époque, même argotiques.

Durant la Seconde Guerre mondiale, C éline qui n'avait pu prendre part aux combats, s'engagea auxcôtés du régime de Vichy et participa à la propagande antisémite.

C ondamné à mort à la Libération, il s'enfuit en Allemagne et au Danemark.

En 1951, larévision de son procès le dégagea de son implication dans la persécution du peuple juif.

Il rentra en France et s'installa à M eudon, où il continua d'écrire,notamment sur ses années d'exil (D'un château l'autre) tout en soignant gratuitement les pauvres gens.

Il mourut en 1961. A l'origine du génie littéraire de C éline, il nous faut découvrir une nausée : c'est l'intuition, à la fois vertigineuse et écoeurante, que l'univers manqued'assurance, que les choses n'arrivent pas à se tenir.

Un instinct de mollesse les pousse inlassablement à la dissolution et à la déliquescence.

Idées,objets, consciences, valeurs, rien n'échappe, dans les romans de Céline, à la poussée d'une sorte de lâcheté profonde qui pourrit peu à peu toutes lesrégions de l'être.

Les paysages (forêt tropicale, gratte-ciel New-yorkais, rue parisienne, château allemand) s'y affaissent sous d'irrésistibles déluges denature ou d'histoire ; les corps s'y entrouvrent, s'y débraillent, ils laissent s'écouler hors d'eux, de manière également obscène, aveux sentimentaux,radotages, baves ou excréments.

Une fondamentale poisse y saisit et aliène la vie.

Tout tend à s'y avachir, à retomber et à se fondre en ce degré zéro del'existence que C éline nomme quasi mystiquement sa nuit : sorte de pâte obscure et grenue, d'où nous sommes sortis et où nous retournons, royaume de lamort, mais d'une mort continuée, vivante, où se vrille l'infâme prince larvaire de notre décomposition, l'asticot.

Avec un mélange de désespoir et detendresse, Céline cultive donc toutes les réalités qui puissent le renvoyer, mais sans l'y égarer absolument, à cette fantasmagorie de la débâcle : ainsil'ordure, le déchet tous ses personnages sont en un sens raclures ou ratés le fou, la concierge, la zone (parisienne, tropicale), la misère, les grandesdiarrhées d'histoire (1939 en France, 1945 en A llemagne), toutes choses situées aux limites de l'être et du non-être, ou plus exactement dans cette margefascinante où l'être se défait, se disperse, succombe à l'active anarchie de son contraire.

Q u'est-ce que vivre alors sinon essayer de résister, et sans nulespoir de réussite, à cette puissance de diffusion qui veut, à chaque moment de notre vie, nous arracher à notre ici, à notre maintenant, à notre corps et ànotre conscience, pour nous éparpiller dans le louche infini des choses ? " C'est tenir ensemble qui est difficile ", dit profondément Céline.

Et encore : " Cecorps à nous, travesti de molécules agitées et banales, tout le temps se révolte contre cette farce atroce de durer.

Elles veulent aller se perdre, nosmolécules, au plus vite, parmi l'univers, ces mignonnes.

On éclaterait si on avait du courage.

Notre torture chérie est enfermée là, dans notre peau même,avec notre orgueil.

" Le seul fait de persévérer dans notre vie, de vouloir être, nous place donc paradoxalement en dehors de la vérité de l'être.

Mais nousnous consolons en songeant que cette exclusion reste très provisoire, et que l'orgueil a perdu d'avance son pari : tout ce qu'il peut, c'est reculer un peul'instant de l'éclatement libérateur, retarder l'échéance.

" Un homme, dit C éline, ce n'est rien d'autre, après tout, que de la pourriture en suspens.

" C haquevivant, à commencer par lui-même, est bien ici un mort en sursis, un " mort à crédit ". Il faut pourtant que ce mort épuise son crédit, et donc qu'il continue à vivre.

Face à la nausée qu'il éprouve à la fois sur le plan de l'humeur et de laconscience, et qui y devient alors, comme plus tard chez Sartre, une angoisse d'absurdité, de gratuité ontologique, comment l'homme célinien pourra-t-ilréagir ? Un premier parti, le plus original sans doute, l'amènerait à assumer son mal, à s'abandonner absolument à lui.

Puisque, en nous et hors de nous, ladébâcle nous révèle le mouvement le plus vrai de l'être, livrons-nous volontairement à la débâcle, poussons-la à son extrémité, exploitons-la jusque dansses plus révoltantes conséquences.

C 'est à un tel choix, me semble-t-il, qu'en était arrivé le C éline du Voyage et de M ort à crédit : quitte à vivre, et àcontinuellement mourir, dans la nuit, autant aller jusqu'au bout de la nuit.

Se reconnaître et s'accepter soi-même comme une pourriture en suspens, celadonnait au moins à Céline le droit de dénoncer les autres pourritures militarisme, colonialisme, industrialisme par exemple qui cancérisent l'hommed'aujourd'hui.

La vraie sagesse consiste ainsi peut-être à abdiquer tout orgueil, tout souci de façade, à abandonner même toute prétention de " caractère ",à n'être plus " quelqu'un " " une chiffe crâneuse ", dit C éline mais à se laisser emporter et ballotter par l'existence, en opposant au ruissellement universella seule ressource de sa lâcheté.

" Être lâche définitivement ", partir à la dérive, comme tant de héros céliniens, connaître l'épreuve initiatique de l'échec,de la dérision ou de la honte, voilà peut-être le chemin de notre liberté.

La veulerie entendons ce mot sans nulle acception péjorative conduit ainsi à ladétente intime ; elle nous ouvre à la pitié, au sentiment d'un autrui aussi lâche, aussi abandonné que nous ; nous réduisant à n'être plus personne, elledonne la paix du coeur. N'oublions pas pourtant lui-même, toujours, nous le rappelle que C éline est d'abord un artiste, un écrivain, que c'est donc au niveau et dans l'expériencepropre du langage qu'il sera d'abord tenté de se sauver.

Face à la mollesse existentielle, l'écriture se fera à la fois complicité et guérison.

Si, en effet, l'allurede sa phrase imite d'abord, et merveilleusement, les gestes de l'inondation et du débraillage, si à la scandaleuse défection de l'être les mots répondent icipar leur pléthore, par leur gouaille, par leur volubilité lâchée et familière, ce langage possède aussi, et surtout dans les derniers romans, une énergie, uneforce d'exclamation et d'explosion qui soulèvent en feu d'artifice le flasque originel de l'expérience.

Surtout il enferme une saveur, due à sa qualitéharmonique et poétique ; apparemment brut et sauvage, il est animé en fait par une " petite musique " capable, dit C éline, de " faire danser la vie ", de luiredonner rythme et allégresse, de réveiller en elle la gaieté, ou les " enchantements de son essor ".

Cet idéal, tout de cadence et de verdeur, qui trouve sesmodèles avoués chez Du Bellay, chez Couperin (nous songeons aussi, bien sûr, à Rabelais), s'oppose aux plates complications du style moderne, à l'art parexemple gidien ou valéryen de " troufignoliser l'adjectif, enculagailler la moumouche, frénétiser l'insignifiance...

" Mais sa vigueur, surtout, assume unefonction vitale : elle vise, au sein des plus affreux effondrements, à nous remettre sur nos pieds, à nous rendre biologiquement à nous-mêmes.

D'où sasalubrité, son foncier optimisme. Dans la destinée spirituelle et historique de C éline se dessine pourtant (entre Mort à crédit et Bagatelles pour un massacre) un tournant fatal : c'est lemoment où il cesse de vivre et de combattre de manière authentique sa nausée.

En un véritable mouvement de fuite, il décide que sa débâcle ne vient plusde lui, mais des autres, qu'il n'en est plus l'auteur, ni l'acteur, mais la victime, que tout le mal s'en développe hors de lui, et contre lui, dans cette France de1936 et 1940 sur laquelle il projette sans vergogne son propre phantasme de mollesse.

C e pays " tourné gonzesse ", " gâteux à fondre ", il peut alorsl'insulter et le vomir, lui offrir les cures les plus niaises d'autoritarisme et de virilité.

Il est visible que C éline tente alors de se dégager de son propre mal,qu'il veut s'innocenter par la violence même de son accusation.

Mais surtout, et c'est là le plus grave, il trouve imaginairement à toute cette pourriture unecause unique et multiforme : le juif.

A la fois mou et virulent, haineux et anarchique, celui-ci devient fantastiquement alors comme l'asticot d'une sociétédans laquelle il introduirait sans fin les germes de sa dégénérescence.

Utilisant la " pollution juive " comme un trop parfait alibi, C éline épouse ainsi avecfrénésie les pires mythologies racistes.

En un ironique retour, son antisémitisme allait lui permettre cependant de retrouver sa vérité profonde.

P arce queraciste et antisémite, il se trouve pris en effet dans la débâcle allemande de 1945, sorte de décomposition apocalyptique qu'il lui faut bien vivre del'intérieur, et dont les images nourrissent ses derniers livres.

Il se sauve donc en fin de compte, et cela à partir du moment où il commence à se sentirmourir.

Car la vie, lorsqu'elle est vraiment vécue, n'est qu'une dissolution continuée de soi, qu'une longue agonie.

" La plupart des gens ne meurent qu'audernier moment ; d'autres commencent et s'y prennent vingt ans d'avance et parfois davantage.

C e sont les malheureux de la terre ", avait écrit Céline.Reconnaissons et saluons en lui le premier de ces malheureux-là.. »

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