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Commentaire composé : Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline

Publié le 02/12/2021

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 En 1932, Louis-Ferdinand Céline, de son vrai nom Louis-Ferdinand Destouches, publie Voyage au bout de la nuit. Ce premier essai en littérature fait scandale par son amertume et la violence des propos de l’auteur. Une bonne partie de la critique est décontenancée par la nouveauté et la brutalité de l’ouvrage. Roman autobiographique, le Voyage au bout de la nuit commence avec l’engagement volontaire du narrateur dans l’armée française. Ferdinand Bardamu, reflet de l’auteur à travers le récit, raconte dans le roman sa vie et la misère du monde contemporain. À vingt ans, en 1914, il se retrouve sur le front où il perd rapidement son enthousiasme, au spectacle absurde de cette boucherie héroïque.
 L’auteur donne un nouveau souffle au registre tragique, par la révélation d’un combat sanglant et sans pitié, où la psychologie de l’homme va de l’humain à la bête. On assiste à l’incompréhension du héros devant cette guerre meurtrière, où les deux camps adverses sont tournés en dérision.
 Céline se sert du langage familier et de l’ironie pour accentuer l’aspect tragique de l’extrait.
 En opposition avec le héros, Céline présente son personnage comme un antihéros ; sa peur le conditionne au même rang que les autres soldats.
 Céline, en renouvelant complètement l’écriture romanesque et en supprimant la frontière entre l’écrit et l’oral, redonne ainsi toute sa puissance à la parole.
 Comment Bardamu, personnage principal de l’œuvre, fait-il ressortir l’absurdité et l’atrocité de la Guerre ?
 
 
 Dans l’extrait, Céline dénonce l’absurdité des combats menés, il ne comprend pas l’intérêt de donner lieu à cette Grande Guerre. Bardamu voit son innocence brisée par l’atrocité de ces combats « On en a eu tellement plein les yeux, les oreilles, le nez, la bouche tout de suite, du bruit, que je croyais bien que c’était fini, que j’étais devenu du feu et du bruit moi-même… « En effet, il s’était engagé volontairement à la guerre et ne se doutait pas de l’absurdité d’un tel conflit.
 L’auteur ne juge pas un camp meilleur que l’autre puisqu’il tourne les Allemands en dérision à l’aide d’hyperboles « Nos Allemands accroupis [...] C’est à la mitrailleuse qu’ils poursuivaient à présent leurs sottises « et de métaphores « Tout autour de nous venaient voler comme des essaims de balles rageuses, pointilleuses comme des guêpes «. Seulement, la dérision n’est pas seulement centrée sur le camp adverse, à savoir les Allemands, puisqu’il critique également le manque d’humanité des soldats français « Il a été éclaté par un obus ! Et alors, nom de Dieu ! «. La haine de Céline n’est donc pas dirigée vers un camp particulier, mais vers la guerre en elle-même et la psychologie des soldats, similaires dans les deux camps, pourtant ennemis.
 Dans ce passage, l’absurdité d’un système hiérarchique est mise en évidence, notamment dans le dialogue entre le messager et le colonel. Le colonel fait preuve d’un manque d’humanité et de compassion à l’annonce de la mort du maréchal des logis Barousse. Il ne semble pas ressentir de peine par rapport à la mort d’un humain, ni même s’y intéresser. « Et le pain ? demanda le colonel «. Le narrateur exprime alors sa perplexité « Je me souviens bien qu’il eu le temps de dire tout juste : « Et le pain ? « Et puis ce fut tout. « Pourtant lui-même fait preuve d’une cruauté sans limite : « J’ai pensé au maréchal des logis Barousse qui venait d’éclater comme l’autre nous l’avait appris. C’était une bonne nouvelle. Tant mieux ! «.
 Il existe une opposition entre le messager, qui est si bouleversé qu’il ne peut à peine parler « On ne pouvait démêler s’il voulait nous parler ou bien s’il pleurait. « et le colonel. L’auteur, à l’aide d’une métaphore, l’assimile à un « petit chien qui rêve «, pour exprimer son innocence et son désarroi : « Ses mâchoires tremblaient si fort qu’il en poussait des petits cris avortés. «
 La confrontation entre le messager et le colonel mène à une opposition de points de vue non exprimée ouvertement en raison de la différence de rangs entre les personnages. Le messager semble affolé tandis que le colonel ne prête guère attention à ses révélations et parle sur un ton détaché voire exaspéré.
 
 L’auteur, dans l’extrait, révèle l’atrocité de la guerre à l’aide du champ lexical de la guerre : « mitrailleuse «, « gros paquets d’allumettes «, « essaims de balles rageuses «, « éclaté par un obus «, « du feu et du bruit «, « l’odeur pointue de la poudre «. Il nous montre que cette guerre n’a pour résultat que des morts qui s’entassent, au point d’en oublier la raison première du conflit.
 L’usage d’un langage familier, de l’argot et des onomatopées renforce l’amertume et la dureté de la réalité. L’œuvre étant à but informatif avant tout, l’auteur veut nous révéler la vérité et par conséquent ne se gêne pas pour employer des mots crus et violents : « cris avortés «, « petit chien «, « il a été éclaté par un obus «, « le maréchal des logis qui venait d’éclater «. La brutalité du style est au service de la vérité, que Céline dissèque souvent d’un œil clinique, en médecin qu’il est. Il cherche non pas à nous enseigner cette vérité, mais à nous réveiller de plein fouet. L’authenticité qui résulte de cette franchise brutale et pessimiste nous est servie sans pitié ni beaux mensonges. Le style convulsif de cette descente aux enfers tente de rendre compte du monde tel qu’il est. Bardamu nous montre que la vérité du monde est la mort.
 Pour accentuer l’aspect tragique de l’extrait, l’auteur se sert de l’ironie tragique. En effet, il commente et décrit l’offensive de façon détachée, comparant des balles à des guêpes : « Comme des essaims de balles rageuses, pointilleuses comme des guêpes «. Il n’est pas le seul à prendre cette guerre et ses massacres à la légère ; le colonel, lui aussi, ne semble pas affecté le moins du monde à l’annonce de la mort du maréchal
 Barousse : « Il a été tué sur la route des Etrapes, mon colonel ! Et alors ? «. Par cette ironie, l’auteur cherche à nous montrer la dureté de la vie dans les tranchées : pour survivre, il faut se montrer sans pitié : « Chacun sa guerre !«. Ce roman se distingue également par son refus total de l’idéalisme. La question de Bardamu, et par la même, celle de Céline, est de découvrir ce qu'il appelle : la vérité. Celle qui est biologique, physiologique, celle qui dit que tous les hommes sont mortels, et que l'avenir les conduit vers la décomposition. C'est pourquoi cette œuvre apparaît totalement désespérée et tragique.
 
 A travers le personnage de Bardamu, on ressent le traumatisme qu’a connu l’auteur au cours de la guerre, et la vision qu’il a désormais du monde et de la guerre. Le destin de Bardamu est dense, il a vu la Grande Guerre et l'ineptie meurtrière de ses supérieurs dans les tranchées. C'est la fin de son innocence. Bardamu se présente comme un être pessimiste, solitaire et hostile, plongé au cœur d’un univers qu’il ne comprend pas : « Je croyais bien que c’était fini, que j’étais devenu du feu et du bruit moi-même «. Il pousse le réalisme au pessimisme, déformant ainsi, par son opinion sur la guerre, la réalité. Pour lui, faire cette guerre ne rime à rien. Il exprime son pessimisme sur le ton de l’ironie et à l’aide du langage familier : « De ce côté-là, faut en convenir, […] elle avait l’air de servir à quelque chose la guerre ! «. Bardamu exprime l’injustice de la guerre et le fait qu’elle prend la vie d’hommes qui ne méritaient pas de mourir : « Quant au colonel, lui, je ne lui voulais pas de mal. Lui pourtant aussi il était mort «. C’est donc un point de vue pessimiste exposé ici.
 Bardamu est le personnage principal de l’œuvre, mais ne présente pas les caractéristiques du héros conventionnel. Il est décrit comme un être ordinaire dépourvu de qualités héroïques, face à une situation extraordinaire, la guerre.
 Il s’agit d’une guerre antihéroïque dirigée par des chefs qui ne prêtent aucun intérêt à leurs soldats. Les ordres sont absurdes, les soldats n’ont aucunes valeurs ; ils sont livrés au hasard. Ils n’ont pas de mission qui ont un vrai enjeu pour la guerre. Mais leur comportement n’est en aucun cas celui de héros, ils ne sont pas braves et affirment leur lâcheté ; leur sentiment de peur est omniprésent. Bardamu, lui, ne semble pas avoir de quête non plus, il se place en parfait antihéros puisque qu’il ne se démarque pas des autres et semble seulement guidé par la peur et le désir de survie. Il n’est en rien héroïque et se fond dans la masse.
 L’antihéros est bien trop passif pour qu’on se prenne d’affection pour lui. Il est lâche, inactif, contemplatif des évènements. Mais il a pour seul qualité d’assumer sa lâcheté, qui le rapproche du colonel, désintéressé au plus haut point de la vie de ses hommes : « J’en connaissais bien encore trois ou quatre dans le régiment […] que j’aurais aidé bien volontiers à trouver un obus comme Barousse «.
 Contrairement au héros, l’antihéros est dépourvu d’une quête, d’un but à atteindre à tout prix, il reste passif face aux évènements ; il ne cherche qu’à survivre.
 
 Céline, à travers la vision de son personnage principal, nous montre que l’existence est dénuée de toute signification, toute vérité compréhensible ou toutes valeurs. Cette thèse est fidèle à son point de vue, le nihilisme (Qui vient du latin nihil « rien «). Bardamu se présente en véritable antihéros, passif face aux évènements, qui ne se démarque pas des autres par une quelconque qualité héroïque : il est conditionné au même rang que tous les soldats.
 Par son langage familier et son ironie, le personnage accentue l’aspect tragique d’un monde qui n’a pour but que de faire une guerre absurde. Le personnage principal décrit un univers auquel il se sent étranger et qu’il ne peut comprendre, ce qui traduit ses propos crus et violents.
 Les procédés utilisés par Céline pour montrer l’absurdité de la guerre font de ce livre une œuvre originale et font de cet auteur un des plus grands prosateurs de son temps, analysant l’absurdité de la condition humaine.
  

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